mardi 14 février 2017

Appli Al Khattaba : "On va avoir un beau mariage Inch’Allah"

Appli Al Khattaba : "On va avoir un beau mariage Inch’Allah"
Une saoudienne passe devant un magasin de robes de mariée (FAYEZ NURELDINE / AFP)

En Arabie Saoudite, une appli de rencontres s'est adaptée aux mœurs conservatrices de la société saoudienne.

  • Dans une culture où le flirt n’existe pas, où les hommes et femmes célibataires ne se rencontrent jamais et où la pression du mariage est énorme, il est très difficile pour les jeunes Saoudiens de trouver leurs futur(e)s conjoint(e)s. Heureusement, l’application « Al Khattaba » est là pour simplifier les rencontres « halal » entre filles et garçons.
    C’est à Beyrouth que nous avons rencontré Cédric Maalouf l’un des deux créateurs de «Al Khattaba ». Il y a quelques années, lui et son associé Rakan Nimer, ont pris conscience que des dizaines de sites de rencontre existaient dans le monde arabe sans qu’aucun ne soit vraiment adapté à la culture locale.

    Du coup, ces deux Libanais ont eu l’idée (plutôt géniale) de lancer une appli de rencontres spécialement adaptée aux sociétés arabes traditionnelles. En 2013, ils dévoilent Et3arraf (qui signifie faire connaissance), une première plateforme en langue arabe seulement et destinée à un public plus conservateur.
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    Très vite, ils découvrent que les utilisateurs qui sont les plus actifs sont des Saoudiens donc petit à petit les deux compères décident de se concentrer sur ce public. « Pour mieux coller à la culture saoudienne on a rebaptisé l’appli par « Khattaba ».

    En Arabie Saoudite la khattaba, c’est la femme que l’on paye pour arranger les couples, c’est un concept ancien et traditionnel.
    "Nous on s’est inspiré de ce concept et on y a intégré la technologie", explique Cédric Maalouf.
    Aujourd’hui, l’application connaît un très grand succès dans ce royaume où les jeunes ont très peu d’occasion de rentrer en contact.
    L’application compte 750.000 utilisateurs dont 200.000 actifs et en moyenne plus de 1200 login par utilisateurs actifs.

    Passionnément conservateur

    Quand les utilisateurs s’inscrivent, ils doivent jurer par dieu qu’ils sont là pour se marier. Ensuite, ils doivent remplir un long questionnaire de personnalité mis en place par une psychologue.
    Les questions sont très adaptées à la culture locale. « Bien sûr, on ne va pas demander aux Saoudiens ce qu’ils regardent en premier chez une femme, comme sur les sites occidentaux » sourit le Libanais.
    Grâce au questionnaire, les gestionnaires peuvent savoir le degré de conservatisme de la personne.
    « On demande par exemple quel est le rôle attends-tu des différents membres de la famille ? Est-ce que tu préfères un partenaire tribal ou pas ? Plutôt chiite ou sunnite? Pour ou contre la polygamie ? Est-ce que tu accepterais que ta femme travaille ? Veux-tu rencontrer quelqu’un qui a vécu à l’étranger ? Accepterais-tu d’être la seconde femme d’un homme déjà marié ? En fonction des réponses un algorithme matche la personne avec différents profils. »
    La start-up libanaise a récupéré beaucoup de données et celles-ci bousculent pas mal les clichés. Par exemple, moins de 1% des utilisateurs souhaitent la polygamie, on est loin de l’image véhiculée de l’Arabe suivi de ces quatre femmes.
    Les utilisateurs saoudiens ont aidé les concepteurs pour que le questionnaire corresponde au mieux à leur culture et leurs attentes.
    "Par exemple cette question du tribal, on y aurait jamais pensé sans eux."
    Après le quizz, l’équipe valide manuellement chaque profil pour faire un premier filtre. Ensuite, l’application essaye de mettre en contact des gens qui partagent les mêmes valeurs et mêmes principes. La deuxième couche d’algorithmes est basée sur l’intelligence artificielle qui analyse avec qui la personne interagit le plus et qui lui répond le mieux.
    Dès lors, l’application comprend ce qu’il/elle recherche et lui propose de nouveaux matchs.

