jeudi 7 juin 2018

Accusations de viols et d’agressions sexuelles : les multiples « affaires Tariq Ramadan »

L’islamologue controversé Tariq Ramadan est incarcéré depuis le mois de février à la suite de plaintes pour viols. Résumé des affaires qui le visent.
LE MONDE | • Mis à jour le | Par
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Tariq Ramadan, médiatique théoricien de l’islam, a échappé, mardi 5 juin, à une troisième mise en examen à la suite d’une plainte déposée par une jeune femme, Mounia R., qui l’accusait de viols. Visé par cinq plaintes pour viol en France, aux Etats-Unis et en Suisse, il est incarcéré à la prison de Fleury-Mérogis depuis le mois de février 2018. Retour sur les principales accusations qui le visent.

  • Henda Ayari dépose plainte pour viol contre Tariq Ramadan

Dans le sillage des révélations sur les agissements de Harvey Weinstein, au cœur de l’avènement du mouvement #metoo, Henda Ayari, ancienne salafiste devenue militante féministe et laïque, dépose plainte le 20 octobre 2017 à l’encontre de l’islamologue controversé Tariq Ramadan. Viol, agressions sexuelles, violences volontaires, harcèlement, intimidation : les chefs d’accusation contre le théologien suisse sont nombreux. Le lendemain, l’islamologue controversé annonce sa volonté de porter plainte pour « dénonciation calomnieuse ». Aussitôt, la jeune femme est victime d’une intense campagne de dénigrement et de haine sur les réseaux sociaux.
Le 29 mai, Franceinfo révèle que la jeune femme a revu sa version des faits, modifiant la date et le lieu du viol présumé. Réentendue à la fin du mois de mai par les trois juges d’instruction en charge de l’affaire, elle décrit toujours un viol dans des conditions terribles. Mais si sa plainte initiale décrivait un viol survenu en avril 2012 dans un hôtel situé non loin de la gare de l’Est, à Paris, sa nouvelle déclaration situe l’agression dans un hôtel place de la République, à Paris, le 26 mai 2012.
  • La plainte de « Christelle », handicapée

Le 27 octobre, une semaine après la plainte de Mme Ayari, une seconde femme accuse Tariq Ramadan de viol en portant plainte auprès du procureur de la République de Paris. La plaignante, handicapée, désignée par la presse sous le pseudonyme de « Christelle », rapporte des relations non consenties d’une extrême violence. « Plus je hurlais et plus il tapait. Il m’a traînée par les cheveux dans toute la chambre pour m’amener dans la baignoire de la salle de bain pour m’uriner dessus », rapporte-t-elle au Monde en octobre.
A la suite de ces deux plaintes, Tariq Ramadan est mis en examen pour « viol » et « viol sur personne vulnérable » le 2 février, date à laquelle il est incarcéré à la prison de Fleury-Mérogis. Il avait été mis en congé de l’université d’Oxford le 7 novembre, à la suite notamment de ces deux premières plaintes pour viol.
  • En Suisse : révélation sur les relations présumées de Tariq Ramadan avec des élèves mineures

Le 4 novembre, la Tribune de Genève publie une longue enquête sur les agissements de Tariq Ramadan alors qu’il enseignait le français dans un collège suisse. Selon ce journal, il aurait tenté de séduire sans succès l’une de ses élèves de 14 ans et serait parvenu à ses fins avec trois autres jeunes filles âgées de 15 à 18 ans, entre les années 1980 et 1990. Les faits, aujourd’hui prescrits, ne peuvent plus faire l’objet de plaintes.
Interrogé par La Tribune de Genève, un ancien collègue de Tariq Ramadan, le chimiste Michel Roch, rapporte : « A Genève, le fait que Tariq Ramadan n’avait pas l’éthique professionnelle qu’il prétendait avoir devenait un secret de Polichinelle à l’époque. Ma femme, professeure de latin, et moi-même, avons recueilli entre 1989 et 1992 les confidences de six élèves de Tariq Ramadan. Elles avaient entre 14 et 18 ans, ont toutes été manipulées, voire plus. Je leur avais dit de porter plainte et de le signaler, mais elles ne voulaient pas le faire. »
  • Plainte de Mounia R. pour viols : Tariq Ramadan échappe à une mise en examen

Le 7 mars, une troisième femme, Mounia R., porte plainte pour viols contre Tariq Ramadan à Paris. Affirmant avoir été sous l’emprise et la menace de l’islamologue, elle dit avoir subi des actes sexuels particulièrement violents entre février 2013 et juin 2014. Escort-girl par le passé, elle est l’une des jeunes femmes rémunérées pour avoir eu des relations sexuelles avec Dominique Strauss-Khan dans l’affaire du Carlton de Lille. Tariq Ramadan se serait servi de ces éléments pour faire pression sur la plaignante et la menacer, selon Europe 1, qui a consulté les messages envoyés par l’islamologue à la jeune femme.
Interrogé le 5 juin par les trois juges d’instruction en charge de son dossier, Tariq Ramadan a reconnu avoir eu des « relations sexuelles consenties » avec la troisième plaignante, Mounia R. La défense de l’islamologue a versé au dossier plus de 300 vidéos et plus de 1 000 photos témoignant d’une relation consentie entre M. Ramadan et la jeune femme. « Il a longuement expliqué aux magistrats […] qu’il y avait eu des jeux sexuels, qu’il y avait eu des relations sexuelles également mais qu’elles ont toutes été toujours librement consenties », a déclaré Me Emmanuel Marsigny, l’avocat de M. Ramadan. Les juges ont décidé de ne pas le mettre en examen dans ce volet de l’affaire.
  • Aux Etats-Unis : une plainte pour des faits qui se seraient déroulés en 2013

Une quatrième plainte déposée contre Tariq Ramadan provient, cette fois, de l’autre côté de l’Atlantique. Enregistrée au mois de février à Washington par une plaignante américaine d’une trentaine d’années, elle a été révélée début mars par le quotidien Libération. Les faits se seraient produits dans la nuit du 30 au 31 août 2013. Alors qu’il participait au 50e congrès de la société islamique d’Amérique du Nord, Tariq Ramadan aurait invité la jeune femme dans sa chambre d’hôtel avant de l’agresser sexuellement. L’enquête, toujours en cours, a été confiée à un inspecteur qui décidera, à la suite de son investigation, de recommander une inculpation. Contacté par Libération, le parquet de Paris a indiqué ne pas avoir d’éléments sur cette affaire.
  • Une autre plainte en Suisse pour viol

Une cinquième plainte a été déposée à l’endroit de M. Ramadan en Suisse le 12 avril, auprès du ministère public du canton de Genève. Les faits, un « viol avec cruauté » selon la plainte, se seraient déroulés dans un hôtel de Genève en 2008. La Tribune de Genève, qui a enquêté sur cette affaire, rapporte le témoignage de la victime présumée, alors âgée d’une quarantaine d’années. Elle raconte au quotidien helvète avoir été violée et retenue pendant des heures contre son gré dans la chambre d’hôtel de M. Ramadan, où il l’avait invitée à prendre un café. « J’ai eu peur de mourir. J’étais terrifiée et paralysée », confie la plaignante. Son témoignage va prochainement être versé au dossier français.

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