mardi 19 juin 2018

Islam et République : les erreurs statistiques du journaliste Périco Légasse

Sur un plateau de télévision, le critique gastronomique a avancé un chiffre fantaisiste sur l’islam.
LE MONDE | • Mis à jour le | Par
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Le critique gastronomique et rédacteur en chef des pages gastronomie du magazine Marianne, Périco Légasse, a énoncé, mardi 5 juin, un chiffre fantaisiste sur l’islam, sujet bien éloigné de ses spécialités journalistiques. « 35 % des enfants de confession musulmane, de moins de 25 ans, considèrent que les lois du Coran, que l’islam passent avant les lois de la République », a affirmé le chroniqueur occasionnel sur le plateau de l’émission « 24 heures Pujadas », diffusée sur LCI.

Un mélange de deux études

Mais la statistique servie par le critique gastronomique est fausse. Périco Légasse opère un dangereux mélange entre deux études. La première, parue en 2016 par l’Institut Montaigne avec l’IFOP, est intitulée « Un islam français est possible ». Première erreur factuelle de M. Légasse : le rapport ne porte pas spécifiquement sur les jeunes, mais sur un échantillon représentant tous les âges de la population. Cet échantillon représente une catégorie qualifiée par les auteurs du rapport de « plus problématique », englobant 28 % des musulmans de France pour lesquels « l’islam est un moyen pour eux de s’affirmer en marge de la société française ». Ce groupe est défini de la manière suivante :
« Majoritairement jeunes, peu qualifiés et peu insérés dans l’emploi, ils vivent dans les quartiers populaires périphériques des grandes agglomérations. Ils se définissent davantage par l’usage qu’ils font de l’islam pour signifier leur révolte que par leur conservatisme. Si certains considèrent que la laïcité leur permet de vivre librement leur religion ou considèrent que la foi est une affaire privée, on peut davantage y lire une attitude de retrait et de séparation vis-à-vis du reste de la société que la compréhension de ce que signifie la laïcité. »
Le chiffre de 35 % est issu, quant à lui, d’un ouvrage sur les lycéens et la tentation radicale parue aux éditions PUF en avril 2018. Contrairement à ce qu’affirme M. Légasse, il porte sur le nombre de lycéens musulmans du panel estimant « qu’il est acceptable de combattre les armes à la main pour sa religion » – contre 26 % de l’ensemble des lycéens interrogés. Contacté par Le Monde, Périco Légasse n’a pas répondu à nos sollicitations.

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