L’islamologue
controversé Tariq Ramadan est incarcéré depuis le mois de février à la
suite de plaintes pour viols. Résumé des affaires qui le visent.
Tariq Ramadan, médiatique théoricien de l’islam, a échappé, mardi 5 juin, à une troisième mise en examen à la suite d’une plainte déposée par une jeune femme, Mounia R.,
qui l’accusait de viols. Visé par cinq plaintes pour viol en France,
aux Etats-Unis et en Suisse, il est incarcéré à la prison de
Fleury-Mérogis depuis le mois de février 2018. Retour sur les
principales accusations qui le visent.
Henda Ayari dépose plainte pour viol contre Tariq Ramadan
Dans le sillage des révélations sur
les agissements de Harvey Weinstein, au cœur de
l’avènement du mouvement #metoo, Henda Ayari, ancienne
salafiste
devenue militante féministe et laïque, dépose plainte le 20 octobre
2017 à l’encontre de l’islamologue controversé Tariq Ramadan. Viol,
agressions sexuelles, violences volontaires, harcèlement, intimidation :
les chefs d’accusation contre le théologien suisse sont nombreux. Le
lendemain, l’islamologue controversé annonce sa volonté de
porter plainte pour « dénonciation calomnieuse ». Aussitôt, la jeune femme est victime d’une
intense campagne de dénigrement et de haine sur les réseaux sociaux.
Le 29 mai,
Franceinfo
révèle que la jeune femme a revu sa version des faits, modifiant la
date et le lieu du viol présumé. Réentendue à la fin du mois de mai par
les trois juges d’instruction en charge de l’affaire, elle décrit
toujours un viol dans des conditions terribles. Mais si sa plainte
initiale décrivait un viol survenu en avril 2012 dans un hôtel situé non
loin de la gare de l’Est, à Paris, sa nouvelle déclaration situe
l’agression dans un hôtel place de la République, à Paris, le 26 mai
2012.
La plainte de « Christelle », handicapée
Le 27 octobre, une semaine après la plainte de M
me Ayari,
une seconde femme accuse Tariq Ramadan de viol en portant plainte
auprès du procureur de la République de Paris. La plaignante,
handicapée, désignée par la presse sous le pseudonyme de « Christelle »,
rapporte des relations non consenties d’une extrême violence. «
Plus
je hurlais et plus il tapait. Il m’a traînée par les cheveux dans toute
la chambre pour m’amener dans la baignoire de la salle de bain pour
m’uriner dessus », rapporte-t-elle au Monde en octobre.
A la suite de ces deux plaintes,
Tariq Ramadan est mis en examen
pour « viol » et « viol sur personne vulnérable » le 2 février, date à
laquelle il est incarcéré à la prison de Fleury-Mérogis. Il avait été
mis en congé de l’université d’Oxford le 7 novembre, à la suite notamment de ces deux premières plaintes pour viol.
En Suisse : révélation sur les relations présumées de Tariq Ramadan avec des élèves mineures
Le 4 novembre, la
Tribune de Genève publie
une longue enquête
sur les agissements de Tariq Ramadan alors qu’il enseignait le français
dans un collège suisse. Selon ce journal, il aurait tenté de
séduire
sans succès l’une de ses élèves de 14 ans et serait parvenu à ses fins
avec trois autres jeunes filles âgées de 15 à 18 ans, entre les années
1980 et 1990. Les faits, aujourd’hui prescrits, ne peuvent plus
faire l’objet de plaintes.
Interrogé par
La Tribune de Genève, un ancien collègue de Tariq Ramadan, le chimiste Michel Roch, rapporte :
« A Genève, le fait que Tariq Ramadan n’avait pas l’éthique professionnelle qu’il prétendait avoir
devenait un secret de Polichinelle à l’époque. Ma femme, professeure de
latin, et moi-même, avons recueilli entre 1989 et 1992 les confidences
de six élèves de Tariq Ramadan. Elles avaient entre 14 et 18 ans, ont
toutes été manipulées, voire plus. Je leur avais dit de porter plainte et de le signaler, mais elles ne voulaient pas le faire. »
Plainte de Mounia R. pour viols : Tariq Ramadan échappe à une mise en examen
Le 7 mars, une troisième femme, Mounia R.,
porte plainte pour viols
contre Tariq Ramadan à Paris. Affirmant avoir été sous l’emprise et la
menace de l’islamologue, elle dit avoir subi des actes sexuels
particulièrement violents entre février 2013 et juin 2014. Escort-girl
par le passé, elle est l’une des jeunes femmes rémunérées pour avoir eu
des relations sexuelles avec Dominique Strauss-Khan dans
l’affaire du Carlton de Lille. Tariq Ramadan se serait servi de ces éléments pour faire pression sur la plaignante et la
menacer,
selon Europe 1, qui a consulté les messages envoyés par l’islamologue à la jeune femme.
Interrogé le 5 juin
par les trois juges d’instruction en charge de son dossier, Tariq
Ramadan a reconnu avoir eu des « relations sexuelles consenties » avec
la troisième plaignante, Mounia R. La défense de l’islamologue a versé
au dossier plus de 300 vidéos et plus de 1 000 photos témoignant d’une
relation consentie entre M. Ramadan et la jeune femme.
« Il a longuement expliqué aux magistrats […]
qu’il y avait eu des jeux sexuels, qu’il y avait eu des relations
sexuelles également mais qu’elles ont toutes été toujours librement
consenties », a déclaré M
e Emmanuel Marsigny, l’avocat de M. Ramadan. Les juges ont décidé de ne pas le
mettre en examen dans ce volet de l’affaire.
Aux Etats-Unis : une plainte pour des faits qui se seraient déroulés en 2013
Une
quatrième plainte déposée contre Tariq Ramadan
provient, cette fois, de l’autre côté de l’Atlantique. Enregistrée au
mois de février à Washington par une plaignante américaine d’une
trentaine d’années, elle a été révélée début mars par le quotidien
Libération. Les faits se seraient produits dans la nuit du 30 au 31 août 2013. Alors qu’il participait au 50
e
congrès de la société islamique d’Amérique du Nord, Tariq Ramadan
aurait invité la jeune femme dans sa chambre d’hôtel avant de l’agresser
sexuellement. L’enquête, toujours en cours, a été confiée à un
inspecteur qui décidera, à la suite de son investigation, de
recommander une inculpation. Contacté par
Libération, le parquet de Paris a indiqué ne pas avoir d’éléments sur cette affaire.
Une autre plainte en Suisse pour viol
Une
cinquième plainte
a été déposée à l’endroit de M. Ramadan en Suisse le 12 avril, auprès
du ministère public du canton de Genève. Les faits, un « viol avec
cruauté » selon la plainte, se seraient déroulés dans un hôtel de Genève
en 2008. La
Tribune de Genève, qui a
enquêté sur cette affaire,
rapporte le témoignage de la victime présumée, alors âgée d’une
quarantaine d’années. Elle raconte au quotidien helvète avoir été violée
et retenue pendant des heures contre son gré dans la chambre d’hôtel de
M. Ramadan, où il l’avait invitée à
prendre un café.
« J’ai eu peur de mourir. J’étais terrifiée et paralysée », confie la plaignante
. Son témoignage va prochainement
être versé au dossier français.
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