« En France, la lutte contre l’islamophobie souffre d’un manque de légitimité »
Le sociologue Marwan Mohammed détaille les contours de cette forme de racisme qui consiste, dit-il, à essentialiser une population.
LE MONDE IDEES | • Mis à jour le |Propos recueillis par Antoine Flandrin
Si le mot « islamophobie » est couramment utilisé dans les instances internationales, il est contesté en France. Analyse d’un concept controversé avec le sociologue Marwan Mohammed, chercheur au CNRS (Centre Maurice-Halbwachs), coauteur avec Abdellali Hajjat d’Islamophobie : comment les élites françaises fabriquent le problème musulman (La Découverte, 2013).
Comment définissez-vous l’islamophobie ?
Comme la construction d’une altérité musulmane essentialisée et infériorisée, dotée de caractéristiques figées. C’est sur cette base que se déploient les discours islamophobes qui sont des discours racistes.
D’où vient ce terme ?
Avec le politiste Abdellali Hajjat, nous avons étudié l’origine, la trajectoire et les usages du mot « islamophobie ». Contrairement à ce qu’ont avancé, dès 2003, les essayistes Caroline Fourest et Pascal Bruckner, ce n’est pas un terme inventé par les mollahs iraniens à la fin des années 1970. Ce n’est pas non plus, comme le prétend le politologue Gilles Kepel, un mot que les Frères musulmans ont créé dans les années 1990.
Cette notion date du début du XXe siècle, et provient d’un groupe d’« administrateurs-ethnologues » français spécialistes de l’islam ouest-africain. Dès 1910, ils s’inquiètent de cette « islamophobie », car l’administration coloniale affiche une ignorante hostilité à l’encontre des musulmans et de leur religion, ce qui risque de fragiliser la domination française.
Peut-on critiquer l’islam sans être qualifié...
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/12/15/en-france-la-lutte-contre-l-islamophobie-souffre-d-un-manque-de-legitimite_5049636_3232.html#BvywhRmiClToYQGA.99
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