    Pas là pour flirter

    Contrairement aux campagnes de communications des autres sites du genre, on ne voit ici, ni jolies jeunes femmes pulpeuses, ni grands bruns ténébreux. Tout est basé sur des illustrations.
    « On est vraiment sérieux, ce n’est pas un site de rencontres, les utilisateurs sont là pour le mariage. »
    Les photos sont floutées au départ mais après avoir commencé à dialoguer, les utilisateurs peuvent faire une demande pour « déflouter » la photo, cependant aucune photo n’apparait sans avoir été validée par le système. L’application bannit ses utilisateurs à la moindre erreur.
    « Si tu écris un mot interdit ou si tu fais des allusions trop sexuelles le filtre te capte et tu risques d’être banni, on a plusieurs niveaux d’exclusion. »

    Un tabou de société et des parents à apprivoiser

    Se rencontrer par internet reste un grand tabou. Selon Cédric Maalouf, les utilisateurs ne préfèrent pas que l’on sache qu’ils utilisent une appli, parce qu’aux yeux de la société, ça signifierait que leurs parents ne sont pas capables de leur trouver un(e) conjoint(e).
    « Le tabou est aussi fort que le besoin. Mais il faut se souvenir qu’il y a quelques années c’était très mal vu en France aussi d’être sur des sites de rencontres. Alors oui, les pays arabes sont un peu en retard mais c’est notre challenge de dépasser ça. »
    Outre le tabou, le grand obstacle des deux Libanais demeure les parents des futurs mariés.
    « Les jeunes Saoudiens autour de moi n’ont d’autres choix que de suivre le choix de leurs parents qui organisent les mariages entre familles. Du coup, ils utilisent l’application plus pour s’amuser que pour se marier parce qu’ils savent qu’il est peu probable que ça aboutisse sur un mariage puisqu’ils n’ont pas le choix. » nous a confié un consultant du secteur public en Arabie Saoudite qui a préféré rester anonyme.
    Les concepteurs de l’application sont bien conscients de cet obstacle.
    « On voudrait intégrer les parents sur la plateforme, parce qu’on est un peu déçus, on a créé des couples mais les parents empêchent plus de 20% des mariages. Si on arrive à les intégrer en amont ça facilitera les choses.»

    Une société qui évolue à son rythme

    Selon notre source en Arabie Saoudite, l’ouverture d’esprit dépend aussi fortement de la ville dans laquelle on se trouve. Jeddah est par exemple beaucoup moins conservatrice que Riyad. En trois ans, 1400 mariages ont été célébrés grâce à la Khattaba 2.0.
    L’application entre dans la mouvance de cette jeunesse saoudienne à la fois hyper connectée et tout à fait traditionnelle.
    « On a eu des messages « ce que vous faites c’est haram » mais c’est vraiment rare la plupart, ce sont plutôt des témoignages du genre « merci, que dieu vous aime, j’ai rencontré ma fiancée et on va avoir un beau mariage Inch’Allah»», conclut Cédric Maalouf.
    Aussi le Libanais se félicite de n’avoir été informé d’aucun divorce jusqu’à maintenant (hors divorcer est devenu un véritable phénomène de société). Cédric Maalouf et le consultant affirment tous les deux sentir que l’Arabie Saoudite est en train d’évoluer, à son rythme certes, mais quand même…
    Jehanne Bergé

    Jehanne Bergé

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    Je commente9 commentaires

    Paul Chabert a posté le 6 février 2017 à 06h43
    Le mariage, aimer être aimée fidèlement toute la vie, pardonner et être pardonné, image terrestre de l'amour divin... et perverti par des arrangements bassement humain et matériels.
    fredo roussel a posté le 5 février 2017 à 16h44
    les sociétés occidentales sont les plus polygames ne sont meme pas limitées à 4 femmes. Sauf que ça porte un autre nom: maitresses.
    Victor deadpool a posté le 5 février 2017 à 15h30
    quand un journal qui se dit "progressiste" fait de la pub pour une appli d"un mode de vie "passionnement conservateur"
    a gerber, pas etonnant que marine le pen fasse autant quand on voit ces exces.
    laurence mas a posté le 5 février 2017 à 13h43
    "tribal" ..."polygame" .....La Modernité au service des archaïsmes religieux ....Ah que c'est Bô le Progrès !!

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