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déploie le tapis rouge... pour Emmanuel Macron, candidat à la
présidentielle française d'avril prochain, avec son mouvement En
marche !. Un accueil digne d'un chef d'État : rencontre avec le Premier
ministre Abdelmalek Sellal, déjeuner officiel avec le ministre des
Affaires étrangères Ramtane Lamamra, échange bilatéral avec les
ministres de l'Éducation nationale Nouria Benghabrit-Remaoun et des
Affaires religieuses Mohamed Aïssa. Mardi 14 février, place à l'économie
avec le Forum des chefs d'entreprises algérien, auquel le candidat d'En
marche ! prendra part. Rien n'est laissé au hasard alors que l'Algérie
est considérée depuis des années comme un passage obligé pour les
candidats à la présidentielle française. Nicolas Sarkozy en 2006 ; on y a
déjà vu Alain Juppé il y a un an à Oran, ville jumelée avec Bordeaux ;
Arnaud Montebourg s'était lui aussi rendu à Oran et à Alger ; François
Hollande avait fait le déplacement dès 2010.
L'Algérie, vraiment incontournable ?
L'Algérie est « incontournable dans une
campagne présidentielle » française, souligne l'entourage d'Emmanuel
Macron, en raison de ses liens historiques, culturels mais aussi
économiques et commerciaux avec la France. « C'est un pays avec lequel
nous n'avons pas de partenariats formalisés mais qui est pourtant un
partenaire important », note le conseiller. « Il y a énormément de
sujets à aborder, de possibilités de coopération, en pensant notamment
aux préoccupations sur la sécurité en Méditerranée », poursuit-il. Après
la Tunisie en novembre, le Liban en janvier, et en attendant la
confirmation d'une possible visite au Maroc, Macron multiplie les gestes
durant sa campagne en direction des pays du bassin méditerranéen. Pour
lui, « la politique arabe et méditerranéenne doit être replacée au cœur
de (la) diplomatie » française.
« Mais sa conviction profonde est que la
zone (méditerranéenne) n'est pas l'apanage de la France, mais bien
l'affaire de toute l'Europe », précise un conseiller de l'ex-ministre de
l'Économie. Macron, qui plaide pour un renforcement de l'agence
européenne des gardes-frontières et gardes-côtes (Frontex), avait ainsi
appelé à « s'appuyer sur l'Algérie et l'Égypte, qui ont les mêmes
intérêts que nous », pour agir en Libye.
Un séjour qui devrait donc asseoir un peu
plus la stature internationale du candidat Macron et, au-delà, lui
permettre de gagner des voix ? La communauté franco-algérienne est un
réservoir de près d'un million et demi de binationaux résidant en
France. Et quoi de mieux pour quelqu'un de sa génération, qui n'a pas
connu la guerre d'Algérie, que de placer le curseur sur le renouveau des
relations franco-algériennes. « Pour la France, l'Algérie est une
priorité. Le dialogue avec les Algériens est essentiel. L'histoire qui
nous lie est ancienne et elle a forgé nos deux pays. Je souhaite que
nous entrions dans une nouvelle phase de notre histoire et je veux
placer nos relations dans un avenir partagé, riche des liens tissés
entre nos deux peuples. Nous devrons ensemble trouver des domaines de
coopération et travailler sur des projets précis, en particulier tournés
vers la jeunesse », a-t-il déclaré lors d'une interview parue ce lundi
au journal El Watan. Un message qui sera scruté par les
Algériens. Dans une tribune parue sur le site d'information algérien
Tout sur l'Algérie, à l'occasion de sa visite dans le pays, le candidat
d'En marche ! y détaille sa vision sur plusieurs thèmes, dont
l'éducation, l'économie, l'industrie, mais aussi, très important, la
mémoire.
Ses propositions
Le candidat d'En marche !, actuel favori de
la présidentielle selon les sondages, veut renforcer les liens dans
l'éducation, d'où sa rencontre avec l'une des ministres les plus en vue
d'Alger, Nouria Benghabrit-Remaoun. « Je proposerai au gouvernement
algérien la création d'un office franco-algérien de la jeunesse, à
l'instar de ce qui existe entre l'Allemagne et la France, pour favoriser
la mobilité entre les deux rives de la Méditerranée », écrit-il.
L'ancien ministre de l'Économie veut aussi
booster les projets industriels entre les deux rives. En jeu ? Des
emplois pour la France comme pour l'Algérie. « Dans le scolaire, par
exemple, l'Algérie a le plus grand potentiel au monde ! » ajoute-t-il.
« Ma proposition concrète sera de créer une communauté économique
franco-algérienne dans le secteur des renouvelables », dit-il, estimant
possibles 4 milliards d'euros d'investissements.
Un passage scruté
Emmanuel Macron doit également déposer une
gerbe au mémorial du Martyr, un monument aux morts surplombant Alger qui
rend hommage aux combattants de la guerre d'indépendance, avant de se
rendre à la basilique Notre-Dame d'Afrique. Des gestes mais aussi des
paroles d'Emmanuel Macron qui seront attentivement scrutés par les
Algériens alors que le candidat hors parti avait dit dans un entretien
au Point en novembre dernier reconnaître les exactions et la
torture commises par la France coloniale mais estimé que cet épisode
avait également permis de développer l'Algérie. Des propos qui
rappellent ceux de François Fillon, candidat à la primaire de la droite
pour la présidentielle, qui, en septembre dernier, avait comparé la
colonisation française à « un partage de la culture ».
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