Belgique Implanté depuis quarante ans en Belgique, le courant salafo-wahhabite a encore de beaux jours devant lui. L’Arabie saoudite a assuré dimanche ne pas financer ni soutenir les institutions radicales de Belgique ou de tout autre pays. Elle dénonce des "préjugés qui ne reflètent pas la réalité" du royaume wahhabite. L’Arabie saoudite "condamne sous toutes ses formes le terrorisme, ses partisans et ceux qui le justifient", précise le communiqué.
Cette déclaration survient alors que les représentants de la grande mosquée du Cinquantenaire ont comparu lundi devant la Chambre dans le cadre de la commission "attentats". Mais elle intervient aussi à la suite d’une publication du "Standaard" qui révélait le 8 février un rapport de l’Ocam (Organisation de coordination pour l’analyse de la menace) qui souligne qu’une forme radicale de l’islam se propage en Belgique au détriment de l’islam modéré. "Un nombre croissant de mosquées et de centres islamiques en Belgique sont sous l’emprise du wahhabisme, l’appareil missionnaire salafiste", a averti l’organisme
Le wahhabisme (voir ci-contre) est un courant radical de l’islam sunnite promu par l’Arabie saoudite. Il s’est implanté en Belgique en 1974, année durant laquelle l’Etat belge reconnaissait l’islam comme religion officielle et où l’Arabie saoudite obtenait les clefs de la grande mosquée du Cinquantenaire ainsi que la direction du Centre islamique et culturel de Belgique qui s’y trouve.
Influencer subtilement
A la question de savoir si l’Arabie saoudite finance et influence ou pas les institutions radicales de Belgique, la réponse de Radouane Attiya, chercheur en islamologie à l’université de Liège, est complexe. Pour lui, il est certain que la grande mosquée du Cinquantenaire n’appelle pas directement au djihad. "Depuis 2001, l’Arabie saoudite mène une politique sévère pour contrer les mouvances radicales et mène un nettoyage en interne de ses associations et de ses ONG", précise ce dernier. Pour le chercheur tout comme pour l’islamologue Michael Privot, la grande mosquée promeut un discours conservateur "qui n’encourage pas l’inclusion et l’intégration des fidèles dans la société belge".