mardi 14 février 2017


Ben Bella, Boumédiène, Chadli, le Sahara… Les archives déclassifiées de l’agence américaine constituent une plongée fascinante dans les arcanes du pouvoir algérien entre 1962 et 1988.
Sans être aussi explosifs et dévastateurs que les câbles diplomatiques de WikiLeaks, les documents que la CIA a récemment déclassifiés, conformément au Freedom of Information Act de 1966, qui oblige le gouvernement fédéral à donner libre accès à certains documents administratifs, n’en sont pas moins édifiants. Élaborés sur la base d’informations récoltées sur le terrain par les agents de la Centrale, ces mémorandums sont constitués de briefings quotidiens, de notes de synthèse, d’analyses et d’études prospectives qui touchent à tous les secteurs de la vie d’un pays. Ils proposent aux différentes responsables de l’administration américaine de précieux et indispensables supports stratégiques, orientations et autres conseils susceptibles de les aider dans le decision making.
Ainsi, peu de temps avant la visite historique du président Chadli Bendjedid aux États-Unis en avril 1985, la CIA avait produit des centaines de pages d’analyses sur le régime algérien, son arsenal militaire, sa situation économique, ses relations avec ses voisins, ainsi qu’un portrait psychologique du chef de l’État. Bien que certains de ces documents aient été caviardés pour protéger les sources de renseignements ou le processus de leurs collectes – procédé très courant chez tous les services d’intelligence du monde –, ils offrent une plongée fascinante et riche dans les arcanes du pouvoir algérien depuis l’indépendance du pays, en 1962, jusqu’à la fin des années 1980.

« Nous ne croyons pas que Boumédiène utilisera l’armée pour renverser Ben Bella. »
La CIA jugeait Boumédiène loyal

La CIA a-t-elle surestimé les capacités du président Ahmed Ben Bella, arrivé au pouvoir en 1962 avec le soutien de l’armée des frontières, à se maintenir à son poste ? Dans une longue note secrète élaborée avec le concours de différentes branches du renseignement et de l’intelligence, la Centrale écrit le 23 décembre 1964 : « Nous pensons que les chances de Ben Bella de demeurer au pouvoir durant les deux prochaines années sont bonnes. » L’agence de Langley estime que le président devrait s’appuyer sur l’establishment militaire, notamment Houari Boumédiène, vice-président et ministre de la Défense, qui « semble loyal ». Le mémo ajoute : « Nous ne croyons pas que Boumédiène utilisera l’armée pour renverser Ben Bella, sauf dans des conditions extrêmes. »

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