Le président américain Barack Obama (g) et le roi d'Arabie saoudite Salmane (d) à Ryad le 27 janvier 2015
Le président américain Barack Obama (g) et le roi d'Arabie saoudite Salmane (d) à Ryad le 27 janvier 2015 - SAUL LOEB AFP
Le Congrès américain a rejeté mercredi un veto de Barack Obama sur une loi autorisant les proches de victimes du 11-Septembre à poursuivre l’Arabie saoudite, infligeant un cinglant camouflet au président qui s’était opposé au texte en invoquant la sécurité nationale.
C’est la première fois en huit années au pouvoir que le président en fin de mandat voit son veto - il en a fait usage à 12 reprises - repoussé par les parlementaires qui doivent pour cela rassembler deux tiers des votes. « C’est une erreur », a réagi Barack Obama, dénonçant sur CNN un « vote politique » de parlementaires qui jouent pour beaucoup leur réélection le 8 novembre. Les élus de la Chambre des représentants se sont prononcés à 348 voix pour rejeter le veto et 77 voix soutenant le chef de l’Etat.

Un risque d’affaiblir l’immunité des diplomates américains

Barack Obama juge que ce texte affaiblirait le principe d’immunité qui protège les Etats (et leurs diplomates) de poursuites judiciaires et risquerait, par un effet boomerang, d’exposer les Etats-Unis à des poursuites devant divers tribunaux à travers le monde. Ce texte « ne protégera pas les Américains d’attaques terroristes et n’améliorera pas non plus l’efficacité de notre réponse en cas de telles attaques », avait-il mis en garde dans une lettre adressée aux chefs démocrate et républicain du Sénat. En vain.
Quinze des 19 auteurs des attentats ayant fait près de 3.000 morts étaient des ressortissants saoudiens. La responsabilité de l’Arabie saoudite, alliée des Etats-Unis, n’a cependant jamais été démontrée. Mais les défenseurs du « Justice Against Sponsors of Terrorism Act » ont insisté sur la nécessité pour les proches de victimes de pouvoir réclamer justice. Ils estiment que la position de l’administration Obama est avant tout liée à la crainte de provoquer la colère de Ryad.

« Un coup de poignard dans le dos » pour les Saoudiens

Justement, la réaction saoudienne n’a pas tardé. Celle-ci ressent comme « un coup de poignard dans le dos » ce vote hostile du Congrès américain. « J’ai peur que cette loi ait des implications stratégiques catastrophiques » sur les relations historiques entre Washington et Ryad, avertit Salman al-Ansari, président d’un comité privé pour la promotion des relations saoudo-américaines (SAPRAC).
La relation Washington-Ryad, nouée il y a plus de 70 ans, a été fondée jusqu’ici sur un échange de la sécurité américaine contre le pétrole saoudien. « L’Arabie a été poignardée dans le dos par cette loi irréfléchie et irréaliste », souligne Salman al-Ansari. « Comment pouvez-vous poursuivre un pays qui collabore contre ce même terrorisme dont il est accusé sans fondement ? », s’interroge-t-il.