Sahel
Le
Sahel (de l'
arabe ساحل
saḥel signifiant
côte ou
frontière) désigne une bande de l'Afrique marquant la transition, à la fois floristique et climatique, entre le domaine
saharien
au nord et les savanes du domaine soudanien (à ne pas confondre avec le
pays du même nom), où les pluies sont substantielles, au sud. D'ouest
en est, il s'étend de l'
Atlantique à la
mer Rouge.
La définition de la zone couverte est très variable selon les auteurs.
Ainsi, pour certains le Sahel comprend tous les territoires bordant le
Sahara : il y a donc un Sahel
septentrional et un Sahel
méridional. C'est ce dernier qui est cependant désigné quand on ne lui ajoute pas de qualificatif
1.
Le Sahel représenté en brun. Ici il s'agit des terres directement au sud du
Sahara, et comprenant l'
île du Cap-Vert, comprises entre les
isohyètes de 200 et
600 mm
et n'incluant pas les autres régions d'Afrique avec les mêmes régimes
de précipitations. C'est une, mais pas la seule, définition acceptée
pour le Sahel
Géographie
La ceinture sahélienne recouvre, entièrement ou en partie, les pays suivants :
On y ajoute parfois les pays de la
Corne de l'Afrique :
Localisation
D'est
en ouest, la flore, la végétation et l'utilisation du sol varient très
peu malgré la vaste étendue du Sahel. Cela est dû à une grande
homogénéité de climat, du relief, de la géomorphologie, des sols et de
leur utilisation. Cependant, du domaine soudanien vers le Sahara, la
transition est progressive. Les espèces soudaniennes disparaissent les
unes après les autres tandis que les sahariennes apparaissent
progressivement et que la
pluviométrie diminue d'environ
1 mm
par kilomètre. Ce changement progressif ne connaît pas de brusque
rupture que l'on pourrait utiliser afin de définir de façon objective
l'étendue du Sahel. Ainsi, il est vain de tenter de définir précisément
la limite entre le Sahara et le Sahel et entre le Sahel et le Soudan, ou
à l’intérieur du Sahel entre les secteurs sahélo-saharien et
sahélo-soudanien.
On peut trouver des « ilots » de Sahel au-delà de ses limites générales, par exemple sur la face sud-ouest du
massif du Tibesti,
c'est-à-dire entièrement en territoire saharien. De plus il ne faut pas
négliger la présence d’importants éléments fluvio-lacustres au cœur
même du Sahel, ou le traversant, d’origine extra-sahélienne : les grands
fleuves (
Sénégal,
Niger,
Logone-
Chari,
Nil Blanc,
Nil Bleu) et les grands lacs (
Lac Tchad,
Lac Turkana). On peut également penser à l’énorme
delta intérieur du fleuve Niger qui inonde
20 000 km² chaque année.
Climat
Le Sahel possède un
climat semi-aride chaud (
Classification de Köppen BSh ou
BShw)
à saison sèche « hivernale ». Néanmoins le Sahel, au sens strict, est
habituellement défini comme la zone tropicale comprise entre les
domaines saharien et soudanien, où se produit une alternance marquée
entre une courte saison humide estivale et une très longue saison sèche
elle-même subdivisée en une saison sèche et chaude, suivie d'une saison
sèche et en général très chaude, qui se termine lorsque les pluies
commencent. La saison sèche est très intense au Sahel car l'ensemble des
régions sahéliennes possèdent une nombre très élevé de mois totalement
secs qui ne reçoivent normalement aucune pluie en moyenne. En saison
sèche, les
alizés continentaux, tels que le célèbre
harmattan
(vent de nord ou de nord-est), balayent constamment la bande
sahélienne : l'air est très chaud, très sec, souvent chargé de fines
particules de sable ou de poussière ; le ciel est clair ou très peu
nuageux (nuages épars de marge type
cirrus ou
altocumulus) ;
le temps est au beau fixe ; la pluie fait totalement défaut ;
l'amplitude thermique quotidienne est très élevée (souvent près de 20 °C
pendant les mois les moins chauds). En saison des pluies, les alizés
associés au régime anticyclonique s'interrompent provisoirement et
laissent place à la
mousson
(vent de sud ou de sud-ouest) qui naît du fort contraste thermique
entre l'océan Atlantique, frais et le Sahara, surchauffé en cette
saison. C'est le seul moment de l'année où la pluie est largement
susceptible de se produire en grande quantité. Toutefois, certaines
années, la mousson peut ne pas monter suffisamment en latitude pour
atteindre les régions sahéliennes et y donner la saison des pluies se
produisant normalement en cette période, d'où des épisodes de sécheresse
extrême et prolongée. Les types de temps au Sahel apparaissent très
stables, bien tranchés, et se répètent tous les ans, avec quelques
variations près. La saison des pluies est donc un phénomène régulier qui
revient chaque année, ce qui n'est pas le cas au
Sahara
où toute période suffisamment pluvieuse à long terme fait défaut.
Néanmoins, cette période pluvieuse appelée « hivernage » présente une
durée et une intensité aléatoires
2.
Le climat semi-aride chaud à saison sèche principalement centrée sur
les 8 à 10 mois les moins chauds de l'année, typique des régions
sahéliennes se définit ainsi :
- chaud, tropical parce que la température annuelle moyenne le moins chaud est supérieure ou égale à 18 °C ;
- semi-aride parce que les précipitations annuelles moyennes sont assez basses, entre 250 mm et 450 mm (et supérieures à 100-150 mm) caractérisées par une très courte saison des pluies intense, irrégulière et imprévisible.
La saison sèche dure entre environ 8 et 10 mois par an selon les
localisations. Elle est souvent subdivisée entre une saison sèche et
chaude pendant les 2 ou 3 mois les moins chauds de l'année qui précède
l'autre saison sèche, très chaude et qui se termine lorsque les pluies
commencent. Bien que la saison des pluies est erratique, elle se produit
en règle générale en fin de saison chaude (2 à 4 mois les plus chauds
de l'année) :
Par exemple à
Khartoum,
Soudan ville que l'on peut qualifier de pleinement saharienne, les précipitations annuelles de
156,8 mm se répartissent ainsi :
151,3 mm en saison chaude (six mois les plus chauds : avril à septembre) et seulement
5,5 mm en saison "fraîche"
(six mois les plus frais : octobre à mars).
Par conséquent 96,5 % des précipitations annuelles tombent lors de la
saison chaude. Au sein de celle-ci les mois les plus torrides sont mai
et juin qui ne reçoivent respectivement que 0,9 et
1,2 mm :
la saison des pluies n'arrive que plus tard pendant la saison chaude,
entre juillet et septembre avec août étant le seul mois vraiment humide
(selon les critères de F. Bagouls et Henri Gaussen
qui considère qu'un mois est humide lorsque P (précipitations
mensuelles moyennes en mm) > 2 T (température mensuelle moyenne en
°C)). En moyenne, entre 80 % et 100 % de la quantité annuelle de
précipitations tombent pendant les trois mois les plus pluvieux au Sahel
et dans le Sahara méridional
3.
Les températures montent en flèche à la fin de la saison sèche, entre
mars et juin suivant la latitude plus ou moins septentrionale. L'été
sahélien correspond donc au printemps des latitudes tempérées. Pendant
ces mois-ci, où le Soleil règne en maître, le Sahel forme la région la
plus chaude du monde avec des températures dépassant facilement 40 °C au
plus chaud des journées : seuls certains déserts du
sous-continent indien
endurent des chaleurs « printanières » aussi extrêmes, ou presque. Le
vent chaud accentue aussi la sensation de chaleur. Dans le Sahel
occidental (Sénégal, Mali, Mauritanie), en moyenne légèrement plus chaud
que son homologue oriental, il est courant que les maxima quotidiens en
avril et mai dépassent 45 °C. Au Mali, par exemple, les moyennes des
maxima d'avril sont de 42,4 °C à
Ségou et de 44 °C à
Kayes4.
