mardi 16 mai 2017

ami, Abdullâh ibn Rawâhah. Tout le monde à Yathrib connaissait les liens d’amitié qui unissaient ces deux hommes depuis la période de la Jâhiliyyah (ère de l’ignorance pré-islamique), avant même que l’Islam n’arrive à Yathrib. Quand l’Islam arriva dans la cité, Abdullâh ibn Rawâhah l’embrassa et Abu Ad-Darda le rejeta. Cependant, ceci ne changea en rien l’amitié de ces deux personnes. Abdullâh continuait à rendre visite Abu Ad-Darda et essayait de lui faire découvrir les vertus, les avantages et l’excellence de l’Islam. Mais Abu Ad-Darda persistait dans la mécréance et Abdullâh se sentait de plus en plus triste et concerné par son sort.
Abu Ad-Darda arriva à sa boutique et s’assit, les jambes croisées, sur une chaise haute. Il commença à vendre, à acheter et à donner des instructions à ses assistants sans avoir conscience de ce qui était en train de se passer chez lui. En effet, au même moment, Abdullâh ibn Rawâhah s’était rendu chez lui dans un but bien précis. Là, il trouva l’entrée principale ouverte. Umm Ad-Darda se trouvait dans la cour quand il lui dit :
" - As-Salâmu alayki - Paix sur toi - esclave de Dieu. "
" - Wa alayka As-Salâm - Et sur toi la Paix, Ô frère d’Abu Ad-Dardâ".
" - Où est Abu Ad-Darda ? " demande-t-il.
" - Il est parti à sa boutique. Il reviendra dans peu de temps".
" - Me permets-tu d’entrer ? "
" - Fais comme chez toi. " dit-elle, puis elle alla s’occuper des tâches ménagères et de ses enfants.
Abdullâh ibn Rawâhah entra dans la pièce où Abu Ad-Darda gardait son idole. Il s’empara d’un doloire qu’il avait emmené avec lui et commença à détruire l’idole en disant :
" Tout ce qui est adoré en dehors d’Allah n’est-il pas bâtil (i.e. contraire à la vérité) ? "
Quand l’idole fût complètement détruite, il quitta la maison. La femme d’Abu Ad-Darda entra dans la pièce peu de temps après et fût consternée par ce qu’elle vu. Elle frappa ses joues de terreur et dit : " Tu m’as mené à ma perte, ô Ibn Rawâhah ".
Quand Abu Ad-Darda rentra chez lui, il trouva sa femme assise à la porte de la pièce où il gardait son idole. Elle pleurait à chaudes larmes et semblait complètement terrorisée.
" Que t’arrive-t-il ? " demanda-t-il.
" Ton frère Abdullâh ibn Rawâhah est venu nous rendre visite en ton absence et a fait ce que tu vois à ton idole". Abu Ad-Darda vit l’idole et fût horrifié. Il était empli de colère et déterminé à prendre sa revanche. Cependant, au bout d’un certain temps, sa colère se dissipa ainsi que son envie de venger son idole.
Il se mit à réfléchir sur ce qui s’était passé et se dit :
" S’il y avait quelque bien dans cette idole, elle se serait défendue".
Il alla trouver Abdullâh et ils allèrent ensembles voir le Prophète (Paix et Bénédiction d’Allah sur lui), puis il embrassa l’Islam. Il fût la dernière personne dans cette zone à devenir musulman.
Depuis cet instant, Abu Ad-Darda se dévoua entièrement à la cause de l’Islam. La foi en Allah et en son Prophète animait chaque fibre de son être. Il regrettait profondément tout ce qu’il avait fait en tant que mécréant et toutes opportunités de faire le bien qu’il n’avait pas saisies. Il réalisait combien ses frères avaient appris du jeûne les deux ou trois années précédentes, tout ce qu’ils avaient mémorisé du Coran et toutes les occasions qu’ils avaient eu de se dévouer à Dieu et à son Prophète. Il se mit en tête de multiplier ses efforts, nuit et jour, pour essayer de rattraper tout ce qu’il avait manqué.
