ami, Abdullâh ibn Rawâhah. Tout le monde à Yathrib
connaissait les liens d’amitié qui unissaient ces deux hommes depuis la
période de la Jâhiliyyah (ère de l’ignorance pré-islamique), avant même
que l’Islam n’arrive à Yathrib. Quand l’Islam arriva dans la cité,
Abdullâh ibn Rawâhah l’embrassa et Abu Ad-Darda le rejeta. Cependant,
ceci ne changea en rien l’amitié de ces deux personnes. Abdullâh
continuait à rendre visite Abu Ad-Darda et essayait de lui faire
découvrir les vertus, les avantages et l’excellence de l’Islam. Mais Abu
Ad-Darda persistait dans la mécréance et Abdullâh se sentait de plus en
plus triste et concerné par son sort.
Abu Ad-Darda arriva à sa boutique et
s’assit, les jambes croisées, sur une chaise haute. Il commença à
vendre, à acheter et à donner des instructions à ses assistants sans
avoir conscience de ce qui était en train de se passer chez lui. En
effet, au même moment, Abdullâh ibn Rawâhah s’était rendu chez lui dans
un but bien précis. Là, il trouva l’entrée principale ouverte. Umm
Ad-Darda se trouvait dans la cour quand il lui dit :
" - As-Salâmu alayki - Paix sur toi - esclave de Dieu. "" - Wa alayka As-Salâm - Et sur toi la Paix, Ô frère d’Abu Ad-Dardâ".
" - Où est Abu Ad-Darda ? " demande-t-il.
" - Il est parti à sa boutique. Il reviendra dans peu de temps".
" - Me permets-tu d’entrer ? "
" - Fais comme chez toi. " dit-elle, puis elle alla s’occuper des tâches ménagères et de ses enfants.
Abdullâh ibn Rawâhah entra dans la pièce où
Abu Ad-Darda gardait son idole. Il s’empara d’un doloire qu’il avait
emmené avec lui et commença à détruire l’idole en disant :
" Tout ce qui est adoré en dehors d’Allah n’est-il pas bâtil (i.e. contraire à la vérité) ? "
Quand l’idole fût complètement détruite, il
quitta la maison. La femme d’Abu Ad-Darda entra dans la pièce peu de
temps après et fût consternée par ce qu’elle vu. Elle frappa ses joues
de terreur et dit : " Tu m’as mené à ma perte, ô Ibn Rawâhah ".
Quand Abu Ad-Darda rentra chez lui, il trouva sa femme
assise à la porte de la pièce où il gardait son idole. Elle pleurait à
chaudes larmes et semblait complètement terrorisée.
" Que t’arrive-t-il ? " demanda-t-il.
" Ton frère Abdullâh ibn Rawâhah est venu nous rendre visite en ton absence et a fait ce que tu vois à ton idole". Abu Ad-Darda vit l’idole et fût horrifié. Il était empli de colère et déterminé à prendre sa revanche. Cependant, au bout d’un certain temps, sa colère se dissipa ainsi que son envie de venger son idole.
Il se mit à réfléchir sur ce qui s’était passé et se dit :" Ton frère Abdullâh ibn Rawâhah est venu nous rendre visite en ton absence et a fait ce que tu vois à ton idole". Abu Ad-Darda vit l’idole et fût horrifié. Il était empli de colère et déterminé à prendre sa revanche. Cependant, au bout d’un certain temps, sa colère se dissipa ainsi que son envie de venger son idole.
" S’il y avait quelque bien dans cette idole, elle se serait défendue".
Il alla trouver Abdullâh et ils allèrent
ensembles voir le Prophète (Paix et Bénédiction d’Allah sur lui), puis
il embrassa l’Islam. Il fût la dernière personne dans cette zone à
devenir musulman.
Depuis cet instant, Abu Ad-Darda se dévoua
entièrement à la cause de l’Islam. La foi en Allah et en son Prophète
animait chaque fibre de son être. Il regrettait profondément tout ce
qu’il avait fait en tant que mécréant et toutes opportunités de faire le
bien qu’il n’avait pas saisies. Il réalisait combien ses frères avaient
appris du jeûne les deux ou trois années précédentes, tout ce qu’ils
avaient mémorisé du Coran et toutes les occasions qu’ils avaient eu de
se dévouer à Dieu et à son Prophète. Il se mit en tête de multiplier ses
efforts, nuit et jour, pour essayer de rattraper tout ce qu’il avait
manqué.
