Crise Arabie saoudite/Qatar: quel partenaire est le plus bankable pour la France?
Alors que depuis un
mois, Riyad et ses alliés ont rompu toute relation avec Doha, Jean-Yves
le Drian est en tournée dans le Golfe pour tenter une médiation
française. Quel est l'allié le plus bankable pour Paris?

STRINGER / AFP
Opération déminage pour Jean-Yves le Drian. Le chef de la diplomatie française, présent dans la péninsule Arabique depuis le 15 juillet, s'est vu confier une mission de taille par Emmanuel Macron: tenter de désamorcer la crise qui enflamme le Golfe. Depuis un mois, Riyad et ses alliés ont rompu toute relation avec Doha. Ils accusent l'émirat gazier du Qatar
de soutenir le terrorisme et d'être trop proche de l'Iran. La France,
partenaire traditionnel des deux pays du Golfe, s'avance sur un chemin
de crête. "Riyad est très déterminé sur ce dossier et n'entend faire
aucune concession aux Qataris, confie un diplomate français. Nous
prônons de notre côté l'apaisement, ce sont deux pays importants pour la
France". Importants à quel point? Quel est le meilleur partenaire pour
la France? Challenges dresse un état des lieux des relations économiques de Paris avec ses deux alliés.
Riyad reste le premier partenaire de la France dans la région...
L'Arabie saoudite est le premier partenaire commercial de la France dans le Golfe, avec 7,9 milliards d'euros d'échanges commerciaux en 2016, ce qui représente 36% des débouchés de la France dans la région. Quant au Qatar, les échanges avec Paris se sont élevés à deux milliards d'euros en 2016, ce qui en fait le troisième partenaire de la France dans le Golfe derrière l'Arabie saoudite et les Émirats Arabes Unis (4,7 milliards d'euros). Parmi ces échanges franco-qataris, il convient notamment de citer le rachat par la société d'investissement Mayhoola de la maison de couture française Balmain pour 500 millions d'euros. Et le millésime 2017 devrait être tout aussi important avec par exemple l'obtention par Total d'un énorme contrat pétrolier annoncé en juillet. Coté saoudien, la France a aussi réussi quelques jolis coups au niveau civil, puisque Airbus a décroché des commandes de la compagnie saoudienne Flynas ou de Saudi Arabian et que Engie a remporté un contrat d'un milliard d'euros pour la construction d'une centrale électrique début 2017....mais le Qatar est devenu le meilleur client de l'armement français
Sur le plan militaire, la situation est en revanche nettement moins réjouissante pour le couple franco-saoudien. Contrairement à une légende médiatique abondamment entretenue, la lune de miel diplomatique entre Paris et Riyad ne s'est pas traduite par les milliards de contrats qu'espérait l'Élysée. Les chiffres racontent au contraire l'histoire d'un véritable désamour: après une année 2015 exécrable sur les ventes d'armes en Arabie saoudite (195 millions d'euros), les contrats militaires avec Riyad n'ont atteint, selon nos informations, que 700 millions d'euros environ en 2016. Soit 3,5% des 20 milliards de prises de commandes évoquées en janvier par l'ancien ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian… Longtemps client numéro un de l'armement made in France, l'Arabie Saoudite s'est même fait doubler par le Qatar sur la période 2011-2015. Une progression de l'émirat dirigé par le Cheikh Tamin ben Hamad Al Thani qui s'explique principalement par l'achat de 24 chasseurs Rafale pour 6,3 milliards d'euros en 2015.A lire : Les mauvais comptes de la France en Arabie saoudite
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