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Philippe Hensmans (Amnesty): "L'Arabie Saoudite, c'est un EI légal, autorisé"

Philippe Hensmans, d'Amnesty International
Philippe Hensmans, d'Amnesty International - © FRANCOIS WALSCHAERTS - BELGA
Amnesty International manifeste ce lundi à Bruxelles devant l’ambassade d’Arabie Saoudite en faveur de Raif Badawi et d’autres prisonniers d’opinion.
Raif Badawi est un blogueur et défenseur des droits de l’Homme saoudien qui est détenu depuis un peu plus de deux ans dans son pays. Le 9 janvier 2015, il y a deux ans jour pour jour, il avait été flagellé une première fois en public pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression, il aurait dû être flagellé tous les vendredis suivants, mais grâce à la pression internationale, la flagellation a à chaque fois été reportée. Deux ans d’emprisonnement éprouvants pour lui.
Son épouse Ensaf, qui était de passage à Bruxelles il y a quelques semaines et qui vit au Canada avec leurs deux enfants, explique: "Il est toujours courageux, il est toujours fort, c’est vrai qu’être loin de sa famille, de ses enfants, pèse lourd, mais il croit toujours à sa liberté et à ses idées. Il n’a fait que s’exprimer d’une manière respectueuse, libre, pacifiste. Évidemment, la liberté a son prix, nous sommes conscients du prix à payer, mais il n’a fait que parler librement et on ne fait qu’attendre, et on espère bien qu’il sera bientôt libéré".
Philippe Hensmans, directeur de la section francophone belge d’Amnesty International, était ce matin invité dans Matin Première.
Est-ce que, comme Ensaf Badawi, vous croyez à la liberté de son mari ?
"On espère toujours en tout cas, sinon on arrêterait de se battre, on est des têtus pour ça. On va se battre jusqu’au moment où il sera libéré, lui et d’autres d’ailleurs, parce que le problème c’est qu’en Arabie Saoudite, la liberté d’expression est totalement interdite ou à peu près. Il n’y a pas d’institution politique, il n’y a pas de partis politiques, les syndicats ne sont pas tolérés. Depuis mars 2011, il y a eu un genre de printemps arabe en Arabie Saoudite. La répression s’est encore accentuée, donc il est clair que c’est difficile aujourd’hui, et les opposants sont souvent exécutés, décapités et crucifiés par exemple.
Il y a un prix très lourd à payer quand on veut obtenir la liberté d’expression. Mais, en même temps, on voit bien que des régimes comme ceux-là peuvent être sensibles à une pression internationale, et c’est ça qu’on espère. Il y a encore 950 coups de fouet qui pendent au-dessus de la tête de Raif, mais ils n’ont pas été infligés, donc c’est certainement le résultat de la pression internationale".
C’est un client qui nous achète beaucoup d’armes, ils ont passé en 2015 ou 2014, plus de 3 milliards de contrats avec la Wallonie, il a beaucoup de pétrole, c’est un acteur important dans la région par rapport à l’Iran, c’est évident que là il joue un rôle capital dans la région
Vous parlez de crucifixion, de coups de fouet, pourquoi ce qui se passe en Arabie Saoudite ne semble pas indigner nos dirigeants ? Parce que si on dit que c’est l’État islamique qui le fait, là tout le monde va être indigné.

"C'est un EI légal, autorisé si on veut, l’Arabie Saoudite. C’est évident que c’est un bon client, c’est un client qui nous achète beaucoup d’armes, ils ont passé en 2015 ou 2014 (c'était bien en 2014, NDLR) plus de 3 milliards de contrats avec la Wallonie, il a beaucoup de pétrole, c’est un acteur important dans la région par rapport à l’Iran, c’est évident que là il joue un rôle capital dans la région. Donc pour toutes ces raisons, on tolère beaucoup de choses, parce qu’il y a ce qui se passe en Arabie Saoudite, mais aussi ce que l’Arabie saoudite fait à l’extérieur, et notamment au Yémen où il n’hésite pas à bombarder des écoles, des mosquées, les hôpitaux. On leur vend des bons pour réaliser tout ça, c’est clair qu’il y a un laisser-faire, un laisser-aller complet parce qu’il y a des intérêts politiques, économiques et diplomatiques dans la région qui autorisent ce genre de choses".
Vous faites un rassemblement ce soir. Est-ce que ce n’est pas le pot de terre contre pot de fer ?
"Oui et non, il y a des millions de membres dans le monde et des gens qui se bougent et qui écrivent des lettres toutes les semaines. Il y a encore des sections qui font une manifestation toutes les semaines devant l’ambassade d’Arabie Saoudite. En tout cas, ça montre qu’il y a deux éléments. Un, ça rappelle aux autorités qu’il faut libérer ces personnes et deux, ça donne de l’espoir à la personne elle-même, parce que Ensaf lui envoie des informations en disant 'Regarde il y a encore eu des manifestations', et ça permet à ces prisonniers de vivre une vie un peu plus décente en prison sans doute".


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