D’une
contrée européenne à l’autre, les partis d’extrême-droite ne sont pas
avares d’analogies immondes entre « islam et fascisme » pour asseoir
leur pouvoir tétanisant sur les foules.
De Geert Wilders, l’islamophobe fulminant des
Pays-Bas, à Marine Le Pen, la tornade blonde du terroir qui boit ses
paroles fielleuses lorsqu’il ose comparer « Mein Kampf au Coran », en
passant par Heinz Christian Strache, le leader vindicatif du
néo-fascisme autrichien, qui a éructé de rage à Salzbourg devant un
auditoire conquis d’avance, c’est peu dire que les ultras du
nationalisme sèment un vent mauvais sur le Vieux Continent…
A la tête du « Parti de la liberté », férocement
anti-islam et anti-immigrés, Heinz Christian Strache a embrasé les
esprits déjà passablement chauffés à blanc lors d’une grand-messe
électrisante qui a eu lieu, samedi soir, dans la ville qui a vu naître
Mozart. Dans le concert assourdissant de l’islamophobie banalisée à
dessein, c’est la musique grinçante de « l’interdiction totale de
l’islam fasciste » qui a retenti, s’élevant au-dessus des cris de fureur
qui ont acclamé un volontarisme politique plus haineux qu’harmonieux.
« Laissez-nous mettre un terme à cette politique
d'islamisation ! Sinon, nous Autrichiens, nous Européens, nous allons
connaître une fin certaine », a hurlé ce prophète de malheur, avant
d’appeler à viser le « niveau zéro de l’immigration ».
Dans une Autriche qui compte 600 000 musulmans, la
suggestion, éminemment islamophobe, émise en décembre par un syndicat de
droite avait créé une forte dissonance au milieu des chants de Noël,
renforçant le sentiment d’exclusion ressenti douloureusement par la
communauté musulmane : il avait été en effet proposé de supprimer les
primes de Noël aux musulmans, au prétexte « qu’ils sont contre les
traditions chrétiennes ».
Rien d’étonnant, dans ce climat devenu
irrespirable malgré les verts alpages, à ce que « 85% des jeunes
musulmans » ne se sentent pas reconnus comme des Autrichiens à part
entière, souffrant d’être continuellement voués aux gémonies et mis à
l’index. Ce ressentiment, qui ne cesse de grandir, conduit lentement
mais sûrement vers la radicalisation, comme l’a mis en lumière une étude
édifiante sur la jeunesse musulmane à Vienne.
Quand on sait que le chant strident des sirènes de
l’extrême-droite autrichienne, placée sous la férule de Heinz Christian
Strache, résonne doucement aux oreilles d’une large frange de la
population, ainsi que l’a démontré la récente élection présidentielle,
on peut légitimement s’inquiéter devant la perspective de lendemains qui
déchantent, si jamais elle accédait un jour au pouvoir suprême.
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