Cette chaleur saharienne, sèche, torride domine sur l'ensemble de
l'année mais le contraste est énorme avec la chaleur équatoriale,
humide, étouffante de la courte saison des pluies, l'hivernage qui
abaissent les maxima, alors que les minima nocturnes restent élevés.
Sans aucune période fraîche dans l'année, les températures moyennes
annuelles sont particulièrement élevées, surtout au nord à proximité du
désert, avec des valeurs dépassant partout 28 °C à quelques exceptions
près, et souvent elles atteignent 30 à 32 °C.
En réalité, on observe deux maxima de température au Sahel : le
premier, le plus prononcé, dont nous venons de parler, se produisant à
la fin de la saison sèche ; et le second moins accentué qui se produit à
la fin de la saison des pluies, lorsque la saison sèche reprend ses
droits, vers octobre-novembre, où les maxima quotidiens atteignent ou
dépasse encore couramment la barre des 40 °C. Cette dernière période est
celle de l'année où la visibilité est excellente, les pluies de
l'hivernage ayant évacué les poussières atmosphériques apportées par les
vents du désert régnant alors pendant la longue période de sécheresse.
Les précipitations sont essentiellement reçues sous formes d'orages violents donnant lieu à un fort
ruissellement de type hortonien (les intensités de pluie dépassent la capacité d'infiltration des sols). Les
isohyètes de 150 à 250 et 400 à
500 mm
sont relativement représentatifs des limites nord et sud de la bande
sahélienne. La limite sud représente également le minimum pluviométrique
pour pratiquer une
agriculture pluviale.
La notion de Sahel reste très élastique et certains auteurs considèrent
une limite sud bien plus méridionale, incluant des territoires qui,
floristiquement en tous les cas, appartiennent plutôt au soudanien.
Schiffers, par exemple, définit un Sahel-Large dont la limite sud,
située au Sud de
Bamako et
Ouagadougou, se situe en des régions où les précipitations atteignent ou même dépassent
1 000 mm, une contrée typiquement soudanienne avec
savane arborescente et forêt ouverte. Cette notion est également acceptée par Boudet
5.
Suivant des critères
phytogéographique, écologiques et agropastoraux, une subdivision souvent adoptée pour le Sahel est la suivante
6:
- La zone sahélo-saharienne : pluviométrie annuelle entre 150 et 250 mm.
- La zone sahélienne typique : pluviométrie annuelle entre 250 et 500 mm.
- La zone sahélo-soudanienne : pluviométrie annuelle entre 500 et 750 mm.
Par exemple, la moyenne pluviométrique annuelle sur la période 2000 - 2015 est de 457,7 mm à
Niamey, Niger ; 470,5 mm à
N'Djamena, Tchad ; 372,9 mm à
Abéché, Tchad ; 480,5 mm à
Mopti, Mali ; 309,7 mm à
Yélimané, Mali ; 391,4 mm à
Tahoua, Niger ; 368,4 mm à
Matam, Sénégal ; 307,9 mm à
Podor, Sénégal ; 371 mm à
El Fasher, Soudan ; 207,8 mm à
Kassala,
Soudan. Ces précipitations, déjà très limitées, sont, comme nous
l'avons déjà vu, réparties de façon très irrégulière dans l'espace et
dans le temps. À cette faiblesse des pluies, la sécheresse générale du
Sahel est encore accentuée par la température excessive et le grand
ensoleillement, dont la durée moyenne annuelle effective s'établit
généralement entre 2.700 et 3.700 h.
Le climat sahélien se retrouve aussi, avec des variantes, a) au centre-nord de l'Australie et plus précisément au nord du
Grand désert de sable dans le
Pilbara : Marble Bar,
Port Hedland, ou encore au nord du
désert de Tanami jusqu'à
Tennant Creek, b) au sud du Sind autour de (
Karachi), c) et enfin dans une petite région située aux confins des États du
Pernambouc,
Ceará,
Piauí,
Bahia dans le nord-est continental du Brésil.
