Issu d'une famille noble de la tribu Daous,
at-Toufayl b. Amrou était un poète réputé parmi les Arabes. Il
participait régulièrement aux joutes poétiques du souk Ouqaz, comme il
fréquentait beaucoup la Mecque, en dehors de l'organisation de ce souk.
Après que le Messager

eut commencé publiquement sa mission, et qu'une certaine fois
at-Toufayl se rendit en visite à la Mecque, les Qouraychites eurent peur
de sa conversion.
Alors, il l'entourèrent de toutes les intentions et s'acharnèrent à le mettre en garde contre l'influence du Messager

,
en lui disant, entre autres : « Il tient un discours semblable à la
sorcellerie, qui sépare l'homme de son père, et l'homme de son frère, et
l'homme de son épouse. Et nous craignons pour toi et ton peuple. Alors,
ne lui parle pas et n'écoute rien de lui! »
Ecoutons maintenant le témoignage
d'at-Toufayl : « Par Dieu, ils m'ont tellement parlé que j'ai décidé de
ne rien entendre de lui, de ne pas le rencontrer. Puis, quand je suis
allé à la Kaâba, j'ai mis du coton dans mes oreilles, pour ne rien
entendre de lui, au cas où il parlerait. »
Là-bas, près de la Kaâba, je l'ai trouvé
debout en train de prier. Je me suis rapproché de lui. Alors, Dieu a
voulu me faire entendre un peu de ce qu'il récitait, et j'ai entendu de
bonnes paroles. Je me suis dit : « Par Dieu! je suis quelqu'un qui
comprend, un poète. Je peux distinguer le bon du mauvais. Qu'est-ce qui
m'empêche d'entendre ce qu'il dit ? Si ce qu'il apporte est bon, je
l'accepte. Et s'il est mauvais, je le délaisse. »
Puis, je suis resté jusqu'au moment où il
s'est dirigé vers sa maison. Je l'ai suivi jusqu'à sa maison. Je suis
entré après lui et je lui ai dit : « Ô Mohammad, ton peuple m'a dit sur
toi telle chose et telle chose. Par Dieu, ils n'ont cessé de me faire
peur à propos de ta cause, si bien que j'ai mis du coton dans mes
oreilles pour ne entendre ce que tu dirais. Mais Dieu a bien voulu que
j'entends, et j'ai entendu de bons propos. Expose-moi ta cause. »
Le Messager m'a alors exposé l'Islam et il
m'a récité des extraits du Coran. Par Dieu, je n'ai jamais entendu de
discours mieux que celui du Coran (...). Je me suis aussitôt soumis à
Dieu et j'ai attesté l'attestation du vrai. Puis, j'ai dit : « Ô
Messager de Dieu, je suis un homme obéi dans mon peuple et je vais
retourner auprès d'eux pour les appeler à l'Islam. Invoque Dieu qu'il
m'institue un signe qui me sera un soutien dans mon action d'appel. »
Le Messager

a dit : « Dieu! établis-lui un signe. » Dieu rend hommage à ceux qui
prêtent l'oreille à la parole et en suivent l'excellence, et at-Toufayl
est l'un d'entre eux. Voilà un homme qui, dès sa conversion, se sentit
responsable d'appeler les siens à l'Islam. En effet, dès qu'il retourna
chez lui, il appela son père à l'Islam, puis sa mère, puis son épouse.
Il réussit dans cette mission, mais il échoua dans la suivante, celle de
la conversion de son peuple.
De tout les Daous, un seul (Abou Hourayra)
embrassa l'Islam. Ces derniers ayant pris leurs distances vis-à-vis de
lui, at-Toufayl prit le chemin de la Mecque et alla trouver le Messager

, à qui il dit : « Demande à Dieu d'anéantir les Daous. »
Mais, le Messager

dit, en levant les mains au ciel : « Dieu! guide les Daous et amène-les
soumis (à toi). » Puis, il s'adressa à at-Toufayl, en ces termes : «
Retourne à ton peuple, appelle-les (à l'Islam) et sois accommodant avec
eux. » At-Toufayl reprit le chemin du retour, confiant et serein. Et il
se remit à la tâche, en appelant cette fois les Daous avec
bienveillance.
Durant la période qu'at-Toufayl passa dans son pays, le Messager

émigra à Médine, fit la bataille de Badr, celle d'Ouhoud, ainsi que le
siège du Fossé. Mais, quand les musulmans remportèrent la victoire de
Khaybar, voilà qu'at-Toufayl arriva avec 80 familles musulmanes de
Daous. Elles se présentèrent toutes au Messager

et lui prêtèrent allégeance.
* * *
Par la suite, at-Toufayl participa à la conquête de la Mecque, détruisit l'idole du nom dhou-l-Khoufayn,
après avoir eu la permission du Messager

. Après la disparition du Messager

, il continua son combat sur le chemin de Dieu jusqu'au jour où il tomba en martyr dans la bataille d'al-Yamama.
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