En 2016, après les campagnes victorieuses du Brexit au Royaume-Uni et de Donald Trump aux États-Unis, la post-vérité était désignée mot de l'année par le dictionnaire britannique Oxford, et les fakes news
décrites comme un phénomène inédit. Mentir pour un but politique en
ignorant et distordant les faits n'a pourtant rien de nouveau. Dans un
article publié le 24 juillet par le British Medical Journal Global Health,
Tim
Dyson
et
Valeria
Cetorelli
, chercheurs à la London School of Economics (LSE), démontrent la « supercherie magistrale » du gouvernement irakien de Saddam Hussein,
qui a entretenu pendant des années le mythe de la mort d'environ un
demi-million d'enfants irakiens à cause des sanctions imposées au pays.
En août 1990, l'Irak,
dirigé par Saddam Hussein depuis 1979, envahit le Koweït. La réponse
internationale ne tarde pas, d'abord sous la forme de sanctions
économiques, puis d'une intervention militaire menée par les États-Unis.
Rapidement, des craintes émergent sur les effets - réels - de ces
sanctions sur la population irakienne, déjà affaiblie par la guerre et
les migrations internes. L'Irak, qui importe une large part de sa
nourriture mais aussi des médicaments, connaît des difficultés
économiques avec la chute de ses exportations de pétrole.
La naissance du mensonge
Dans les années 1990, plusieurs études sont donc menées sur
la population irakienne, en particulier pour déterminer les conséquences
sur la santé des enfants. L'Organisation des Nations unies pour
l'alimentation et l'agriculture (FAO) organise une enquête en 1995. Le
travail de terrain donne lieu à une évaluation de 567 000 décès
d'enfants en raison des sanctions. Ce chiffre attire l'attention
internationale : Madeleine Albright, secrétaire d'État américaine, est
interrogée sur CBS en 1996 sur le coût humain de l'embargo, et a cette
réponse choquante : « Nous pensons que le prix en valait la peine. »
Le gouvernement de l'Irak a intelligemment manipulé les données des enquêtes pour tromper la communauté internationale
En 1999, une nouvelle étude conclut à la mort d'un
demi-million d'enfants irakiens à cause des sanctions économiques. Selon
l'enquête, ordonnée par le Fonds des Nations unies pour l'enfance
(Unicef) et réalisée en coopération avec Bagdad, la mortalité des
enfants de moins de 5 ans a au moins doublé sur la période 1994-1999
comparée à 1984-1989. La mortalité infantile grimpe ainsi à 131 morts
pour 1 000 naissances, contre 56 pour 1 000 auparavant, avec une pointe
à 142 pour 1 000 en 1998 dans le sud et le centre du pays. Le chiffre de
500 000 enfants tués est à nouveau abondamment cité dans la presse
internationale, en raison de la crédibilité de l'Unicef.
Pourtant, pointent les deux auteurs de la LSE, des doutes
sont vite émis par des chercheurs. L'étude de la FAO de 1995 a été
récusée par une de ses auteurs, Sarah Zaidi, quelques années plus tard.
Après plusieurs retours sur le terrain en Irak, la chercheuse constate
que les données recueillies ne correspondent pas à ce que lui déclarent
les femmes interrogées. Elle estime
alors que le personnel irakien, choisi par le gouvernement pour mener
les enquêtes, a volontairement enregistré des morts qui n'ont pas eu
lieu. Or les travaux de l'Unicef de 1999 sont eux aussi dépendants des
chiffres obtenus par Bagdad.
Après l'invasion de 2003, de nouveaux éléments viennent
appuyer une falsification des données. Un recensement irakien
de 1997 est découvert : les résultats ne semblent pas correspondre avec
la hausse brusque de la mortalité infantile détectée par les travaux
précédents. Trois autres études sont menées en 2004, 2006 et 2011 par
les Nations unies. Si elles montrent une hausse durant les années 1990,
aucune ne confirme l'ampleur de la surmortalité constatée à l'époque par
l'Unicef (voir le graphe ci-dessus, la courbe bleue représentant les
données de l'Unicef). Tous ces éléments amènent les chercheurs de la LSE
à un jugement sans appel : « Le gouvernement de l'Irak a intelligemment
manipulé les données des enquêtes pour tromper la communauté
internationale. »
Un argument récupéré par Tony Blair
Ironie de l'histoire, ces fausses statistiques ont également
été utilisées après coup pour justifier l'invasion de l'Irak, les
accusations de possession d'armes de destruction massive par Saddam
Hussein s'étant révélées mensongères. En 2010, l'ancien Premier ministre
britannique Tony Blair, dont le pays s'est engagé militairement aux
côtés des États-Unis en 2003, doit répondre aux questions de la commission Chilcot. Il reprend les statistiques de l'Unicef pour montrer la pertinence d'une intervention militaire, assurant que la baisse de la mortalité par rapport aux années 1990 avait permis de sauver 50 000 enfants.