Les actes d’adoration occupaient ses jours
et ses nuits. Sa recherche de la science était sans repos. Il passa
énormément de temps à apprendre les versets du Coran et à essayer de
comprendre la profondeur du message. Quand il se rendit compte que le
commerce et les affaires venaient troubler ses actes d’adoration et
l’empêchaient de participer aux cercles d’apprentissage, il y réduisit
sa participation sans hésitation ni regret. Quelqu’un vint lui demander
pourquoi il faisait tout cela et il répondit :
« J’étais marchand avant de prêter serment
au Messager de Dieu, Qu’Allah le bénisse et lui accorde la Paix. Puis je
suis devenu musulman, j’ai voulu combiner le commerce et l’adoration
mais je n’ai pas pu atteindre ce que je désirais. Alors j’ai abandonné
le commerce et je me suis tourné vers l’adoration. Par celui dont l’âme
d’Abu Ad-Darda est entre ses main, ce que je veux c’est avoir une
boutique près de la porte de la mosquée afin de ne rater aucune prière
en commun. Puis je vendrai et achèterai et ferai de modestes profits
chaque jour. Je ne suis pas en train de dire qu’Allah Le Très Haut et Le
Majestueux a interdit le commerce, mais je veux être parmi ceux que ni
le commerce ni les ventes ne distraient du souvenir de Dieu. »
Non seulement Abu Ad-Darda participa moins
au commerce, mais il abandonna également son style de vie jusque-là
luxurieux. Il se contenta seulement du strict minimum et portait des
vêtements simples et suffisants pour couvrir son corps.
Une fois, un groupe de musulmans vinrent
passer la nuit avec lui. La nuit était assez froide. Il leur offrit une
nourriture chaude qu’ils acceptèrent.
Il alla dormir mais ne leur donna aucune
couverture. Ils se demandèrent avec inquiétude comment ils allaient
dormir par une nuit si froide. L’un d’entre eux dit : "Je vais aller lui
parler"." Ne le dérange pas", dit un autre.
Cependant, l’homme alla trouver Abu
Ad-Darda et s’arrêta au pas de sa porte. Il vit Abu Ad-Darda allongé. Sa
femme était assise près de lui. Ils portaient tous deux des vêtements
légers qui ne pouvaient pas les protéger du froid, et ils n’avaient
aucune couverture. Abu Ad-Darda dit à son invité : " Si nous avions
quoi que ce soit, nous vous l’aurions donné".
Pendant le Califat de ’Omar, ce dernier
voulut nommer Abu Ad-Darda gouverneur de la Syrie mais Abu Ad-Darda
refusa. `Omar insista et Abu Ad-Darda dit :
« Si tu es d’accord pour que je leur
apprenne le Livre de leur Seigneur et la Sunnah de leur Prophète et que
je prie avec eux, alors j’irai. »
Omar lui donna son accord et Abu Ad-Darda
partit pour Damas. Là, il trouva des gens qui se complaisaient dans le
luxe et il fut consterné. Il appela les gens à se rendre à la mosquée et
leur parla :
« Ô, habitants de Damas ! Vous êtes mes
frères en religion, nous sommes voisins et nous nous aidons mutuellement
contre les ennemis. Ô habitants de Damas ! Qu’est-ce qui vous empêche
d’avoir de l’affection pour moi et de répondre à mon conseil alors que
je ne demande rien de votre part ? Je vois ceux parmi vous qui
apprenaient quitter cette terre alors que les ignorants parmi vous
n’apprennent pas. Je vois que vous penchez vers des choses auxquelles
Allâh vous a rendu sensibles et vous délaissez ce qu’Il vous a ordonné
de faire. Je vous vois assembler et amasser ce que vous ne mangez pas,
ériger des bâtiments dans lesquels vous ne vivez pas et maintenir de
vains espoirs envers des choses que vous ne pouvez atteindre. Les gens
avant vous ont amassé des richesses et avaient de grands espoirs. Mais
peu de temps après, tout ce qu’ils avaient amassé fût détruit, leurs
espoirs s’éteignirent et leurs demeures devinrent des tombes. Tel fût le
peuple des ’Ad, Ô habitants de Damas. Ils emplirent la terre de biens
et d’enfants. Qui aujourd’hui m’achètera pour seulement 2 dirhams tout
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