mardi 18 juillet 2017

Dépêché en urgence à Ghardaïa pour calmer la fièvre dans le corps de la police, le ministre de l'intérieur, Tayeb Belaïz a tenu, en présence du général-major Abdelghani Hamel, le Directeur général de la sûreté nationale, une longue réunion de quatre heures avec les protestataires.
Au bout de la négociation et mis à part la demande portant sur le "dégage Hamel" qui ne relève pas de ses prérogatives, il a répondu "oui" à pratiquement toutes les demandes socio-professionnelles des policiers. Et il s'est engagé à ne pas sanctionner les policiers qui, d'un point de vue légal, ont enfreint la règlementation et sont passibles de lourdes sanctions.
La propagation du mouvement des policiers à Alger a, par ailleurs, littéralement ridiculisé l'interdiction de manifester dans la capitale, décidé en 2011, à la suite de la manifestation des arouchs et appliquée avec "vigueur" par la police.
Dans une déclaration à la radio algérienne, le ministre de l’intérieur a indiqué que l'Etat prenait en charge toutes les demandes relatives à l'amélioration des conditions socio-professionnelles en matière de logements, de rémunérations et d'indemnités.
"Nous sommes venus pour ouvrir un dialogue en toute liberté, un dialogue civilisé…. Ils ont présenté leurs revendications et nous avons répondu pratiquement à toutes les demandes, logement sociaux, alimentations, les conditions de travail....".
Le ministre a annoncé que 4500 logements sociaux allaient être distribués aux policiers et que des instructions ont été données aux Walis pour donner la priorité aux familles des policiers dans les opérations d'attributions de logements ruraux.
Il a indiqué également que la durée de service dans le sud ne doit pas dépasser trois ans et que des commissions de recours seront installées au niveau des wilayas, de la DGSN et du ministère de l'intérieur.
"Ce sont des revendications normales, les problèmes existent dans tous les secteurs, mais il faut les traiter par le dialogue" a déclaré le ministre en soulignant que les policiers "se sont engagés à rejoindre leurs postes de travail".
Le pouvoir "décaisse" pour la police et "encaisse" les critiques politiques
Ce sont pratiquement toutes les revendications des policiers qui ont été acceptées. Mis à part, la revendication du départ du général-major Abdelghani Hamel qui relève des prérogatives du chef de l'Etat.
Le gouvernement a accepté de "décaisser" pour calmer la fronde de la police. Il doit cependant "encaisser" les critiques politiques qui pointent, pratiquement dans leur totalité, la "vacance" à la présidence qui est, selon les opposants, la principale source des problèmes.
Si la gestion du gouvernement tente de circonscrire le mouvement à celui d'un conflit social "normal", les dirigeants de l'opposition dénoncent ne situation de déliquescence générale de l'Etat en raison, selon eux, de "l'incapacité" du président Abdelaziz Bouteflika d'exercer ses fonctions.

Mohsin Belabbès, président du RCD, s'étonne dans un entretien à TSA,
de voir les services de sécurité importer "les slogans des révolutions arabes" à travers le mort d'ordre de "Hamel Irhal" visant le patron de la police algérienne.
"Un slogan tel que "Hamel, irhal ! (dégage !)" rappelle "Pouvoir dégage", "Bouteflika dégage" ! Ou "Moubarak dégage !". Je pense qu’il y a eu manipulation".Tout en notant qu'il est difficile de savoir "qui manipule qui", Belabbès, estime que les slogans des policiers laissent penser que cette manipulation existe.
"Nous sommes dans un pays où le pouvoir passe son temps à dire que l’Algérie a connu sa révolution en 1988 et qu’elle ne va pas importer des révolutions. Aujourd’hui, ce sont les services de sécurité qui sont en train d’importer les slogans des révolutions arabes".
Déliquescence
Sofiane Djilali, président de Jil Jadid, constate que cette manifestation de policiers est sans précédent depuis l'indépendance. "Le président est absent. Nous avons averti avant les élections du 17 avril dernier que le président Bouteflika retournera chez lui et laissera le pays dans une situation de chaos inquiétante. Nous avons atteint cette situation", a-t-il déclaré au journal El Khabar.
Le chef du Mouvement de Société de Paix (MSP, Frères Musulmans) Abderrezak Makri estime que la situation est très grave. "Ces événements montrent clairement que ce qui se passe à Ghardaïa est devenu un problème au sein même du pouvoir dès lors qu'une institution de l'Etat proteste contre une autre institution de l'Etat".

Makri pointe également "l'absence" du chef de l’Etat : "C'est une situation sans précédent qui révèle une décomposition du pouvoir... L'échec revient en premier au premier responsable du pouvoir. Est-il normal que toutes ces choses arrivent sans que le chef de l'Etat ne s'adresse à la nation ?". 

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