Pétrole: Arabie et Russie veulent prolonger l'accord de neuf mois

Le
ministre de l'Énergie de l'Arabie Saoudite Khalid al-Falih et son
homologue russe Alexander Novak lors d'une conférence à Pékin. L'Arabie
saoudite et la Russie ont exprimé lundi leur volonté de prolonger de
neuf mois, jusqu'en mars 2018, l'accord de réduction de la production
pétrolière en vigueur depuis le début de l'année en vue de faire
remonter de façon régulière les cours d'un marché qui est pour l'heure
engorgé. /Photo prise le 15 mai 2017/REUTERS/Aly Song
par Chen Aizhu
PEKIN
(Reuters) - L'Arabie saoudite et la Russie ont exprimé lundi leur
volonté de prolonger de neuf mois, jusqu'en mars 2018, l'accord de
réduction de la production pétrolière en vigueur depuis le début de
l'année en vue de faire remonter de façon régulière les cours d'un
marché qui est pour l'heure engorgé.
L'annonce,
intervenue 10 jours avant la prochaine réunion ministérielle de
l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont la Russie
ne fait pas partie, et le choix des mots ont étonné le marché et les
cours tant du WTI texan que du Brent de Mer du Nord ont pris plus de 2%.
Le
ministre saoudien de l'Energie, Khalid al Falih, et son homologue
russe, Alexandre Novak, se sont engagés à "faire tout ce qu'il faut"
pour réduire les stocks mondiaux et les ramener à leur moyenne de cinq
ans. Ils reprennent ainsi la formule employée au cours de l'été 2012 par
le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, pour
afficher sa détermination à sauver l'euro.
"Il
y a eu une nette réduction des stocks mais nous ne sommes pas encore là
où nous voulons être, à leur moyenne de cinq ans", a dit Kahlid al
Falih, lors d'un point de presse à Pékin en présence d'Alexandre Novak.
"Nous en sommes arrivés à la conclusion qu'il fallait prolonger
l'accord".
L'Opep,
la Russie et d'autres pays producteurs se sont entendus fin 2016 pour
réduire leur production de brut de près de 1,8 million de barils par
jour (bpj) sur une période couvrant le premier semestre 2017.
CONVAINCRE LES AUTRES PRODUCTEURS
L'Arabie
saoudite, chef de file de fait de l'Opep, et la Russie, le premier
producteur mondial, représentent 20% environ de l'offre pétrolière
mondiale.
Egalement
présent à Pékin, Vladimir Poutine a déclaré avoir rencontré récemment
les dirigeants des principales compagnies pétrolières russes. Il a
affirmé qu'ils étaient favorables à une prolongation de neuf mois de
l'accord.
"Je
ressens de l'optimisme car notre principal partenaire dans ce
processus, et notre principal partenaire est sans aucun doute l'Arabie
saoudite, a pleinement respecté tous les accords conclus jusqu'à présent
et, deuxièmement, l'Arabie saoudite veut maintenir des prix stables et
justes pour le pétrole", a dit le président russe.
La tâche des Saoudiens et des Russes est désormais de convaincre les autres producteurs.
Membre
de l'Opep, l'Irak, dont la production est en plein essor, a déclaré
qu'il soutiendrait une prolongation limitée à six mois.
Le
Kazakhstan, non membre du cartel, a fait savoir lundi qu'il aurait du
mal à respecter tout nouvel accord reposant sur les mêmes bases que le
précédent en raison de la hausse attendue de sa propre production. Oman
s'est pour sa part déclaré totalement favorable à une prolongation de
neuf mois.
"Je
pense que l'Opep et la Russie admettent que pour rallier le marché à
leur cause, il leur faudra employer les grands moyens, allant bien
au-delà d'une simple prolongation de l'accord", observe Virendra
Chauhan, analyste d'Energy Aspects.
"Le
marché attendra aussi une réduction des exportations et pas seulement
de la production; c'est ce qu'il faut pour rééquilibrer le marché".
LE PÉTROLE DE SCHISTE AMÉRICAIN, L'INCONNU
Malgré
l'entrée en vigueur de l'accord le 1er janvier, les cours du pétrole
ont perdu environ 10% depuis le début de l'année dans un marché qui
reste saturé, ce qui a amené les pays producteurs à commencer à
envisager de reconduire leur pacte.
Selon une source de l'Opep, les stocks pétroliers en mer ont toutefois diminué d'un tiers depuis le début de l'année.
Si
les producteurs maintiennent les coupes au rythme actuel cela pourrait
amener le marché à accuser un petit déficit au quatrième trimestre, a
déclaré Edward Bell, directeur de la recherche sur les matières
premières chez Emirates NBD à Dubaï.
Mais
l'inconnue majeure reste la réponse des producteurs de schistes aux
Etats-Unis, susceptibles de contrecarrer la volonté russo-saoudienne de
rééquilibrage du marché.
Les
Etats-Unis ne participent pas à cet effort international et leurs
producteurs ont augmenté leurs extractions cette année, encouragés
précisément par la remontée des cours qui avait suivi l'annonce de
l'accord en novembre.
L'activité
de forage aux Etats-Unis a atteint la semaine dernière un plus haut de
deux ans, tandis que la production a bondi de plus de 10% depuis son
creux de la mi-2016.
Un
bond des exportations américaines vers l'Asie, le principal marché
mondial, constitue un souci majeur pour le cartel, estime Edward Bell.
(Avec
Aizhu Chen à Pékin, Henning Gloystein et Florence Tan à Singapour,
Julie Carriat, Wilfrid Exbrayat, Claude Chendjou et Bertrand Boucey pour
le service français, édité par Juliette Rouillon)
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