mardi 11 juillet 2017

Ethnie

Une ethnie ou groupe ethnique est un groupe social de personnes qui considèrent partager une ascendance commune (historique, mythologique ou un mélange des deux), une histoire commune, une culture commune ou un vécu commun. L'appartenance à une ethnie ou ethnicité est liée à un patrimoine commun, que ce soit la culture, l'ascendance, le rôle social, l'origine géographique, la langue ou le dialecte, l'idéologie, la religion, la mythologie, la cuisine, l'habillement, la musique...
Les plus grands groupes ethniques actuels peuvent comprendre plusieurs centaines de millions de personnes (Hans, Arabesnote 1, Russes ou Bengalis) alors que les plus petits peuvent être limités à quelques centaines, voire dizaines d'individus. Les plus grandes ethnies ont tendance à former des sous-groupes (historiquement nommés « tribus »), qui avec le temps peuvent à leur tour se séparer en groupes ethniques distincts à travers l'ethnogenèse, mais ce processus culturel2 n'est pas pour autant un phénomène « naturel » comme le postule la sociobiologie3,4. Les ethnies issues d'un même groupe initial continuent à parler des langues apparentées et sont groupées en tant que groupe ethno-linguistique ou phylum (Slaves, peuples iraniens, peuples turcs, Austronésiens, etc.). Le processus inverse, par lequel deux ou plusieurs groupes ethniques s'influencent mutuellement (métissage, syncrétisme, « melting-pot »...) ou bien dissymétriquement (acculturation, assimilation, intégration...) existe aussi5,6,7.
Groupes ethnolinguistiques de l'Afghanistan (CIA, 1997).

Étymologie[modifier | modifier le code]

« Ethnie » est un terme apparu en 17878 ou 1896 dans la langue française9. Il fut employé par l'anthropologue Georges Vacher de Lapouge10.
Il dérive de l'un des quatre termes qui, en grec ancien, servaient à désigner les groupes humains : γένος / genos signifiant « famille, clan, tribu », λάος / laos signifiant « peuple assemblé, foule », δῆμος / dêmos signifiant « peuple du lieu, citoyens » et ἔθνος / éthnos signifiant « gens de même origine ».

Définitions[modifier | modifier le code]

Selon Max Weber, l'appartenance à une ethnie, ou « ethnicité », est le sentiment de partager une ascendance commune, que ce soit à cause de la langue, des coutumes, des valeurs, des ressemblances physiques ou de l'histoire (plus ou moins vécue et objective ou bien imaginée et mythologique). Cette notion est très importante sur le plan social et politique car elle est l'un des quatre fondements de la notion d'identité (les trois autres étant l'existence physique matérielle, l'espèce biologique et la personnalité individuelle11).
Femmes « Hmong fleuris » au Viêt Nam en 2004.
L'« ethnicité » est d'usage plus récent, lié à l'évolution du concept d'ethnie. Cette évolution résulte d'une nouvelle approche du concept d'ethnie qui jusque là était appréhendé comme une réalité objective, sans prendre en compte sa subjectivité. La dimension objective a conduit surtout les anthropologues et les historiens à l'analyser en tant que groupe à travers des critères objectifs tels que la langue, l'histoire commune, le lien d'ascendance et de descendance... C'est l'approche notamment de Paul Mercier12. En revanche, la dimension subjective résulte des analyses surtout des sociologues, politologues et psychologues qui saisissent le concept d'ethnie sous l'angle d'identité comme construction sociale, voire politique.
C'est de cette approche subjective que le concept d'« ethnicité » est né, pour saisir les interactions qui aboutissent au sentiment d'appartenance au sein de groupe. C'est l'approche de Max Weber11 et Guy Aundu Matsanza13. Ce dernier considère l'« ethnicité » non seulement comme une construction sociale, mais aussi comme un moyen d'instrumentaliser les luttes sociales et politiques. Cette approche subjective de l'ethnie a permis l'émergence du concept d'« ethnicité » lequel a généré à son tour les notions d'« ethnocentrisme » (parfois synonyme de communautarisme), d'« ethnocide » et d'« ethnisme »...
L'ethnie est un concept important de l'ethnologie, mais l'approche subjective et les nombreuses instrumentalisations philosophiques et politiques l'ont historiquement rendu imprécis et malléable, au point que sa pertinence même a pu être remise en question ; deux exemples suffiront à illustrer les difficultés d'utilisation :
  • selon Marcel Courthiade 14, la notion de Roms dont l'IRU souhaite faire une nation (plus exactement une nation sans territoire compact) se heurte à la multiplicité des identités traditionnelles des groupes appelés tsiganes/gitans/manouches/bohémiens/gypsies/romanichels et autres noms, qui n’ont ni langue communenote 2, ni religion commune – puisqu’ils partagent généralement celles des populations environnantes. Bien entendu, les occupations de ces divers groupes étaient et sont aussi diverses que celles des populations non-roms côtoyées. Selon le député Rom roumain Nicolae Păun, pour que l’identité "Rom" soit prise en compte, il faut avoir ou créer des difficultés sociales, car si on a un emploi, un domicile fixe et des diplômes, on n’est plus comptabilisé comme "rom" dans les statistiques, ce qui selon lui est une nouvelle façon “douce” de nier, de détruire un patrimoine et une identiténote 3 ;
  • à l’inverse, selon Jean-Pierre Chrétien, certaines « ethnies » tels les Hutus et les Tutsis habitant la région des grands lacs africains ont tout en commun et « ne se distinguent ni par la langue, ni par la culture, ni par l’histoire, ni par l’espace géographique occupé17 » : en Europe, on parlerait plutôt de classes sociales, anciens agriculteurs d'un côté, anciens éleveurs de l'autre.

