Dans la tribu des Quraych, il y avait trois personnages très connus pour leur virulente
opposition à l'Islam et aux compagnons. Ils n'arrêtaient pas de faire du mal, de telle sorte que le Messager
se vit d'invoquer l'aide de Dieu contre eux. Mais, à sa dernière imprécation contre eux, il reçut cette révélation divine : -
Tu
n´as (Muhammad) aucune part dans l´ordre (divin) - qu´Il (Allah)
accepte leur repentir (en embrassant l´Islam) ou qu´Il les châtie, car
ils sont bien des injustes. (Coran. 3.128)
Il comprit vite de ce verset qu'il lui était demandé de cesser ses imprécations et que leur affaire relevait de Dieu.
Ou ces trois Quraychites, dont fait partie
Amr b. al-As, persisteraient dans leur iniquité et alors Dieu les
châtierait, ou Il se repentirait sur eux, de telle sorte qu'eux trois se
repentiraient. Dieu élut en définitive pour eux la voie de la
repentance et ouvrit leurs coeurs à l'Islam. Après quoi, Amr se
transforma en un militant musulman.
* * *
Malgré certaines de ses positions, dont
nous ne pouvons pas être convaincus, il restera cher à nos coeurs, à
cause du combat qu'il avait livré pour l'Islam. Les musulmans d'Egypte,
surtout, demeureront reconnaissants pour cet homme qui avait su conduire
leur pays à l'Islam. Les historiens ont eu l'habitude de lui donner le
titre de "conquérant de l'Egypte".
Pourtant, le qualificatif le plus juste qui
convient à ce personnage est "libérateur de l'Egypte". Car, en ces
temps-là, le peuple égyptien croulait sous la domination et l'oppression
des Romains. Cet homme de valeur fut très soucieux de tenir les gens du
pays, dont les coptes, à l'écart du combat qu'il mena contre l'armée
romaine.
* * *
Dans sa rencontre, ce jour-là, avec les
notables des chrétiens, Amr leur avait dit : « Dieu a envoyé Mohammad
avec le Vrai et il le lui a recommandé. Ce dernier a bien communiqué le
message puis il a été rappelé à Dieu, après nous avoir laissé sur la
claire voie de rectitude.
Parmi ce qu'il nous a ordonné, la mise en
demeure à déclarer aux gens. Nous les appelons à embrasser l'Islam. Ceux
qui répondent positivement deviennent des membres à part entière de
notre communauté, comme nous. Ils ont alors les mêmes droits et les
mêmes devoirs que nous. Quant à ceux qui nous disent qu'ils ne veulent
pas embrasser l'Islam, nous leur proposons de verser un tribut, pour la
protection et la défense que nous leur assurons.
Et puis, notre prophète nous a dit que
l'Egypte serait ouverte pour nous et il nous a recommandé du
bien pour ses habitants. Il nous a dit : "Après moi,
l'Egypte vous sera ouverte. Alors, soyez bons avec ses coptes. Ils ont
(avec nous) alliance et liens de sang. »" (Le hadith attire
l'attention sur le fait que les coptes sont les oncles du Prophète
Ismaël. En effet, la mère d'Ismaël (s) est Hajar (s), une égyptienne qui
avait été offerte au prophète Abraham (s)).
Quand Amr termina de parler, l'un des chefs
religieux dit : « Les liens de sang que votre prophète vous a
recommandés sont des liens de parenté très éloignés qui ne peuvent être
rétablis que par des prophètes. » Ce fut, par conséquent, un bon début
pour la compréhension mutuelle espérée entre Amr et les coptes, bien que
les Romains tentassent maintes fois de la faire échouer.
* * *
Par ailleurs, Amr b. al-As n'avait pas été
parmi les premiers musulmans de la première heure. Il s'était converti
en même temps que Khalid b. al-Walid, juste avant la libération de la
Mecque. Sa conversion à l'Islam, chose étonnante, eut sa première
impulsion en Abyssinie, dans la cour du Négus.
En effet, ce dernier demanda à son ami Amr
qui lui rendait visite pourquoi il n'avait pas encore embrassé l'Islam,
étant donné que Mohammad était vraiment un envoyé de Dieu.
Amr, surpris, dit : « L'est-il vraiment ? - Oui, dit le
monarque abyssinien, obéis-moi, ô Amr, et suis-le. Par Dieu! c'est lui
qui a raison et c'est lui qui va prévaloir sur celui qui le contredit. »
Par la suite, Amr prit le chemin du retour.
Il avait déjà pris la décision de se diriger vers Médine. Sur le
chemin, il rencontra Khalid b. al-Walid, qui comptait lui aussi prêter
allégeance au Messager
. A Médine, dès que le Messager
les vit arriver, il dit à ses compagnons : « La Mecque vous envoie le
fruit de ses entrailles. » Puis, Khalid s'avança et prêta son
allégeance. Puis, Amr s'avança et fit de même.
