vendredi 2 septembre 2016

Ouzbékistan : le président Islam Karimov dans un «état critique»

>International|02 septembre 2016, 9h41|0
 Archives. Islam Karimov qui dirige l'Ouzbékistan depuis plus d'un quart de siècle est désormais «dans un état critique» après avoir été victime d'une hémorragie cérébrale.
(AFP/ SERGEI KARPUKHIN.)
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Islam Karimov, 78 ans, qui dirige l'Ouzbékistan d'une main de fer depuis plus d'un quart de siècle, est désormais «dans un état critique» après avoir été victime d'une hémorragie cérébrale, annonce vendredi le gouvernement. Dans le pays, l'incertitude la plus totale règne sur son éventuelle succession.

«Chers compatriotes, c'est le coeur lourd que nous vous informons que l'état de santé de notre président s'est nettement dégradé et que, selon les médecins, il se trouve dans un état critique», annoncent vendredi matin dans un court communiqué les autorités ouzbèkes dans les journaux.

Lundi, sa fille cadette, Lola Karimova Tilliaïeva, avait annoncé qu'Islam Karimov était en réanimation après une hémorragie cérébrale survenue samedi matin. Quelques heures plus tard, le site d'opposition Fergana.ru, basé à l'étranger, avait annoncé sa mort survenue selon lui lundi. Mais mercredi, la fille cadette du président avait assuré que son père se trouvait «dans un état stable». Pour leur part, les autorités étaient restées muettes après l'hospitalisation d'Islam Karimov. Le site Fergana.ru a évoqué jeudi soir d'intenses préparatifs à Samarcande, la ville natale du chef de l'Etat, pour un enterrement imminent.

Né le 30 janvier 1938, le président ouzbek a grandi dans un orphelinat avant de poursuivre des études de mécanique et d'économie. Il a gravi tous les échelons de l'appareil du Parti communiste à l'époque de l'URSS jusqu'à prendre la tête de la république soviétique d'Ouzbékistan. A l'indépendance, en 1991, il parvient à se maintenir au pouvoir et s'emploie aussitôt à éliminer tous ses opposants. «L'Etat tout entier était Islam Karimov, Islam Karimov a été l'Etat pendant plus d'un quart de siècle, avec une main de fer», explique Steve Swerdlow, analyste pour l'ONG Human Right Watch. De nombreuses ONG accusent Islam Karimov, réélu en 2015, d'avoir régulièrement truqué les élections, arrêté arbitrairement des centaines d'opposants et soutenu l'usage fréquent de la torture dans les prisons.

Une difficile succession

 

Malgré des rumeurs persistantes sur la fragilité supposée de son état de santé, Islam Karimov n'a désigné aucun successeur Un temps favorite, sa fille aînée Goulnara est tombée brusquement en disgrâce après avoir comparé son père à Staline. Elle est désormais assignée à résidence. Sans plan de succession, sa disparition risquerait donc d'ouvrir une lutte pour le pouvoir au sein de l'élite politique, selon les experts. «Même si un plan de succession existe, les prétendants vont-ils le suivre? Vu que cette situation est sans précédent pour l'Ouzbékistan en 25 ans après l'indépendance, personne ne sait si les gens suivront les règles une fois l'arbitre parti», s'est inquiété Scott Radnitz, spécialiste du pays auprès de l'Université de Washington.

Selon la Constitution, c'est le président du Sénat qui doit prendre l'intérim du pouvoir en cas d'impossibilité du président à gouverner, mais les experts le considèrent comme un simple exécutant. Les prétendants les plus crédibles à la succession d'Islam Karimov sont en réalité son Premier ministre Chavkat Mirzioïev et le vice-Premier ministre Roustam Azimov. Les deux hommes sont considérés comme rivaux. «Ils ont déjà commencé à lutter dans les coulisses du pouvoir. Les rênes sont en train de changer de mains», avait affirmé cette semaine l'expert Kamoliddine Rabbimov, basé à Paris.
  Leparisien.fr avec AFP

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