Vu que les seuils de semi-aridité définis ici
(100-250 à 600 mm de précipitations) sont nettement plus bas que ceux de la
Classification de Köppen (390 à 780 mm pour des stations dont la température moyenne annuelle est de 25 °C et dont la saison sèche est centrée sur la saison "fraîche", et même 440 à 880 mm pour des stations à 30 °C), le climat sahélien, incidemment le climat le plus chaud sur
Terre, est à la limite des
climats semi-arides chauds (
BSh) et des
climats arides chauds (
BWh) de
Köppen.
Populations
La zone sahélo-saharienne est la région par excellence du
nomadisme et du
pastoralisme transhumant (
Peuls,
Daza,
Zaghawa,
Beja,
Afar,
Somali,
Touaregs,
Baggara, etc.), avec de grands troupeaux parcourant de petites distances lors de la
transhumance
saisonnière. Toute culture pluviale (ne dépendant que de l'eau de
pluie) y est impossible. C'était la région du commerce caravanier.
La zone sahélienne typique est principalement une zone de
pastoralisme parcourue par les mêmes groupes ethniques mentionnés
ci-dessus. Par endroit, la culture du
sorgho ou du
millet (
Pennisetum glaucum)
est pratiquée dans les zones de décrues. Cependant, à cause de la
pression démographique croissante, la culture du millet tend à remplacer
progressivement les pâturages. Ces cultures sont risquées et peu
productives. Cette tendance est particulièrement préoccupante car des
zones de moins en moins adaptées à l'agriculture sont désormais
cultivées, menant à la désertification.
La zone soudano-sahélienne, au sud de la bande sahélienne typique,
reçoit des pluies régulières estivales permettent aux paysans
sédentaires d'y cultiver le
sorgho, le
maïs, et le
coton. C'est une région de conflit entre les nomades mentionnés plus haut et les populations d'agriculteurs sédentaires (
Wolofs et
Sérères au Sénégal ;
Malinkés,
Bambaras,
Sonrhaïs et
Dogons au Mali ;
Songhaï,
Zarmas et
Haoussas au Niger,
Haoussas au Nigeria ;
Kanuris au Tchad et au Soudan ;
Mossis au Burkina Faso).
Géomorphologie et sols
Bien
que le Sahel ne possède pas de caractères géomorphologiques propres, il
est néanmoins caractérisé par l'étendue des dunes fossiles d'une part,
et par la fréquence des mares temporaires de saison humide d'autre part.
L'extension des sables date du
pléistocène supérieur lorsqu'une période aride vit le Sahara s'étendre
450 km au sud de ses frontières actuelles entre 30 000 et 12 000 ans
BP (
Ogolien)
6. Excepté les grands fleuves d'origine allochtone (
Sénégal,
Niger,
Logone-
Chari et
Nil),
le réseau hydrographique sahélien est constitué de cours d'eau
éphémères débouchant dans des mares et petit lacs temporaires
(endoréiques). Ceux-ci ont un rôle écologique important car ils
constituent généralement le seul moyen d'approvisionnement en eau pour
la faune durant la saison sèche, certains retenant de l'eau jusqu'au
printemps. La mare sahélienne (différente de son homologue, le
dhaya
saharien : une éphémère couche d'eau peu profonde dans un paysage qu'il
ne modifie pas) peut, lorsqu'elle est suffisamment large, et se
maintient en conséquence plus longtemps, former une oasis avec une
végétation ligneuse abondante.
Les sols sont majoritairement sableux, rouge-jaunâtre et légèrement acide (5<
pH<6). Quelques
vertisols sont présents dans des dépressions. Des sols peu profond sur
cuirasse latéritique sont communs dans la moitié sud de la bande sahélienne. Les sols sont généralement déficients en
phosphore et
azote. La matière organique ne constitue guère plus de 1 % de la couche superficielle
6.
