mardi 14 mars 2017

Chute du baril de pétrole: vers le retour de la guerre Arabie saoudite-États-Unis?

Alors que les pays de l'Opep et la Russie limitent leur production pour doper les prix, les stocks américains affichent des niveaux records qui ont provoqué la récente chute du baril sous les 50 dollars. Une situation difficilement tenable.

Pétrole: la tension monte entre Riyad et Washington
Le vice-prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane ( à droite) est parti lundi pour les Etats-Unis où il doit rencontrer le président Donald Trump.
Photomontage PickMonckey
Donald Trump et Mohammed ben Salmane vont avoir des choses à se dire. L'influent vice-prince héritier du royaume saoudien est arrivé ce lundi 13 mars aux États-Unis où il doit rencontrer Donald Trump à l'occasion d'une "visite de travail" qui commencera jeudi. Outre les dossiers relatifs à la Syrie et au Yémen, la récente baisse des cours pétroliers devrait figurer au menu des discussions entre les deux hommes. Car depuis six jours, l'or noir n'en fait qu'à sa tête. Alors que le cours du baril se faisait oublier depuis le début de l'année en évoluant dans des marges étroites, il s'est effondré de plus de 5% mercredi et a poursuivi son déclin tout le reste de la semaine - le WTI a terminé de nouveau en recul lundi à 48,36 dollars. La raison? L'annonce mercredi dernier par le département de l'Energie (DoE) d'un bond des stocks américains de brut.


"Ou vous jouez la partie avec nous, ou vous risquez de perdre"

Mais ce développement s'inscrit dans une plus large prise de conscience: la production des Etats-Unis ne cesse d'accélérer alors même que d'autres pays, dont les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), se sont accordés pour réduire la leur depuis le début 2017. Depuis la réunion de Vienne, le 30 novembre, qui a vu les pays membres de l'OPEP et ceux qui en sont extérieurs, comme la Russie, parvenir à un accord historique, le cours de l'or noir avait repris des couleurs. Les treize membres du cartel s'étaient entendus pour réduire leur production de 1,2 million de barils par jour du 1er janvier au 30 juin 2017. Une décision qui a rassuré les marchés et fait remonter le prix du baril. Seulement, avec le redémarrage en début d'année des projets d'hydrocarbures de schiste aux Etats-Unis - le groupe privé Baker Hugues a augmenté en un an de près de 60% ses puits en activité - les effets des accords de réduction Opep, qui visaient un prix supérieur à 60 dollars le baril, semblent réduits à néant.
Une situation qui a amené l'Arabie saoudite à mettre en garde les producteurs de schiste américains, comme l'a révélé l'agence Reuters vendredi. Plusieurs officiels saoudiens présents au grand barnum énergétique de Houston, la semaine dernière, ont indiqué aux compagnies américaines que l'Opep n'étendra pas l'accord de Vienne pour compenser la hausse de la production américaine. En clair: c'est aux producteurs de "shale" américains d'assumer leurs responsabilités s'ils veulent que les prix remontent. "L'Arabie Saoudite a mis en garde les USA: ou vous jouez la partie avec nous, ou vous risquez de perdre, résume Benjamin Louvet, Gérant matières premières chez OFI AM. Si cela a peu de chance de marcher sur des compagnies dont les intérêts sont privés comme le shale, cela peut marcher sur les banques qui prêtent l'argent. A court terme, on pourrait voir le pétrole filer un peu plus bas, jusqu'à 45 dollars".

Un regain de volatilité favorable à Riyad?

Et aucun des deux pays n'a intérêt à ce que les cours tombent aussi bas. Contrairement aux Saoudiens dont le baril est rentable à partir de 10 dollars, les producteurs de "shale", ne rentrent dans leur frais que lorsque le marché dépasse les 55-60 dollars selon les experts. Quant au royaume wahhabite, qui avait décidé d'accroître très fortement sa production - et de faire chuter les prix - en novembre 2014 pour maintenir ses parts de marché face à l'explosion du pétrole de schiste aux États-Unis, il a été très affecté par la dégringolade des cours - passé de plus de 100 dollars fin 2014 à moins de 50 dollars aujourd'hui. Le pays leader de l'Opep affiche aujourd'hui un déficit budgétaire proche de 87 milliards de dollars soit 14% du PIB.
Riyad n'entend donc plus se risquer à voir le baril plonger. Mais le royaume, dont les réserves dépassent encore les 500 milliards de dollars, pourrait être tenté de favoriser pour un temps limité cette baisse des cours. "Ce regain de volatilité de court terme pourrait arranger les Saoudiens en instillant le doute chez les investisseurs américains: car plus les prix sont volatils, plus il est risqué d'investir dans le pétrole de schiste". Une tactique madrée qui aurait aussi pour conséquence de rendre la vie impossible à certains pays de l'Opep comme le Venezuela ou l'Algérie, très diminués par la volatilité des cours. Le Koweït a d'ailleurs pris le contre-pied de son allié saoudien ce lundi en se déclarant favorable à une prolongation dans le temps de l'accord de Vienne afin de rééquilibrer le marché mondial et de faire remonter les cours à un niveau "ac

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