Histoire du concept[modifier | modifier le code]

Selon Jean-Loup Amselle, si au xvie et xviie siècles, le terme « nation » équivalait en français à celui de « tribu », en revanche dans leur usage moderne, les termes d'« ethnie » et de « tribu » font plus spécifiquement référence aux différentes communautés linguistiques et culturelles d'Afrique, d'Océanie ou encore aux peuples que les Occidentaux ont regroupés sous le terme générique d'« Indiens d'Amérique ».
Si le mot « ethnie » (de même que celui de « tribu ») a acquis un usage massif en langue française depuis le xixe siècle, au détriment d'autres termes comme « nation » c'est sans doute qu'il agissait de classer ces sociétés à part, en leur déniant la cohésion d'une nation. Durant la période coloniale, il convenait ainsi de définir les sociétés amérindiennes, africaines, océaniennes et certaines sociétés asiatiques, voire balkaniques, comme « autres » et « différentes », en les présentant comme des sociétés situées hors de « la » civilisation, le mot « civilisation » ne désignant que l'aire culturelle de « l'Occident chrétien »18,note 4.
La notion d'« ethnie » a longtemps été le pendant sociologique de la notion de « race » (elle en est parfois encore l'euphémisme). Alfred Rosenberg, idéologue du parti nazi définit, dans ses livres tels Le Mythe du vingtième siècle, l'« ethnicité » (en allemand Volkstum ) comme un « organisme » quasi-biologique, « produit par la sélection naturelle » parmi les humains, ce qui ne correspond à aucune réalité génétique, biologique, historique, linguistique ou sociologique, mais a servi à définir, dans la doctrine nazie, des « peuples supérieurs » (auxquels cette supériorité proclamée conférait le « droit » d'agrandir leur « espace vital » au détriment d'autres peuples) et des « peuples inférieurs » (dont le statut ainsi arbitrairement défini « légitimait » l'asservissement et/ou l'extermination)20.
Comme pour la « race », l'utilisation de la notion d'« ethnie » pose problème, parce que toute classification d'une population selon des clivages ethniques relève de critères nécessairement arbitraires : que faut-il retenir ? Uniquement la langue ? Une histoire commune ? Des origines communes (lesquelles) ? La religion ? De simples traditions, coutumes ? Tout cela à la fois ? Doit-on se référer au droit du sang ou au droit du sol ? Selon les critères choisis, l'« ethnie » ne sera pas la même...
L'usage colonial du terme « ethnie » n'est plus aujourd'hui réservé aux communautés linguistiques et culturelles africaines, océaniennes ou amérindiennes. Il peut désigner des communautés linguistiques, religieuses ou historiques et est souvent récupéré par les principaux concernés pour désigner leur propre communauté.
Les détracteurs de Jean-Loup Amselle nient l'utilisation par les anthropologues modernes de la définition coloniale du terme « ethnie »21.

Vocabulaire associé[modifier | modifier le code]

Certains mots ou néologismes sont directement hérités ou inspirés de la signification que revêt « ethnie » dans le vocabulaire des sciences sociales. En voici quelques-uns parmi les plus fréquemment rencontrés :
L’ethnogenèse est l’ensemble des faits et des idées qui concourent à la formation d'un peuple, en tant qu'ensemble d'individus partageant le sentiment d'une identité commune.
L’ethnohistoire est l’histoire d'une ethnie, en tant qu'elle construit sa propre identité dans la longue durée.
L'adjectif « ethnique » est parfois employé dans le sens de « relatif à des peuples ou cultures exotiques », il est considéré comme un mot porteur en marketing (marketing ethnique). Les campagnes y font donc volontiers référence de façon directe ou indirecte.
L’ethnisme est l’ensemble de liens qui réunissent des groupes d'individus ayant un patrimoine socioculturel commun, particulièrement la langue. Il a servi pour établir une catégorisation, sur la base de particularités sociales et au prétexte de différences d'origines raciales ou géographiques. Ce terme a été utilisé dans cette acception à propos de la Côte d'Ivoire, l'ethnisme de l'« ivoirité », et à propos du Rwanda et du Burundi (lire à ce sujet Le Défi de l'ethnisme de l'historien Jean-Pierre Chrétien qui rassemble des conférences qu'il a faites à partir de 1990).
L'ethnolinguistique est une discipline des sciences humaines qui se penche sur la variabilité linguistique à travers les différentes sociétés humaines et qui voisine dès lors avec la sociolinguistique et la dialectologie.
Les processus d'intégration inter-ethnique ont des dénominations différentes selon les pays, melting pot aux États-Unis, salad bowl (en) au Canada, mizzoug galouyot (intégration des seuls immigrés juifs) en Israël. Il n'y a pas d'unanimité quant au qualificatif désignant la pluralité ethnique : pluriethnique, multiethnique, polyethnique, voire multiculturel.
La « novethnie » (terme forgé par Andreï Amalrik d'après la « novlangue » imaginée par George Orwell dans son roman 1984) est une politique culturelle de l'ex-Union soviétique et de l'ex-Yougoslavie communiste, puis des nouveaux pays qui en sont issus, qui crée des différences dans le but d'imaginer, promouvoir et développer une nouvelle conscience ethnique locale différente des précédentes qui étaient plus larges, afin de construire une identité nationale propre à chacun ces états ; pour ce faire, les particularismes locaux, leurs racines historiques et tous les traits séparant la communauté locale de ses voisins sont mis en valeur, tandis que les aspects culturels, linguistiques et historiques qui l'en rapprochent sont minimisés, relativisés, voir niés : c'est ainsi que parmi les Moldaves, ceux dont le pays a été soviétique sont définis comme une « ethnie différente » de ceux dont le territoire est devenu roumain22 et que l'on ne parle plus de langue serbo-croate mais de « diasystème BCMS » (pour Bosnien, Croate, Monténégrin et Serbe)23.
L'ethnocentrisme est un ensemble de pratiques sociales et politiques qui crée des différences dans le but de favoriser, au sein d'un même pays, un groupe culturel dit « de souche », en marquant l'infériorité d'autres groupes culturels parmi les citoyens de ce pays. C'est le cas des Pygmées en Afrique13, des Roms en Europenote 5, des arabes israéliens24 ou des personnes récemment intégrées (depuis moins d'un demi-siècle) en Belgique, France ou Suisse25. L'ethnocentrisme a motivé, dans l'entre-deux-guerres, la pratique du numerus clausus sur critère d'appartenance ethnique (raciale ou religieuse) dans plusieurs des États-Unis et des pays d'Europe. Ses formes les plus extrêmes ont été, historiquement, le nazisme, l'apartheid et la ségrégation raciale.
L'ethnocide est un ensemble des pratiques qui conduisent à la disparition non physique, mais culturelle d'une ethnie. C'est une forme d'assimilation forcée qui se différencie ainsi du génocide, n'use généralement pas (ou plus) de violence armée et n'est pas juridiquement définie : à titre d'exemple parmi beaucoup d'autres, le gouvernement indonésien interdit l'animisme et le nomadisme, oblige les populations concernées à adopter l'une des religions officielles du pays, à se sédentariser et à n'utiliser, dans la sphère publique, que la langue officielle de l'état et de l'enseignement : le bahasa indonesia26.

Statuts légaux des groupes ethniques[modifier | modifier le code]

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Une femme kanak.
La problématique légale en matière de groupes ethniques concerne essentiellement la définition d'un groupe ethnique et, ipso facto, le repérage par dénombrement des populations correspondantes27.
Certains pays recensent leur population suivant des critères ethniques ou nationaux.
L'ethnie peut être utilisé pour effectuer de la discrimination positive et de mise en place de mesures d'affirmative action comme le font les États-Unis pour ses minorités raciales, l'Inde pour la caste des intouchables, la République populaire de Chine envers ses diverses groupes ethniques ou l'Afrique du Sud (dispositifs BEE et B-BEE). Au contraire, au Burundi et au Rwanda, l'ethnie a été un moyen pour procéder une catégorisation de sa population, mise en place par l'administration coloniale belge, et maintenue jusqu'au génocide de 1994. La nouvelle constitution de 2003 abandonne toute référence aux ethnies Hutu, Tutsi et Twa, réprime toute discrimination basée sur l'ethnie (art. 11) et interdit aux formations politiques de se réclamer d'une ethnie ou d'un clan particulier (art. 54).[réf. nécessaire]'

Canada[modifier | modifier le code]

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Au Canada, le terme « groupes ethniques » désigne les groupes sociaux issus de l'immigration qui ne font partie ni des deux « peuples fondateurs » (Anglais et Français), ni des « peuples autochtones » (Amérindiens, Inuits, Métis). Un autre terme a été introduit en 1995 dans la législation canadienne, celui de « minorité visible ».

Chine[modifier | modifier le code]

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La constitution de la République populaire de Chine, dont tous les habitants ont, selon le droit du sol, la « citoyenneté chinoise », reconnaît en outre selon le droit du sang et selon le modèle soviétique, 56 « ethnies » appelées « nationalités » (少数民族 : shǎoshǔ mínzú = « ethnie minoritaire », ou 族 :  pouvant signifier « clan », « groupe », « peuple », « ethnie », « tribu »)note 6, dont les Hans, qui représentent 92 % de la population, mais sont eux-mêmes linguistiquement divisés, avec plusieurs dialectes, et plusieurs variantes régionales du chinois mandarin. Mentionnée, comme dans l'ex-URSS, sur la carte d'identité, l'identité ethnique permet, selon le gouvernement chinois, d'appliquer une « discrimination positive », afin de préserver la culture et la langue des peuples « non-hans ».

États-Unis[modifier | modifier le code]

Les États-Unis ont une politique officielle de catégorisation ethno-raciale (en) depuis la fin du xviiie siècle lorsque la classification raciale est devenue « scientifique » plutôt que « religieuse ». L'historien David Hollinger (en) a inventé l'expression « pentagone ethno-racial » pour désigner cinq catégories principales qui comprennent les Afro-Américains, Amérindiens, Hispaniques, Asiatiques, Blancs (caucasiens) et une autre catégorie dite « multiraciale ». Ce consensus de catégorisation hérité de l'histoire résulte d'une congruence entre l'auto-désignation et l'hétéro-désignation par les Américains28.

France[modifier | modifier le code]

En principe, depuis la Révolution française, il n'y a en France métropolitaine qu'un seul peuple et les statistiques ethniques n'y sont pas autorisées (sauf en Nouvelle-Calédonienote 7. Dans l'état civil français, l'origine ethnique n'est pas indiquée et n'a pas d’existence juridiquenote 8.

Hongrie[modifier | modifier le code]

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En Hongrie, la constitution reconnait la citoyenneté hongroise selon le droit du sol à tous les citoyens du pays, mais leur reconnaît aussi, selon le droit du sang, une nationalité ethnique, selon laquelle ils peuvent, s'ils ne sont pas de souche magyare, se déclarer allemands, slovaques, slovènes, croates, serbes, bulgares, polonais, ruthènes, ukrainiens, roumains, grecs, arméniens, juifs ou roms ; ces nationalités sont regroupées en une « collectivité des minorités » (nemzetiségi önkormányzat) et représentées au Parlement.

