mardi 14 mars 2017

Arabes

Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Arabe (homonymie).
Arabes
arabe : عرب
Description de cette image, également commentée ci-après
Populations significatives par région
Drapeau de la Ligue arabe Ligue arabe 423 millions (2014)
Diaspora 40 millions
Population totale 450 millions+1
Autres
Langues Arabe
Religions Islam et autres religions abrahamiques
Les Arabes forment une population liée par la pratique de la langue arabe et/ou la culture arabe. Ils sont répartis sur une vaste zone qui s’étend d’Oman à la Mauritanie. Cela comprend la majorité des habitants de la péninsule arabique, du Machrek et du Maghreb qui parlent des variantes de l'arabe, une langue sémitique. Ces pays appartiennent pour la plupart à la Ligue arabe.
Ainsi définis, ils sont estimés à environ 450 millions dans le monde2. Ils sont principalement présents en Asie occidentale, en Afrique et en Europe occidentale.

Sommaire

Étymologie

L’origine du mot Arabe demeure obscure, malgré les nombreuses recherches3. Dans la mythologie grecque ce nom vient du héros Arabos, né dans une vaste contrée à qui il donna son nom, l'Arabie, et à son peuple. Il est fils du dieu Hermès et père de Cassiopée[réf. nécessaire]. L’étymologie arabe considère que le mot arabe dérive du verbe « exprimer »3. Ce radical pourrait également désigner « le lieu où le soleil se couche » (cf. Érèbe, les ténèbres), c’est-à-dire l’Occident. Arabe et Europe pourraient provenir du sémitique `ereb, qui signifie « coucher du soleil » (donc occident), en hébreu Arabe / Arabi a la même racine que « Erev »: le soir (« méArav »: l'occident, le couchant). L'arabe est mentionné à plusieurs reprises dans la Bible, ce qui laisserait penser que l'hébreu (« Ivri » descend d'Ever / Eber, voulant dire la traversée, le passage) venait à l'origine de l'est de l'Arabie. « Erev » (« soir » en hébreu) et Ever (personnage biblique ancêtres des Hébreux, représentant le mouvement d'une traversée) sont constitués des mêmes lettres mais n'ont pas du tout la même racine (les langues sémitiques étant construites sur des racines/ des radicaux de lettres), ni étymologie, ni signification. (Erev # Ever).
Le mot Aribi a été trouvé dans une inscription assyrienne qui date de 853 av. J.-C. Le roi Salmanazar III relate une rébellion du prince Gindibou l’Aribi4. Vers 530 av. J.-C., le mot Arabaya est transcrit dans plusieurs documents persans. Le nom de lieu Arabia est transcrit en grec par Hérodote. Par la suite tous les écrivains grecs ou latins élargissent le sens en désignant l’endroit et les habitants par le mot arabique4.

Identité arabe

En bleu : pays membres de la Ligue arabe.
Selon l’Encyclopædia Britannica : un Arabe est « quelqu’un dont la langue maternelle est l’arabe. » 5.
Pour Maxime Rodinson, on peut « considérer comme appartenant à l’ethnie, peuple ou nationalité arabe ceux qui : 1˚ parlent une variante de la langue arabe et, en même temps, considèrent que c’est leur langue “naturelle”, celle qu’ils doivent parler, ou bien, sans la parler, la considèrent comme telle ; 2˚ regardent comme leur patrimoine l’histoire et les traits culturels du peuple qui s’est appelé lui-même et que les autres ont appelé Arabes, ces traits culturels englobant depuis le VIIe siècle l’adhésion massive à la religion musulmane (qui est loin d’être leur exclusivité) ; 3˚ (ce qui revient au même) revendiquent l’identité arabe, ont une conscience d’arabisé »6.
Selon Ibn Taymiyya, « est arabe celui que l'arabité domine, même s'il n'est pas descendant d'arabes, mais celui qui a abandonné l'arabité n'est plus arabe, même s'il est descendant d'arabes. »7

Les populations « arabisées »

Avec l’expansion de la religion musulmane à partir du VIIe siècle, certains groupes sociaux ou politiques s’arabisent petit à petit. La culture arabo-musulmane se propage, en particulier au détriment des langues locales (grec, égyptien, syriaque, berbère), notamment au Proche-Orient (Liban, Syrie, Palestine, Jordanie et Irak) et aussi en Afrique du Nord (Égypte, Maghreb, Soudan). Selon Maxime Rodinson, «les coutumes arabes admettaient et favorisaient l’adoption par les clans de gens de toute espèce et de toute origine qui devenaient ainsi des Arabes à part entière. [… De nombreux soumis] se rattachèrent aux Arabes, se considérèrent comme des Arabes, devinrent réellement des Arabes. Mais des masses encore bien plus nombreuses devinrent musulmanes»8
Les populations « arabisées » parlent souvent des variantes de l'arabe, mélangé aux langues antérieures, appelés « dialectaux ». À l'écrit, des formes normalisées de l'arabe sont cependant le plus souvent pratiquées, soit l'arabe classique, soit l'arabe moderne. Par exemple, les Maltais parlent le maltais, une variante de l'arabe proche du tunisien, sans se considérer comme Arabes. En effet, le mouvement nationaliste maltais, au XIXe siècle, s'est construit autour du mythe d'une origine phénicienne pour contrer les partisans de l’annexion de Malte par l’Italie, alors en cours d’unification.

Peuplement arabe

Famille arabe chrétienne de Ramallah, en 1905.
Femmes des Ouled Naïl, tribu arabophone d’Algérie en 1890.
Les habitants de l’Arabie et du désert s’étendant de la Mésopotamie jusqu’en Syrie sont de langue sémite. La présence de populations bédouines y est très ancienne, puisqu’elles sont mentionnées dans des textes assyriens et babyloniens du IXe siècle av. J.-C. mais aussi dans la Bible. Selon celle-ci, elles seraient issus des fils d’Abraham, leur ancêtre serait Ismaël, frère d’Isaac l'ancêtre des Hébreux.
Homme arabe de Nuweiba
L’historien Marc Bergé écrivit :
« "Les Arabes font leur première apparition dans l’histoire en 854 av. J.-C. : l’arabe Gindibu soutint Bin Idri de Damas (le Ben Hadad II de la Bible) en lui amenant mille chameliers du pays d’Aribi à l’occasion de la bataille de Qarqar […] Peut-être le camp de Gindibu était-il situé au sud-est de Damas. Il est certain que les éléments bédouins de la péninsule arabique - qu’on appelait probablement indifféremment Aram, Eber ou Haribu - devaient être installés, à l’origine, dans la région qui s’étend entre la Syrie et la Mésopotamie et qui fut, avec la Syrie le berceau le plus ancien des Sémites9. »
À partir du VIIe siècle, certains sont partis au Proche-Orient, vers l'Asie, l’Afrique du Nord et la péninsule Ibérique, dans le cadre de la diffusion de l’islam. Il existe aujourd’hui d'importantes diasporas issues de ces pays et qualifiées d'«arabes» en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, en Afrique de l'Ouest, de l'Est.

Mythes d'origine

L'histoire traditionnelle arabe classe les peuples arabes en trois catégories, à savoir : les « arabes disparus », les « arabes arabisants » (Qahtân), et les « arabes arabisés » ('Adnân), ces derniers descendraient d'Ismaël fils d'Abraham. Qahtân, originaire du Yemen, est considéré l'ancêtre des « Arabes du sud », et 'Adnan, le descendant d'Ismaël ibn Ibrahim, celui des « Arabes du nord »10. Selon les textes coraniques et bibliques, Ibrahim (pour les musulmans) ou Abraham (pour les hébreux et les chrétiens) descendrait de Sem fils de Noé. Il est considéré comme l'ancêtre principal du peuple arabe. Son fils Ismaël ayant épousé la fille d'un descendant de 'Adnân nommé Mudâd, engendra les douze ancêtres des douze tribus ayant peuplé La Mecque avant de se disperser de toutes parts en Arabie11.

Arabes disparus

Les « arabes disparus » formèrent des tribus qui laissèrent peu de traces archéologiques, la tradition nous livre cependant leurs noms, à savoir : les 'Ād (en arabe : عاد), les 'Imlaq, les Jadîs, les Tasm , ou encore les Thamûd disparus avant le VIe siècle. La légende pré-islamique des tribus de Tasm et Jadis les situe dans la région de Kharj.
Coiffe traditionnelle des Arabes

Arabes arabisants

Les « arabes arabisants » descendant de Qahtân sont d'abord les tribus de Jurhum et de Ya'rub. De Ya'rub proviennent ensuite les Kahlân et les Himyar.
Des Kahlân ayant émigré du Yémen vers le nord se détachent les Azd, ancêtres des Ghassanides établis de Tabûk à Palmyre. Les Judhâm et Lukhm descendent aussi des Kahlân, Lukhm est considéré l'ancêtre des Lakhmides qui occuperont la rive occidentale de l'Euphrate. Autres descendants des Kahlân sont les Kinda qui fondent un royaume tribal de Kinda dans le Najd, ils émigrent aussi à Bahrein, d'où ils redescendront vers l'Hadramaout. D'autres tribus descendant de Kahlân sont les Anmâr, les Aws, les Hamadân, les Khazraj, les Mudhaj, et bien d'autres encore dont les Tayyi' qui s'établirent dans les montagnes du même nom au grand désert de Néfoud.
Les Himyar du Yémen sont les ancêtres de diverses tribus parmi lesquelles se détachent les Bahrâ dont un fils célèbre est Miqdad ibn Amr al-Bahrani compagnon du Prophète, les Balî, les Juhayna, les Kalb, les Qudâ'a et bien d'autres encore.

Arabes arabisés

La tradition nomme « arabes arabisés » les 'Adnân mentionnés ci-dessus car ils descendent d'Ismaël qui, par son mariage avec une fille arabe de la tribu de Mudâd, dut apprendre la langue arabe, lui-même et ses douze enfants mâles qui sont pour cette raison qualifiés d'arabes arabisés. L'un des douze est Qidâr, père de 'Adnân qui généra Mu'id, le père de Nizar. Le prophète Mahomet s'inscrit dans cette lignée des 'Adnân.

Récits antiques et médiévaux

Selon Ibn Khaldoun, les Arabes appartiennent à quatre groupes distincts, les Aribah, les Mustaribah, les Tabia lil Arab et les Mustajam12. D’après lui13, les généalogistes arabes classent les tribus de leur nation en deux catégories. De la première, Qahtân, descendent les Kahlan et les Himyar comme expliqué ci-dessus, de la seconde, issue d’Ismaël14 descend Nizar ibn Mu'id ibn Qîdâr, lequel Nizar eut quatre fils Anmâr, Iyad, Rabîa et aussi Mudr l'ancêtre lointain des Quraych et du prophète Mahomet, mais aussi de la famille Al Thani qui règne depuis 150 ans sur le Qatar.
Selon Tabari, un historien musulman, Ève aurait habitée à Jeddah et Adam seul à Sarandib (Sri Lanka) dans une montagne. L'explorateur Ibn Battuta prétend avoir identifié cette dernière, qui porte maintenant le nom de pic d’Adam15. Adam et Ève seraient passés par l’actuelle Arabie saoudite, où Adam fit son pèlerinage et retourna à sa nouvelle demeure, à savoir La Mecque actuelle16.
Tabari fait remonter Ismaël, en passant par Abraham et Noé, à Adam.
D’autres philosophes musulmans pensent que la langue d’Adam était l’arabe, mais cela a été contesté par Ibn Jinni au Xe siècle17.
Une « Apocalypse d'Adam » qui reprend divers psaumes et préceptes d’Adam est un ouvrage apocryphe dont existent quatre versions en langue arabe conservées au Vatican18, qui possède aussi deux versions en syriaque de cet écrit19.
D'après la Torah et le Coran, la mère d’Ismaël est Agar, une Égyptienne20, et son père était Abraham21. Le roi égyptien avait quatre cents femmes, dont Agar. Il offre à Sarah, l’épouse d’Abraham, de choisir deux jeunes filles parmi ces femmes. Sarah n'en choisit qu'une seule, Agar, qui occupait un rang plus élevé que celui des autres, et qui se prit d’affection pour Sarah22.

Histoire

Antiquité

Le géographe grec Strabon, au Ier siècle av. J.-C., commence à décrire avec précision le territoire des Arabes : il bénéficie du témoignage des marchands de la route de l'encens, et des explorateurs romains23.
Les livres Les Ethniques de Étienne de Byzance, lexicographe byzantin, formaient une étude philologique et grammaticale de termes toponymiques de l’Antiquité. La région d’Arabie y est présentée peuplée par des tribus nomades dont la langue semble être l'arabe. L’Arabie centrale y est peu présente, Yathrib et Makka ne sont pas mentionnées. Des références à des ouvrages de l’Antiquité traitant uniquement de l’Arabie et de sa population sont faites. L'auteur s’était basé sur les travaux de géographes (Ptolémée, Strabon et Pausanias) et grammairiens et commentateurs d'Homère24,25.
Article détaillé : Histoire de l’Arabie préislamique.
D’après Ctésias, au temps des Phéniciens, les Béroses étaient composés de Chaldéens et d’Arabes. Le roi arabe à cette époque était Ariée, il faisait la guerre contre Ninus, chef de Babylone et de Ninive26. Selon Ferd Hoefer, une dynastie arabe avait occupé Babylone en 1400 av. J.-C. Cusan - Risataim, un Madianite (tribu qui appartient aux Ismaélites) était le roi de la Mésopotamie. Plusieurs peuples (phéniciens, hébreux) étaient soumis à ce roi. Les Ismaélites occupaient une partie de la Mésopotamie et une grande partie de l’Arabie. La guerre éclate entre les Hébreux et Cusan - Risataim à cause de Yahweh (dieu du Proche-Orient). Les Hébreux ont dénigré ce dieu et se sont mis à adorer Baalim (les Baal) et Astaroth (Astarté). À la fin, les Hébreux offrent leur soumission à Cusan- Risataim durant huit ans27.
  • Au Sud
La langue du sud est différente du nord de la péninsule de l’Arabie. Le Sud était en plein déclin, après la chute successive du Royaume de Saba qui a duré des millénaires. Les Himyarites sont les derniers souverains de cette région. Dhu Nuwas fut le dernier roi de la dynastie à la fin du Ve siècle, il se convertit au judaïsme et punit les chrétiens à cause de la persécution des Byzantins. Les Éthiopiens, en majorité chrétiens, prennent la région. Vers 575, les Perses font une incursion. La domination des Éthiopiens et des Perses a été éphémère. La société était très développée par rapport aux autres. Les habitants sont sédentaires, habiles dans la construction de digues et l’agriculture. Ils produisaient et exportaient les épices, la myrrhe, l’encens, les aromates, etc., à une partie du monde. Les routes étaient prospères pendant le temps de la paix (accord signé entre les Arabes et les Romains à l’époque de l’empereur romain et arabe Philippe l’Arabe). Le Yémen était une société monarchique et la religion était polythéiste. Plusieurs inscriptions découvertes dans la région laissent penser qu’une partie de la population savait écrire28[réf. insuffisante].
  • Le centre et le Nord
Ces régions étaient influencées par la culture araméenne hellénisée. Les pistes commerciales étaient établies. Les Nabatéens fondent leur royaume et la ville de Pétra fut la capitale. Trajan concrétise une province romaine au nord de la Nabatène. De 244 à 249, Philippe l’Arabe dirigeait toute la province. Au sud la Syrie était connue sous le nom de Palmyre, Odenathus (« Udhayna ») était le premier souverain puis sa femme Zénobie (« Zayneb ») le remplaça. Aurélien prend la région puisque presque la totalité de la population était semi-nomade ou nomade. L’histoire demeure sombre au sujet des autres dynasties Lihyan et Thamud. Des inscriptions relèvent l’existence des deux pays. Le Coran mentionne Thamud. En 384, le traité de paix entre les Sassanides et les Romains fait arrêter les guerres dans la région. Cette paix durera jusqu’en 502. Les Byzantins et les Perses parcouraient les routes de la région qui étaient sûres29[réf. insuffisante].
Entre le IVe siècle et le VIe siècle, la région se dégrade. Les Byzantins et les Sassanides s’en sont désintéressés. La société arabe demeure tribale. L’élevage était important pour la survie ; parfois les Bédouins attaquent les caravanes des Arabes sédentaires. Les tribus arabes avaient un chef élu et avaient un conseil formé de membre de la même famille (Ahl al Bayt) (les gens de la maison). La religion des tribus était le polydémonisme29[réf. insuffisante].
  • La Mecque
La ville réunissait les grands marchands de la tribu des Quraychites. Ces derniers concluaient des traités avec les Byzantins, les Éthiopiens, les Sassanides, etc. La Mecque était une ville marchande. Ses notables dirigeaient tout par l’intermédiaire d’un conseil (Madjles)29[réf. insuffisante].

Moyen Âge

Conquêtes arabo-musulmanes

L’Alhambra, vue partielle depuis le Mirador de San Nicolás, elle fut construite par les Nasrides.
Gustave Boulanger, Un cavalier arabe, huile sur toile, 1865.
Article détaillé : Histoire de la conquête musulmane.
Avant le début de la conquête musulmane, les tribus arabes au centre de l’Arabie étaient essentiellement nomades, mais avaient développé des civilisations urbaines et des royaumes au sud de la péninsule Arabique; comme ceux du Yémen (Saba, Hadramaout, Ma'in, Himyar), au nord de la péninsule (royaumes Lakhmide de Al-Hira, Ghassanide), en Mésopotamie, et en Syrie (royaumes de Palmyre, de Pétra, de Hatra).
C’est à Yathrib, la future Médine, que l’islam commence à établir son pouvoir (voir Tribus musulmanes et juives de Yathrib).
Expansion de l’islam.
La Grande Mosquée de Kairouan en Tunisie, élevée par le conquérant arabe Oqba Ibn Nafi à partir de 670, est la première mosquée de l’Occident musulman.
Après la conquête de la péninsule Arabique par l’islam, les Arabes ont conquis aux VIIe et VIIIe siècle les régions voisines du Proche-Orient, l’Asie mineure, l’Afrique du Nord dans laquelle ils fondent Kairouan première cité musulmane du Maghreb30 Après une conversion rapide à l’islam, une armée d'Amazigh et Arabes conquit l’Espagne pour le compte du calife omeyyade de Damas. Toutes les villes tombaient au pouvoir des Omeyyades. Plusieurs dynasties se sont maintenues pendant huit siècle, mais le règne des musulmans finit par tomber sous les attaques des chrétiens du nord. La seule dynastie survivante était la dynastie arabe des Nasrides à Grenade, elle fut la dernière à tomber en 1492. En même temps, la découverte de l’Amérique fut entamée.
Les musulmans ont régné près de huit siècles (de 711 à 1492) en Andalousie. Ils conquirent aussi une partie du Portugal. Les Maures furent expulsés de la péninsule ibérique en 1609 sous Philippe III31[réf. incomplète]. Une partie d’entre eux s’installe en France[réf. nécessaire] et plusieurs deviennent chrétiens. Le reste revient en Afrique du Nord. Certains pouvoirs en Andalousie s’entendaient avec les trois communautés religieuses chrétienne, juive et musulmane. À partir de 1492, les Espagnols diffusent en Amérique des techniques et des denrées empruntées à la culture maure (les techniques d’irrigation, le sucre, le café, etc.)32.
Une tête de pont musulmane se maintient en Provence dans le massif des Maures, dans le Sud de la France, jusqu’à la fin du Xe siècle33.
La Sicile fut également sous domination musulmane pendant près de 250 ans et la majeure partie de ses habitants se convertirent à l’islam jusqu’à ce que les armées chrétiennes et normandes récupèrent l’île, fondant le royaume de Sicile. Cette islamisation et cette arabisation furent d’autant plus radicales qu’une immigration berbère importante suivit les famines qui ravagèrent l’Afrique du Nord de 1004-1005 à 104034.
Les Hilaliens, une tribu du centre de la péninsule arabique, s'installent d'abord en Égypte avant de faire la conquête du Maghreb au milieu du XIe siècle35.
Le Proche-Orient et le Maghreb ont par la suite été intégrés en totalité ou en partie à d'autres empires (ottomans, espagnols, portugais, anglais, français, etc.).

Religions

Articles détaillés : Jahiliya, Paganisme, Monothéisme, Christianisme et Islam.

Histoire

Dans l'Antiquité, les habitants de l'Arabie pratiquaient des religions animistes36 variées37. Le Coran évoque plusieurs divinités[réf. nécessaire] (Allat, Hubel, Quzeh, Al Lât (femme), Al Ozzâ, Wadd (Amour), Amm, Yagût, Nasr, etc.37). La Kaaba était un lieu sacré en Arabie avant Mahomet37,38. On peut mentionner aussi le mythe de la Reine de Saba, appelée « Balqis » en arabe.
Des Arabes pratiquaient des religions monothéistes (christianisme, judaïsme, etc.) avant l’apparition de l’islam. De nombreux Arabes de religion juive vivaient dans la région39, notamment à Yathrib (Médine) où ils étaient agriculteurs et artisans28[réf. insuffisante]. Certaines y sont restées jusqu'au XXe siècle, en particulier au Yémen. Après l'hégire, une grande partie des Arabes embrassent la religion musulmane.

Islam

Christianisme

Il existe près de quinze millions d’Arabes chrétiens dans l’aire géographique arabo-musulmane : en Égypte (de 8-16 %), en Syrie (5,4-9,4 %), au Liban (34-41 %), en Palestine (6 %, 11 % avec la diaspora palestinienne), en Israël, en Jordanie (3-4 %), en Irak (2,7-3,5 %)40.
Parmi les Arabes du Brésil qui constituent environ 7 % de la population41, la communauté arabe compte ainsi 8 millions32. Les chrétiens de la Grande Syrie sont venus au Brésil en 1837. En tout, il y a 17 millions d’Arabes en Amérique latine32.
Aux États-Unis, les Arabes sont estimés à 3,5 millions, dont environ 63 % sont chrétiens et 24 % musulmans42. Leur communauté qui s’est installée dès le début du XXe siècle en provenance de Syrie, du Liban et d’Égypte, regroupe une population peu nombreuse mais très bien assimilée, avec de nombreux exemples de réussites personnelles, tels John Sununu et Ralph Nader dans la politique, Bobby Rahal dans le sport, ou Paul Anka et Frank Zappa dans la musique. Ces dernières années, de nouveaux immigrants sont arrivés d’Irak.

Judaïsme

L'expression « juifs arabes » désigne les personnes de religion juive dont l'arabe est la langue maternelle et/ou originaires d'un pays arabe. La présence de juifs dans la péninsule arabique, et dans des pays qui seront arabisés après la conquête arabe du VIIe siècle, est très ancienne. Elle peut être attribuée d'une part à des vagues migratoires de juifs originaires de Jérusalem et du royaume de Juda, fuyant les persécutions (voir dans l'article diaspora juive, la première et la deuxième diaspora) ; d'autre part, à des conversions au judaïsme dans les pays où ces juifs exilés s'étaient établis43. Pour une vue d'ensemble, voir l'article Juifs arabes et pour l'histoire des ces juifs par pays, voir les différents articles Histoire des Juifs par pays44.
Après la création d'Israël en 1948, quand de nombreux pays arabes mènent une politique discriminatoire et répressive à l'égard des juifs, près de 900 000 d'entre eux partent ou sont chassés des pays arabes, où ils résidaient et étaient nés, et partent habiter dans le nouvel État dont ils obtiennent la nationalité ou ailleurs en Europe et en Amérique.

