Quand Emmanuel Macron a déclaré lors d’une interview [en février dernier] qu’il voulait “poser les jalons de toute l’organisation de l’islam en France”, il ne faisait pas une annonce sans précédent. Il s’engageait plutôt à réussir là où ses prédécesseurs avaient échoué.
Tous les gouvernements qui se sont succédé depuis les années 1980 ont tenté de créer un islam propre à la France, dans le double objectif d’intégrer la minorité musulmane du pays et de lutter contre l’extrémisme islamiste. Leur but était de créer un islam à la fois en conformité avec les valeurs nationales, en particulier la laïcité, et à l’abri des interprétations radicales qui ont gagné du terrain dans une partie du monde musulman. Les tentatives passées de codification d’un islam français – la transformation d’un islam en France en un islam de France – ont été effectuées en lien étroit avec les pays d’origine des musulmans français, notamment le Maroc, l’Algérie et la Turquie.
Il en a résulté une crise de la représentation et de la légitimité. Les organisations musulmanes existantes, affiliées à l’État ou à des entités assimilées, ne représentent pas les diverses communautés présentes en France, ce qui nuit à l’intégration des musulmans dans la société et, selon le gouvernement de Macron, ouvre la voie à des idéologies dangereuses. En même temps, avec un héritage colonial qui n’est toujours pas réglé pour le monde arabo-musulman, nombre de musulmans jugent condescendante une gestion de l’islam dictée par les autorités – une manière d’intégrer l’islam pour le rendre invisible.

Qu’est-ce qu’une religion modérée ?

Une autre raison peut expliquer pourquoi certains observateurs considèrent les initiatives des pouvoirs
[...]
Karina P
Abonnez-vous à partir de 1€