“Ils ont adopté une attitude stupide à l’égard de leurs alliés” : tel est le jugement pour le moins sévère porté par le quotidien saoudien Arab News sur les membres du Congrès américain. Les Saoudiens sont vent debout contre la loi dite Jasta (Justice against Sponsors of Terrorism Act) que les sénateurs et représentants américains viennent de voter, passant outre le veto du président Barack Obama.
La presse saoudienne continue ainsi d’exprimer son aigreur face aux Américains après l’adoption, le 28 septembre, d’une loi qui permet des poursuites contre Riyad pour crimes terroristes, notamment en autorisant les proches de victimes du 11 septembre 2001 à poursuivre en justice l’Arabie Saoudite. C’est aussi l’occasion d’affirmer que Riyad cherchera de nouvelles alliances régionales pour se libérer de la tutelle américaine.
Selon le journal, les chefs de file républicains seraient désormais soucieux de réparer les pots cassés. Il cite notamment les réserves émises par Paul Ryan, membre du Parti républicain et président de la Chambre des représentants, ainsi que Bob Corker, qui dirige la commission des Affaires étrangères au Sénat, selon lequel la loi devrait être revue après l’élection présidentielle du 8 novembre.
Il n’empêche que cet épisode “aura mis en danger les vieilles relations saoudo-américaines”, estime l’éditorial du journal, qui souligne que cela conforte Riyad dans l’idée qu’il doit mener sa propre politique régionale.
“Cela montre à quel point l’actuelle visite du prince héritier Mohamed Ben Nayef en Turquie tombe au moment opportun”. Car, après “les huit années désastreuse de l’administration Obama, […] il s’avère que les dernières forces capables d’agir positivement dans la région sont Riyad et Ankara”.
Et d’expliquer les bases de cette alliance turco-saudienne : “Les deux pays sont sunnites, ont des liens commerciaux historiquement excellents et sont d’accord sur la plupart des sujets, notamment par rapport à la Syrie, où les deux soutiennent le peuple contre le tyran Bachar El-Assad.”