Inde[modifier | modifier le code]

Il existe un débat entre sociologues et orientalistes spécialistes de l'Inde quant à l'applicabilité du concept de groupe ethnique aux castes. Certains ont développé la thèse d'une origine ethnique des diverses castes, qui auraient initialement été des groupes ethniques stratifiés par la domination politique de certains, qui se seraient érigés en castes supérieures, mais cette thèse est très controversée30,31,32,33, tout comme la thèse inverse qui affirme qu'une caste peut se transformer en groupe ethnique en quittant le sous-continent indien (cas possible des Roms34,35).

Indonésie[modifier | modifier le code]

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En Indonésie, le terme suku bangsa, qui signifie littéralement « partie de la nation », désigne un groupe selon le droit du sang, dont les membres possèdent en commun notamment une langue, ou un groupe de langues proches, des coutumes et un territoire. Parmi les groupes les plus connus, on peut citer les Balinais, les Batak du Nord de Sumatra, les Javanais, les Malais. Tous sont citoyens indonésiens selon le droit du sol, mais leur appartenance à un suku bangsa déclaré est prise en compte dans les statistiques.

Israël[modifier | modifier le code]

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En Israël, deux termes existent pour désigner un groupe ethnique :
  • eda (pl. edot) pour les différents groupes ethniques juifs (parfois qualifiés de « tribus », shevatim, à l'instar des tribus israélites bibliques) groupés par origine nationale (par exemple Geruzim, Juifs originaires de Géorgie, Sefardim, originaires d'Espagne, Ashkenazim originaire d'Europe centrale et orientale) ou infra-nationale (Urfalim, Juifs originaires de la région turque autour de la ville d'Urfa).
  • le'om, nationalité ethnique selon le droit du sang (Juif, Arabe, Druze, Circassien, Arménien, etc.), qui diffère de la citoyenneté israélienne selon le droit du sol.

Roumanie[modifier | modifier le code]

En Roumanie, la constitution définit, par son article 6236, la nationalité roumaine selon le droit du sol (cetăţenie, « citoyenneté ») pour tous les habitants du pays, mais en outre, s'ils ne sont pas culturellement et linguistiquement Roumains, ils peuvent aussi déclarer leur appartenance à une « nationalité ethnique » (naţionalitate) selon le droit du sang. Ils peuvent alors se déclarer Hongrois (dont les Sicules et les Csángós), Allemands (dont les Saxons), Turcs, Tatars, Juifs, Grecs, Aroumains, Roms, Bulgares, Russes (dont les Lipovènes), Ukrainiens (dont les Ruthènes et les Houtsoules), Croates (dont les Carashovènes), Serbes, Tchèques ou Slovaques et former des partis politiques ethniques, représentés d'office au Parlement.

Russie[modifier | modifier le code]

URSS[modifier | modifier le code]

L'URSS, à l'instar d'autres pays d'Europe centrale et orientale, distinguait la citoyenneté selon le droit du sol de la « nationalité » selon le droit du sang, dans le sens de groupe ethnique (natsiïa) : tous les Soviétiques avaient la même citoyenneté, celle de l'URSS, mais appartenaient à des groupes ethniques différents (et parfois fictifs) également mentionnés sur leurs cartes d'identiténote 9. En employant des critères de définition arbitraires, l'ethnologie soviétique a tenté de manipuler les identités, soit pour diviser des groupes jugés trop importants (cas des Adyghés séparés des autres Circassiens, ou cas des Moldaves séparés des autres Roumains), soit pour rassembler artificiellement des groupes dont on voulait détruire l'identité (par exemple en comptant comme « Coréens » les colons japonais capturés en 1945 au Manchoukouo et déportés au Kazakhstan)37. En créant un complexe système d'entités territoriales prétendument « autonomes » mais d'échelons administratifs différents (de la république fédérée, telle l'Arménie, au simple arrondissement autonome, tel l'Artsakh inclus dans l'Azerbaïdjan, en passant par des « républiques autonomes » subalternes dans des républiques fédérées telles le Tatarstan ou la RSSA des Bachkirs en Russie), Staline s'est partiellement inspiré du système américain des États fédérés et des réserves indiennes, mais ce système discriminatoire, générateur de nombreuses frustrations, ne pouvait garder sa cohérence que dans un régime totalitaire, et avec la fin du totalitarisme, l'Union soviétique s'est fragmentée, comme divers analystes l'avaient d'ailleurs anticipé38,3

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