jeudi 10 août 2017

Si la relation entre Alger et Paris peine à guérir des blessures de l’Histoire, elle reste stratégique pour les deux États. Le président Bouteflika a illustré cette proximité en effectuant sept visites officielles à Paris depuis 1999. Le politologue algérien Naoufel Brahimi El Mili, auteur de France-Algérie : 50 ans d’histoires secrètes. Tome I, 1962-1992 (éd. Fayard, 2017), revient sur l’état de cette relation aujourd'hui.
Jeune Afrique : que représente la France pour Alger ?
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Naoufel Brahimi El Mili: L’Algérie est indépendante de la France, mais cette dernière est dépendante de l’Algérie à cause de la présence de nombreux électeurs d’origine algérienne (4 à 5 millions) sur son territoire. Alger n’ayant pas su structurer sa diaspora, la France reste à l’abri d’une ingérence dans ce domaine. L’Algérie a une politique réactive bien plus que prospective avec les Français. Elle sait que sa fortune les intéresse et attend qu’ils viennent à elle avec des contreparties sur les contentieux existants.
Quels contentieux ?
La France a deux prix à payer : la repentance du colonialisme, à officialiser, et sa position pro-marocaine sur le Sahara occidental, à réviser. Avec le président Macron, en dépit des déclarations qu’il a faites pendant sa campagne sur les crimes de la colonisation, je pense que les choses ne bougeront pas. Il y aura des « événements spectacles », mais ça n’ira pas plus loin. La France restera sur ses positions, et Alger ne lui fermera jamais la porte.
Peut-on dépasser le stade du reproche historique ?
Les reproches de l’Algérie à la France sont des reproches de rattrapage. Sous Boumédiène et jusque sous Chadli, la révolution était glorieuse, et Alger n’avait pas de posture victimaire. Ces reproches, légitimes, sont devenus bien plus sonores après la loi française de 2005 sur les mérites du colonialisme. La volonté d’occultation française a provoqué les Algériens. La France, qui a secoué le cocotier, ne doit pas se plaindre que les noix de coco tombent !
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