Héritage et transmission du savoir classique

Il est communément admis que ce sont des chrétiens syriaques qui ont traduit la majorité des textes des auteurs grecs en arabe et que les versions commentées d’Aristote, de Platon ou d’autres sont parvenues en Europe avec des annotations des penseurs musulmans qui ont ainsi contribué d’une certaine manière au mouvement des idées sans en avoir été pour autant les importateurs exclusifs. La latinisation du nom de ces commentateurs montre leur prestige auprès des savants européens45 : Ibn Rushd est devenu Averroès, Ibn Sina Avicenne, Ibn Tufayl Abubacer, Ibn Bajjah Avempace, Hunayn ibn Ishaq Johannitius.
L’islam a rapidement conquis la Perse sassanide et la majeure partie de la chrétienté orientale où chrétiens et juifs reçoivent le statut de dhimmi soumis à l’impôt. Les conquérants exigent également de leurs tributaires une contribution intellectuelle qui nourrira cette civilisation naissante en puisant dans les trésors de la pensée antique. La Syrie devint le principal centre de la pensée hellénique, après que Justinien a fermé les écoles d’Athènes. À l’exception de quelques œuvres traduites directement du grec en arabe, les ouvrages grecs étaient traduits en syriaque, une forme tardive d’araméen, dans un mouvement qui s’amplifia après la conquête musulmane46.
Les califes abbassides créent au début du IXe siècle un atelier de traduction appelé Bayt al Hikma (Maison de la sagesse) à Bagdad et envoient des caravanes à Byzance pour acquérir des manuscrits grecs. Ce mouvement de traduction inclut des ouvrages tant de médecine, de logique ou de philosophie grecques que de littérature persane ou d’astronomie indienne qui font émerger une nouvelle culture philosophique et scientifique arabe appelée l’adab, imprimant un essor nouveau aux savoirs en général et à la science en particulier47.
Parmi les traducteurs fameux, on peut mentionner au IXe siècle le médecin Hunayn ibn Ishaq, connu en Occident sous le nom de Johannicius. Ce nestorien arabe transcrit les corpus médicaux d’Hippocrate et de Galien qui serviront de base au Canon de médecine d’Avicenne qui sera lui-même traduit en latin et fera autorité durant cinq siècles. D’autres personnalités sont à mentionner tels al-Farabi (872 - 950) qui donne une interprétation d’Aristote et de Platon harmonisant les deux philosophies ou encore le savant al-Biruni (973 - 1048), qui décrit l’histoire de l’Univers dans la tradition grecque. Enfin, l’œuvre d’Averroes (~1126 - 1198), philosophe, théologien et savant musulman, commentateur des œuvres d’Aristote, soulève des débats passionnés qui auront une influence telle dans l’Occident médiéval qu’on parle d’averroïsme.
Les traductions d’Aristote et d’autres auteurs antiques gagnent l’Espagne sarrasine et la Sicile où l’on traduit activement les œuvres de l’arabe en latin. Tolède, conquise par les chrétiens en 1085, devient un lieu de contacts féconds entre culture musulmane et monde chrétien : de 1130 à 1150, l’archevêque Raymond d’Agen emploie des «médiateurs juifs» qui parlent hébreux, arabe, castillan et latin ou encore des savants chrétiens comme Gérard de Crémone. Ainsi les auteurs anciens et les commentaires arabes pénètrent en Occident influençant profondément la pensée d'auteurs chrétiens comme Albert le Grand et Thomas d’Aquin48.
Cette théorie est aujourd’hui partiellement contestée par des historiens comme Jacques Heers ou Sylvain Gouguenheim49. Ce dernier explique dans un ouvrage fort critiqué par ses pairs, Aristote au Mont-Saint-Michel50,51, qu’à côté de la transmission arabe, il aurait existé une filière directe de traductions du grec au latin, dont le Mont-Saint-Michel aurait été le centre au début du XIIe siècle, grâce à Jacques de Venise. Selon le conservateur des manuscrits médiévaux des traités d’Aristote à Avranches, cette théorie relève du « roman », les renseignements sur Jacques de Venise étant pratiquement inexistants et le Mont-Saint-Michel traversant une période troublée à cette époque52. L’historien confirme néanmoins la reprise arabo-musulmane de nombreux éléments de la culture ou du savoir grecs, mais considère que la pensée d’Aristote n’y eut pas d’influence dans les secteurs de la politique et du droit, du moins du VIIIe au XIIe siècle53.
Pour Gabriel Martinez-Gros, professeur à l’université de Paris X, « si le Moyen Âge occidental minimise l’apport des Arabes, c’est qu’il cherche avant tout à renouer avec un patrimoine antique qu’il tient pour sien ; l’Islam médiéval quant à lui exalte une Grèce antique sans parenté avec l’Empire byzantin »54.

Culture arabe

Article détaillé : Culture arabe.

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