Végétation
La steppe sahélienne est une formation de plantes
ligneuses.
Ce type de végétation a reçu néanmoins de nombreux autres noms plus ou
moins équivalents : Dornbuschsteppe, Akazienzone, Dornsavanne,
Niedergrassteppe, Halbwüste, semi-desert zone, semi-desert grassland,
desert scrub, wooded steppe, open thorn savanna, thorn scrub, thorn
steppe, acacia-desert grass savanna, etc
5.
En raison de la rareté de l'eau, les arbres sahéliens ont
généralement un faible développement aérien et un grand développement
souterrain. Dans les zones à sol profond et fragmenté des racines
traçantes qui peuvent aller chercher de l’eau jusqu’à la nappe
phréatique (
phréatophytes). La strate arborée est dominée par des épineux du
genre Acacia (
Acacia tortilis,
A. laeta,
A. seyal, etc.) mais bien d'autres arbres et arbustes prospèrent au Sahel.
Les espèces ligneuses permettent difficilement de définir des zones,
leur apparition et disparition étant graduelles et leur distribution se
chevauchant largement. Cependant, la physionomie du couvert herbacé, et
particulièrement celui des graminées, mène plus facilement de lui-même à
la définition de caractères zonaux. Du nord au sud et sur sol sableux,
on trouve en général la succession
7,8,6:
- La zone sahélo-saharienne : Une steppe de graminées cespiteuses pérennes très espacées, semi érigées à semi prostrées, ayant des feuilles principalement basales (type cespiteux basiphylle) et étroites (enroulées et parfois acérées), et une taille moyenne inférieure à 80 cm,
généralement non soumises aux feux. La couverture végétale tend à se
limiter aux lits d'oueds et dépressions (végétation contractée). Espèces
caractéristiques : Aristida pallida, Cymbopogon schoenanthus, Eremopogon foveolatus, Stipagrostis acutiflora, S. papposa, S. pungens, Panicum turgidum,
etc. Selon l'abondance des plantes ligneuses on parlera de steppes
herbacées et/ou graminéenne, buissonnante, arborée et/ou arbustive.
Quelques arbres et arbustes sont présents en faible densité : Leptadenia pyrotechnica est restreint aux dunes, Commiphora africana (Myrrhe africaine) et Balanites aegyptiaca tende à être localisés dans les pénéplaines
- La zone soudano-sahélienne : Une savane de graminées cespiteuses pérennes, distribuées uniformément, érigées, avec des feuilles épaisses, non enroulées, basales et caulinaires (type cespiteux cauliphylle), une taille moyenne supérieur à 1,5 – 2 m qui brulent annuellement. Espèces caractéristiques : Andropogon gayanus, Cymbopogon giganteus, Hyparrhenia dissoluta.
La strate ligneuse est dense et peut atteindre une couverture de
10-20 % dans les habitats sableux et plus de 60 % dans les dépression
limoneuses. Sur sol sableux, Combretum glutinosum, Guiera senegalensis et Sclerocarya birrea sont présents ; sur sol peu profond, Pterocarpus lucens et Combretum micranthum; sur sol argileux, Acacia seyal.
Autour des villages et des points d'eau permanents ou temporaires on trouve en abondance les espèces
rudérales suivantes :
Calotropis procera,
Zornia glochidiata,
Tribulus terrestris,
Gisekia pharnaceoides,
Cassia tora,
Cassia italica,
Cassia mimosoides,
Limeum viscosum et
Mollugo nudicaulis6.
La flore sahélienne possède une nette affinité
paléotropicale. La limite entre ce dernier et le
paléarctique est d'ailleurs localisée au milieu du
Sahara.
