« 70 % des détenus radicalisés que nous avons traités se sont distanciés du djihadisme »
Directeur d’un programme pilote de déradicalisation de djihadistes détenus en France, Jean-Luc Marret, maître de recherche à la FRS, pointe du doigt les retards français en matière de standards de sécurité carcérale.
LE MONDE | • Mis à jour le |Propos recueillis par Gaïdz Minassian
Maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), Jean-Luc Marret a dirigé, en 2016, un programme pilote de prévention de la récidive djihadiste en milieu carcéral dans deux maisons d’arrêt de la région parisienne.
Les détenus sélectionnés étaient le plus souvent condamnés ou en détention provisoire pour des affaires de terrorisme liées à la Syrie. La direction de l’administration pénitentiaire a financé ce programme avec l’objectif d’avoir, à terme, un impact mesurable sur les personnes détenues, un outil d’évaluation robuste et des éléments reproductibles pour des programmes à venir.
L’équipe d’intervenants comprenait moins de dix personnes (religieux, travailleurs sociaux, psychologues et psychiatres cliniciens). Le programme a été réalisé pendant quatre-vingt-dix jours complets cumulés de détention, de février à fin juin.
Selon les services de renseignements, près de 700 djihadistes français sont encore dans les rangs de l’organisation Etat islamique. Que préconisez-vous pour lutter contre cette menace potentielle ?
Jean-Luc Marret.- On sait que c’est difficile d’avoir une idée précise et judiciarisable de ce que ces personnes ont fait sur place. Cela conditionne pourtant le cadre de ce qui peut être fait. Pour autant, le passage à l’acte violent n’est pas forcément une question de profil de personnalité, mais d’opportunité.
La question des femmes et des enfants est aussi un sérieux défi. Il faudrait peut-être à l’avenir prendre garde aux conséquences d’un certain aventurisme...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire