mardi 18 juillet 2017

La Shoah en Afrique du Nord: La recherche progresse


C’est sous l’égide de l’Institut Ben Zvi de l’Université Hébraïque de Jérusalem qu’a été créé, en 2006, par le Dr Haïm Saadon, le Centre de Documentation pour la Recherche sur le Judaïsme d’Afrique du Nord pendant la Shoah.

Le P’tit Hebdo: Comment travaille une équipe de chercheurs israéliens sur des faits qui se sont passés dans des pays arabes? N’est-ce pas difficile?
Dr Haïm Saadon : Il est effectivement difficile pour un chercheur israélien d’entrer dans les archives arabes. Ceci étant, nous avons de très bonnes relations avec les chercheurs en Tunisie et au Maroc, qui s’intéressent aussi à cette période de leur histoire.
L’essentiel des documents sur lesquels nous basons nos recherches se situent dans les archives françaises puisqu’il s’agit d’anciennes colonies. Ces dernières ont été ouvertes il y a quelques années nous permettant de faire de grandes découvertes, notamment à l’aide du journal d’un Juif tunisien, Clément Houri qui y a tous les jours écrit ce qu’il vivait pendant les six mois d’occupation. Enfin, nous avons pu récupérer le journal « opérationnel » de Walter Rauff, le chef des SS en Tunisie ; Rauff est également tristement connu pour être l’inventeur des camions à gaz en Europe de l’Est.

Clément Houri

Lph: Ou en sont vos recherches?
Dr H.S.: Nous avons récemment progressé de façon significative grâce à la découverte d’un réseau de résistants en Tunisie, dirigé par un Français anti-vichyste: André Mounier. Il avait constitué un groupe, dont faisaient partie 8 Juifs. Nous savons que ce réseau Mounier avait développé de nombreuses activités en Tunisie: tracts, lobby auprès de personnalités, réunions, meetings,… Mais nous ne sommes qu’au début de nos recherches et nous ne mesurons pas encore totalement l’ampleur de ce réseau.

Travaux forcés des Juifs de Tunisie
Crédit: Mémorial de la Shoah Paris
Lph: Quels sont vos espoirs dans vos recherches au regard du temps qui passe et du nombre de témoins vivants qui diminuent?
Dr H.S.: Nous appelons vivement tous ceux qui sont des témoins directs ou qui ont en leur possession des témoignages et des documents de cette époque en Afrique du Nord à prendre contact avec nous. Mon ambition est de poursuivre en approfondissant chaque document, chaque témoignage. Nous devons comprendre ce qui s’est passé et l’université hébraïque a bien saisi l’importance de ce sujet. Notre savoir sur l’époque augmente mais il nous reste encore beaucoup à découvrir.

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