Comme le relève l'étude du British Medical Journal,
cet argument est donc faux, en raison du trucage des données des années
1990. En réalité, loin d'avoir progressé, l'Irak a même aujourd'hui une
mortalité infantile qui est deux fois supérieure à celle des pays de la
région, comme la Jordanie, l'Arabie saoudite ou l'Iran.
Si les données étaient truquées... Mais
qu'aujourd'hui, apres la chute de Sadam, la mortalité enfantine est 2
fois supérieure en Irak à celle de la Jordanie, l'Iran ou l'Arabie
Saoudite... Alors c'était mieux avant... ?... Sans parler du reste !
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Par lechevalietbayard
D'accord mais...
Il y a eu des morts bien réelle dans ce pays mais
pas à cause d'un embargo, mais par une guerre pour trouver des armes des
destructions massives qui elles n'ont jamais existé.
Alors quel est l'intérêt de cette "révélation " ?
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Par janou002
! !
Mortalité deux fois supérieure ? ? Dit Pm747 ben
oui le graphique montre que l'Irak (en bleu) aurait une mortalité
d'environ 50 pour mille naissances ( cent serait disproportionné) et
lesautres pays y figurant 25 pour mille environ! Donc la mortalité
infantile serait double en Irak par rapport aux autres pays examinés !
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Par malherbe14
...
La photo de Saddam, son regard hagard, indique qu'il
doit commencer a peser le poids de ses bêtises et que sa fin est
proche. Soumettre son peuple, l'assassiner a coups de gaz toxiques n'a
jamais mené bien loin une carrière politique.
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Par guy bernard
L'important
L'important est que le nombre d'enfants morts soit
inférieur, et largement, à ce qui a été dit.
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Par titi toto lili
Tout le monde a menti
Busch avec ces armes de destructions massives...
Saddam Hussein et son voisin Lybien n'étaient pas des démocrates
notoires mais ils maintenaient cette région d'une main de fer...
La démocratie ne peut être appliquée partout où tout au moins il faut laisser le temps au temps.
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Par Ambroudiane
Pour la liberté d'expression ! Deuxième mouture...
Peu de gens de culture occidentale, grands stratèges
et petits tacticiens, ont compris l'action politique de Saddam Hussein.
Il a eu incontestablement un sens politique solide, fondé sur une
perspective historique de son pays. Pendant près de trente années il a
forgé et maintenu une relative unité de son pays malgré ses disparités
notoires, tant au plan des ethnies que de la religion ou des
organisations claniques. Un tel canevas (le pot "patchwork" conviendrait
mieux) social ne pouvait être tenu en mains que par un homme fort, ce
qu'il a été, jusqu'à la fin de la guerre Iran-Irak en 1988. En 1990, il a
fait une énorme erreur en faisant confiance aux encouragements
Américains de se diriger vers le Sud. Quiproquo, a dit l'Oncle Sam... Il
aura malgré tout fait avancer l'économie de son pays et amélioré
notamment son infrastructure. Avoir voulu implanter des systèmes
démocratiques dans les pays arabes est l'une des plus grosses erreurs
(le mot est faible ! ) du siècle dernier. Seul J. Chirac l'avait sans
doute pressenti qui s'est abstenu d'y prendre part (c'est là l'une de
ses meilleures décisions... ).
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Par Ting Lee
Bref...
Tout le monde a menti.
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Par atchadji
La vérité ?
Au Koweit qui donc subissait aussi les sanctions,
ils aiment en parler comment de leurs enfants ?
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Par Skyrunnernumber1
Souvenir
Je me rappelle un dessin humoristique paru dans le
Washington Post de l'époque. On y voyait "W" dans le bureau ovale
s'interroger sur le moyen de se sortir du piège de l'Irak, et un de ses
conseillers lui annoncer qu'il avait trouvé l'homme de la situation. Et
on voyait Sadam Hussein qui attendait à la porte. Finalement, ce dessin
humoristique détenait la vérité, si on avait laissé Sadam Hussein en
place, toute cette région serait beaucoup plus stable et la transition
aurait été différente. Certains pays, c'est malheureux de le dire, ne
peuvent être gouvernés que par des tyrans. Notre démocratie n'est pas
applicable partout, il faut savoir le reconnaitre, mais surtout,
l'admettre.
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