Abdallah b. Abbas ressemble dans son enfance à Abdallah b. az-Zoubayr. Il avait connu le Messager
et l'avait côtoyé dans son enfance et son adolescence. Le Messager
mourut alors qu'Ibn Abbas n'avait pas encore atteint l'âge adulte. Mais, durant cet intervalle de temps, Ibn Abbâs apprit presque tout du Messager
. Il apprit tant de savoir et tant de sagesse si bien qu'il occupa une place très importante dans l'entourage du Messager
, et que ce dernier lui donna le surnom de l'érudit de la communauté musulmane.
* * *
Ibn Abbas prit conscience tôt du chemin qu'il allait prendre, dès qu'il eut vu son cousin le Messager
qui le rapprochait de lui, l'éduquait et invoquait pour lui. L'invocation en sa faveur que le Messager
répétait en plusieurs occasions était : « Dieu ! enseigne lui la religion et apprends-lui le sens caché. »
Il n'avait pas encore quatorze ans quand le Messager
fut rappelé à Dieu. Toutefois, il n'avait raté presque aucune séance d'enseignement dispensée oralement par le Messager
.
Après la disparition de ce dernier, Ibn Abbâs tient énormément à apprendre des compagnons du Messager
ce qu'il n'avait pas auparavant entendu de la bouche du Messager
lui-même. En effet, dès qu'il entendait qu'un compagnon savait une sagesse ou retenait un hadith, il le contactait, en vue d'apprendre cela.
En outre, il ne se contentait pas d'écouter le hadith. Il faisait de sérieuses investigations avant de le retenir. « Pour une seule chose, avait-il dit, j'interrogeais jusqu'à trente compagnons du Messager
. » Le témoignage suivant qu'il nous laissa nous donne une idée sur son souci d'apprendre la vérité : « Lorsque le Messager
a été rappelé, j'ai dit à un jeune Ansarite : "Allons-y! interrogeons les compagnons du Messager de Dieu pendant qu'ils sont nombreux actuellement." Il m'a dit : "Que tu es étonnant, Ibn Abbas! Vois-tu que les gens ont besoin de toi, alors, qu'il y a parmi eux tous ces compagnons du Messager de Dieu ?" Puis, il a négligé ma proposition. Mais, moi je me suis attelé à interroger les compagnons du Messager de Dieu... »
Sa persévérance à élargir ses connaissances, dès la mort du Messager
contribua beaucoup au développement de sa sagesse, alors qu'il était encore jeune. Un jour, on lui avait posé la question : « D'où as-tu tout ce savoir ? » Alors, il avait dit : « (Je l'ai eu) avec une langue qui questionne beaucoup et un coeur qui raisonne beaucoup. »
C'est avec cette démarche qu'Ibn Abbas devint « l'érudit de cette communauté ». Saâd b. Abou Waqaç le décrit ainsi : « Comparativement à Ibn Abbas, je n'ai vu personne qui soit plus connaissant des hadiths du Messager
qui l'ont précédé, et je n'ai vu personne qui soit plus connaissant des jugements d'Abou Bakr, d'Omar, d'Othman, plus savant sur les avis, plus connaissant de la poésie, de la langue arabe, de l'exégèse du Coran (...). Il consacrait un jour pour le fiqh, un jour pour le sens caché (des versets), un jour pour les expéditions, un jour pour la poésie, un jour pour la chronique des Arabes. Tout savant que j'ai vu s'entretenir avec lui, se soumettait à son avis ; toute personne que je vu l'interroger, trouvait chez lui un savoir. »
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De plus, Ibn Abbas était doté d'une mémoire phénoménale et d'une profonde intelligence, ainsi que d'une argumentation claire comme les rayons du soleil. Cela s'était vérifié, par exemple, à l'occasion de sa rencontre avec les Kharijites, après que 'Ali l'eut envoyé à eux en tant qu'émissaire. Lors de cette rencontre donc, il y eut, entre autres, ce dialogue.
« Que reprochez-vous à Ali ? leur dit-il.
- Nous lui reprochons, dirent-ils, trois choses. La première : il a pris ces hommes pour juges de la religion de Dieu, alors que Dieu dit : "Le jugement n'est qu'à Dieu". La deuxième : Il a combattu ses ennemis puis il n'a pris d'eux ni captif, ni butin. S'ils sont des dénégateurs, alors leurs biens lui sont licites ! S'ils sont des croyants, alors leurs sang lui est interdit. La troisième : Lors de l'arbitrage, il a accepté de se dépouiller de sa qualité d'Emir des croyants, en réponse à la demande de ses ennemis. Donc, s'il n'est pas l'Emir des croyants, il est alors l'Emir des incroyants.
- Concernant votre propos : "Il a pris ces hommes pour juges de la religion de Dieu", dit-il, quel mal y a-t-il à cela ? Dieu (lui même) dit : "Vous qui croyez, ne tuez pas de gibier quand vous êtes en état de sacralisation. Qui d'entre vous le ferait délibérément, sa rétribution équivaudra en bêtes de troupeau à ce qu'il aura tué, au jugement de deux justes parmi vous..."
Dites-moi au nom de Dieu : Qui à plus de droit et plus de priorité ? Le jugement des hommes pour empêcher le sang des musulmans de couler ou leur jugement sur un lapin qui coûte un dirham ?
Quand à votre propos : "Il a combattu puis il n'a pris ni captif ni butin." Eh bien! Auriez-vous (vraiment) voulu qu'il prit pour captive Aïcha, l'épouse du Messager et la Mère des croyants, et qu'il prit ses affaires à elle comme butin ?
Quand à votre propos : Il a accepté de se dépouiller de sa qualité d'Emir des croyants, pour permettre l'arbitrage, eh bien! Écoutez ce que le Messager de Dieu a fait à al-Houdaybiya. S'apprêtant à dicter au scribe chargé d'écrire l'accord entre les Quraych et lui, le Messager
a dit au scribe : « Ecris : voici ci-après ce que Mohammed, le Messager de Dieu a convenu... » Mais l'émissaire des Qouraych l'a interrompu, en disant : « Par Dieu, si nous savions que tu es le messager de Dieu ; nous ne t'aurions pas refusé l'accès à la Maison et nous ne t'aurions pas combattu. Ecris plutôt : Voici ci-après ce que Mohammed b. Abdallah a convenu ... » Le Messager leur a alors dit : « Par Dieu, je suis vraiment le messager de Dieu, même si vous démentez. » Puis, il a dit au scribe : « Ecris ce qu'ils veulent. Ecris : Voici ci-après ce que Mohammed b. Abdallah a convenu. » ...
* * *
D'autre part, Abdallah b.Abbas était tellement généreux que l'un de ses contemporains avait laissé ce témoignage : « Nous n'avons pas vu de maison plus prodigue en manger, en boire, en fruits, et en savoir que la maison d'Ibn Abbas. »
Enfin, sa vie, il la vécut pleinement au service de l'Islam jusqu'au jour où il mourut à l'âge de 71 ans, à Taëf.
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