A partir de ce jour-là, Amr mit son intelligence et son courage au service de la religion musulmane. Quand le Messager
fut rappelé à Dieu, Amr occupait le poste de gouverneur à Oman. Et
durant le règne du khalife Omar, il se conduisit en héros dans les
batailles de Syrie puis dans la libération de l'Egypte.
* * *
Ah! si Amr n'avait été attiré par le
pouvoir... Toutefois, son amour pour le pouvoir avait été, jusqu'à une
certaine limite, l'expression spontanée de sa nature pétrie de talents,
si bien que l'Emir des croyants Omar avait dit une fois, en le voyant
arriver avec une certaine démarche : « Abou Abdallah ne doit marcher sur
terre qu'en tant qu'émir ! »
En outre, et grâce à sa loyauté, il avait
été nommé gouverneur de Palestine et de Jordanie par Omar b. al-Khattab,
puis gouverneur d'Égypte jusqu'à la mort de ce dernier. A son poste de
gouverneur, il avait aimé le confort si bien que le khalife Omar lui
avait envoyé Mohammad b. Maslama avec la mission de ramener au Trésor
public la moitié des biens d'Amr b. al-As.
* * *
Par ailleurs, il était un homme
intelligent, perspicace et rusé. Quand le khalife Omar remarquait
quelqu'un manquant d'habileté, il frappait la main dans la main et
disait : « Transcendance de Dieu! celui-là et Amr b. al-As sont pourtant
créés par le même dieu. » Ses talents étaient donc tellement appréciés
par Omar. Lorsque ce dernier l'avait envoyé pour la Syrie, à la tête de
l'armée musulmane, on lui avait fait remarquer que l'armée des Romains
était commandée par un chef courageux et très rusé. Alors, Omar avait
dit qu'il avait envoyé le rusé des Arabes contre le rusé des Romains et
qu'il s'attendait à la victoire du premier.
Plus tard, les informations parvenant du
front avaient rapporté que le commandant romain avait pris la fuite vers
l'Egypte, en laissant son armée à la débâcle.
* * *
Les situations où Amr b. al-As fit usage de
son talent d'homme rusé sont nombreuses, dont la suivante où il eut
affaire avec le chef ennemi d'une forteresse. Ce chef romain proposa une
entrevue à Amr et celui-ci accepta. Sur le champ, le chef romain donna à
certains de ses hommes l'ordre de préparer des roches qui serviraient à
tuer Amr, dès qu'il sortirait de la forteresse. Amr arriva
effectivement et s'entretint avec le chef ennemi, puis à la fin de
l'entrevue, il prit la direction de la sortie. Mais, en cours de chemin,
il remarqua vite des mouvements suspects sur la muraille.
Il revint alors calmement sur ses pas, sans
éveiller les soupçons du commandant romain et lui dit : « Il m'est venu
une idée et j'ai voulu t'en faire part; Eh bien, j'ai dans mon camp des
compagnons qui sont parmi les musulmans de la première heure. Ils ont
connu directement le Messager. Et puis, l'Emir des croyants ne décide
jamais d'une affaire sans les consulter, et il les envoie toujours avec
les armées de l'Islam. Bref, j'ai pensé les ramener pour qu'ils écoutent
directement de toi ce que moi j'ai entendu... » Le commandement conclut
vite qu'Amr vint de lui donner naïvement l'occasion d'éliminer en une
seule fois tout ce nombre de chefs musulmans. Puis, d'un geste camouflé
il fit comprendre à ses soldats la suspension de l'opération, tout en
saluant chaleureusement Amr. Celui-ci sortit alors tout sourire. Mais,
le lendemain matin, il revint à la tête de son armée, pour donner le
signal des opérations ...
Une autre ruse, mais cette fois avec un
compagnon musulman. Lui et Abou Mousa al-Achâry convinrent d'un commun
accord, dans la célèbre affaire de l'arbitrage, de destituer l'imam Ali
et Mouâwiya b. Abou Soufyan, pour laisser ensuite la désignation du
nouveau khalife au libre choix des musulmans. Abou Mousa al-Achâry
respecta scrupuleusement l'accord. Quant à Amr, il ne le respecta pas.
* * *
Puis, en l'an 43 de l'Hégire, la mort vint à
Amr b. al-As. Il était alors gouverneur d'Egypte. Après avoir passé en
revue toute sa vie, il adressa cette imploration à Dieu : « Mon Dieu! je
ne suis pas innocent pour que je puisse m'excuser, et je ne suis pas
puissant pour que je puisse remporter la victoire. Si ta miséricorde ne
m'atteint pas, je serai parmi les abolis! »
Puis il continua ses implorations jusqu'au
moment où il rendit l'âme. Quant à son dernier mot, il fut : « Il n'est
de dieu que Dieu. »
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