Les actes d’adoration occupaient ses jours et ses nuits. Sa recherche de la science était sans repos. Il passa énormément de temps à apprendre les versets du Coran et à essayer de comprendre la profondeur du message. Quand il se rendit compte que le commerce et les affaires venaient troubler ses actes d’adoration et l’empêchaient de participer aux cercles d’apprentissage, il y réduisit sa participation sans hésitation ni regret. Quelqu’un vint lui demander pourquoi il faisait tout cela et il répondit :
« J’étais marchand avant de prêter serment au Messager de Dieu, Qu’Allah le bénisse et lui accorde la Paix. Puis je suis devenu musulman, j’ai voulu combiner le commerce et l’adoration mais je n’ai pas pu atteindre ce que je désirais. Alors j’ai abandonné le commerce et je me suis tourné vers l’adoration. Par celui dont l’âme d’Abu Ad-Darda est entre ses main, ce que je veux c’est avoir une boutique près de la porte de la mosquée afin de ne rater aucune prière en commun. Puis je vendrai et achèterai et ferai de modestes profits chaque jour. Je ne suis pas en train de dire qu’Allah Le Très Haut et Le Majestueux a interdit le commerce, mais je veux être parmi ceux que ni le commerce ni les ventes ne distraient du souvenir de Dieu. »
Non seulement Abu Ad-Darda participa moins au commerce, mais il abandonna également son style de vie jusque-là luxurieux. Il se contenta seulement du strict minimum et portait des vêtements simples et suffisants pour couvrir son corps.
Une fois, un groupe de musulmans vinrent passer la nuit avec lui. La nuit était assez froide. Il leur offrit une nourriture chaude qu’ils acceptèrent.
Il alla dormir mais ne leur donna aucune couverture. Ils se demandèrent avec inquiétude comment ils allaient dormir par une nuit si froide. L’un d’entre eux dit : "Je vais aller lui parler"." Ne le dérange pas", dit un autre.
Cependant, l’homme alla trouver Abu Ad-Darda et s’arrêta au pas de sa porte. Il vit Abu Ad-Darda allongé. Sa femme était assise près de lui. Ils portaient tous deux des vêtements légers qui ne pouvaient pas les protéger du froid, et ils n’avaient aucune couverture. Abu Ad-Darda dit à son invité : " Si nous avions quoi que ce soit, nous vous l’aurions donné".
Pendant le Califat de ’Omar, ce dernier voulut nommer Abu Ad-Darda gouverneur de la Syrie mais Abu Ad-Darda refusa. `Omar insista et Abu Ad-Darda dit :
« Si tu es d’accord pour que je leur apprenne le Livre de leur Seigneur et la Sunnah de leur Prophète et que je prie avec eux, alors j’irai. »
Omar lui donna son accord et Abu Ad-Darda partit pour Damas. Là, il trouva des gens qui se complaisaient dans le luxe et il fut consterné. Il appela les gens à se rendre à la mosquée et leur parla :

« Ô, habitants de Damas ! Vous êtes mes frères en religion, nous sommes voisins et nous nous aidons mutuellement contre les ennemis. Ô habitants de Damas ! Qu’est-ce qui vous empêche d’avoir de l’affection pour moi et de répondre à mon conseil alors que je ne demande rien de votre part ? Je vois ceux parmi vous qui apprenaient quitter cette terre alors que les ignorants parmi vous n’apprennent pas. Je vois que vous penchez vers des choses auxquelles Allâh vous a rendu sensibles et vous délaissez ce qu’Il vous a ordonné de faire. Je vous vois assembler et amasser ce que vous ne mangez pas, ériger des bâtiments dans lesquels vous ne vivez pas et maintenir de vains espoirs envers des choses que vous ne pouvez atteindre. Les gens avant vous ont amassé des richesses et avaient de grands espoirs. Mais peu de temps après, tout ce qu’ils avaient amassé fût détruit, leurs espoirs s’éteignirent et leurs demeures devinrent des tombes. Tel fût le peuple des ’Ad, Ô habitants de Damas. Ils emplirent la terre de biens et d’enfants. Qui aujourd’hui m’achètera pour seulement 2 dirhams tout

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