Les familles végétales dont le centre de gravité se trouve en dehors
des tropiques sont ici très peu représentées. Le Sahel ne possède que
peu d'espèces
endémiques : on peut retenir
Jatropha chevalieri Beille,
Euphorbiacée arbustive de l'ouest du Sahel (Mauritanie, Sénégal, Mali)
9,10. La flore est particulièrement pauvre : la flore de l'est de la
Mauritanie et de l'ouest du
Mali
ne compte que 200 espèces dans les relevés d'Audry et Rossetti. Ce
chiffre augmente sensiblement lorsque l'on tient compte de la flore des
vallées de grands fleuves, d'affinité soudanienne, ou de régions
d'altitude.
Il semble que le feu soit à l'origine de la séparation de la prairie
estivale annuelle en deux zones distinctes. Les graminées pérennes
survivent dans les zones les plus arides car la biomasse y est trop
faible pour entretenir un feu ; à l'inverse, dans le sud, à cause du
régime hydrique plus favorable, les graminées pérennes se maintiennent
en place dans les zones les plus humides, peu propices aux incendies
6.
Il faut également noter que la végétation sahélienne sur
plateaux latéritiques a souvent un aspect strié, ou en rosaces, sur les photographies aériennes. Ce phénomène, connu sous le nom de «
brousse tigrée »
11, se produit également dans les autres régions semi-arides du monde.
Évolutions de la flore
Le
Sahel fut autrefois plus vert, il s'est désertifié, en partie à cause
du surpâturage et du déboisement et à cause de modifications climatiques
globales depuis la dernière glaciation. Plusieurs plans de
revégétalisation ont été mis en œuvre, souvent sans succès. Dans le
bassin versant malien du
Bani (
130 000 km2), les données de
télédétection (indice de végétation satellitaire ou NDVI pour
Normalized difference vegetation index)
montrent un léger reverdissement de 1982 à 2010, ainsi que dans
plusieurs zones d'Afrique de l'Ouest, sans augmentation significative de
la pluviométrie.
[réf. nécessaire]
Il s'explique par la mise en culture de certaines zones (passant de
13 % à 23 % des terres entre 1985 et 2000 dans le nord du Bani), ainsi
ailleurs que par une revégétalisation spontanée. Un déficit
pluviométrique a été constaté de 2000 à 2006, mais après une
augmentation de 1982 à 1999 qui a pu profiter à la flore pérenne ensuite
restée vivace durant la période sèche.
[réf. nécessaire]
Mammifères
Une gazelle dorcas du nord de l'Afrique
La faune du Sahel n’est pas particulièrement riche en nombre
d’espèces de mammifères. Un des genres les plus diversifiés est celui
des
gazelles, bien adaptées au climat semi-aride. Plusieurs espèces de gazelles côtoient ainsi la zone sahélienne, comme la
gazelle dama (
Gazella dama), la
gazelle dorcas (
G. dorcas) et la
gazelle à front roux (
G. rufifrons),
pour ne nommer qu’elles. Très étendues par le passé, ces espèces sont
pour la plupart devenues rares en milieux sahéliens. Une autre espèce de
gazelle était présente dans cette région, mais est maintenant
considérée comme éteinte à l’état sauvage, l’
oryx algazelle (
Oryx dammah)
12. Le sahel possède en plus, au moins 4 espèces de gerbilles
endémiques (
Gerbillus bottai, G. muriculus, G. nancillus et
G. stigmonyx).
Plusieurs prédateurs, comme le lion, la panthère et le chien sauvage,
étaient présents dans la région du Sahel, mais ces espèces ne s’y
retrouvent plus
8.
Accentuation de la sécheresse et de la désertification ou reverdissement ?
Le Sahel est une région en proie à la
sécheresse13,14 et à une
désertification15
qui a connu une progression importante des années 1950 à 1990, avec
deux pics de sécheresse dans les années 1970 et dans les années 1980 sur
toute la région sahélienne
16. À partir de 1900, le Sahara a progressé vers le sud de
250 km sur un front large de
6 000 km. La steppe du Sahel connaît un dessèchement relativement brutal qui a pour conséquence une
famine
endémique. Les troupeaux ne trouvent plus de pâturages et les cultures
souffrent d’un manque d’irrigation. Les éleveurs sahéliens doivent
désormais parcourir des kilomètres dans le sable pour faire paître leurs
troupeaux. Au Sahel, les tentatives pour arrêter l'avance du désert
restent vaines. Des terres sont perdues chaque année, des troupeaux
décimés, la famine est parfois sévère. Deux sécheresses successives en
1970 et 1984 ont ruiné les éleveurs nomades.
Cependant, une amélioration a ensuite été observée selon des travaux
alliant observations de terrain et données satellitaires, avec dès le
début des années 1990 une reprise généralisée de la végétation (qui suit
globalement le rétablissement des précipitations
16).
L'ensemble du Sahel ayant subi de très fortes sécheresses entre les
années 1950 et 1990, la théorie d'une désertification du Sahel a pu être
ravivée, ainsi que celle prédisant une avancée rapide du Sahara sur le
reste du continent. Pourtant dès les années 1990, l'analyse des premiers
indices de végétation satellitaires acquises à l'échelle du globe à une
fréquence journalière a mis en évidence une nette augmentation de ces
indices positifs
16.
On parle alors de reverdissement du Sahel dans certaines régions où les
populations agricoles ont été soutenues par des ONG et des agronomes
occidentaux. Cela n'exclut pas que dans certaines régions, ou à
l'échelle locale, une dégradation du couvert puisse aussi être observée
(comme sur les sols agricoles soumis à érosion ou sur quelques terroirs
agricoles) ce qui tend à réconcilier les deux théories. Une analyse a
montré que ce reverdissement n'est pas homogène, ainsi il a été confirmé
sur le terrain (pour la période 1984-2011) dans la région du Gourma au
Mali pour les sols sableux profonds, mais pas pour les sols peu profond
qui ont continué à s'éroder ou se dégrader); Dans le même temps la
région Fakara (sud-ouest du Niger) n'a pas vu sa situation s'améliorer
16.
Prospective : Depuis les années 1970
17, on cherche à modéliser les dynamiques d'avancée/recul du désert, et les tendances en termes de température et pluviométrie
18, pour se projeter dans le futur
19,20.
Les résultats des simulations récentes faites sur la base des scenarii
standards du GIECC se montrent assez différents selon les types de
modèles
21,22. Le réchauffement de l'océan semble expliquer la sécheresse du
XXe siècle mieux que les questions de changements d'occupation du sol ou d'albedo
23.
Un nouveau scénario ; simulation "
CM2" (qui s'est avéré très proche de la réalité quand on l'a fait tourner rétrospectivement sur la seconde moitié du
XXe siècle)
publié en 2006, prévoit une sécheresse très aggravée (plus grave que ce
que prévoyaient tous les scenarii IPCC-AR4 pour le
XXIe siècle. Les auteurs de ce travail fait avec la
NOAA24 invitent à considérée sérieusement comme scénario d'avenir possible une sécheresse encore aggravée au
XXIe siècle,
tout en restant prudent en raison des imperfections des modèles (ex :
en 2008 l'évapotranspiration et encore un paramètre complexe mal
modélisé
25).
Lutte contre la désertification
Cependant
en limite sud du Sahel, en zone soudano-sahélienne, on observe des
améliorations ponctuelles mais significatives. L’action conjuguée des
ONG (Organisations non gouvernementales) et des populations locales
d’agriculteurs, a permis des progrès tangibles, surtout dans les
domaines de l’hydraulique villageoise, de l'
agroforesterie,
de l’amélioration des terroirs et des cultures. Ces résultats ont été
constatés sur le terrain et par satellite de 1990 à aujourd’hui,
notamment au Niger
26, et au Burkina Faso
27.
Tourisme
Le Sahel
est un environnement politique instable connaissant un déficit de
tourisme depuis le classement de la zone en rouge par le
Centre de Crise du Ministère des Affaires Étrangères Français : il y a eu huit enlèvements en 2011 (au
Niger),
des cellules terroristes y sont actives ou dormantes et des bandes
armées y sont établies durablement et y circulent, surtout de