Pourquoi
consacrer une page à Malek Haddad ?
La
raison en est très simple. En dehors du fait qu'il s'agit d'un grand écrivain,
lorsque nous habitions à Constantine notre maison du faubourg Lamy se
situait au 3 rue du Sergent Marcel Gurriet ; au numéro 1, vivait
la famille Haddad. Il était donc, du moins par l’intermédiaire de
sa famille, notre plus proche voisin. Ma mère m’a rappelé que son
père (enseignant en retraite) me disait : " Il faut lire,mon
fils, même des bandes dessinées, mais il faut lire ! ".
Au moment où nous étions au faubourg Lamy, Malek Haddad vivait en France, et donc je ne pense pas l’avoir rencontré.
Malek Haddad, un grand
écrivain algérien d’expression française qui, même s’il a été
traduit dans quatorze langues, demeure relativement peu connu, peu médiatisé.
Contrairement à Kateb
Yacine qui conçoit la langue française comme "un butin de guerre",
qu’il faut conserver et exploiter, Malek Haddad, après avoir
dit
"nous écrivons le français, nous n’écrivons pas en français"
pour souligner que la langue n’est qu’un instrument qui exclut
toute aliénation culturelle.
Il vivra la langue française, l’école, comme un exil, plus fort que l’exil : "L’école coloniale colonise l’âme. C’est insidieux, c’est profond… Chez nous, c’est vrai, chaque fois qu’on a fait un bachelier, on a fait un Français ". "Il y a toujours eu une école entre mon passé et moi". "Je suis moins séparé de ma patrie par la Méditerranée que par la langue française. "
Mais peut-on jamais échapper à
sa vocation, au besoin d’écrire? Et Malek Haddad reprendra son stylo
et, faute de pouvoir se mettre dans sa langue à l’instar de Rachid
Boudjedra, il continuera à écrire en français...
Comment, en effet, résister à tel chant de sirène ?
Pendant la Guerre de Libération,
Malek Haddad collabore à plusieurs revues parmi lesquelles Entretiens,
Progrès, Confluents, et Lettres françaises.
Il travaille à la radiodiffusion française et écrit des romans entre 1958 et 1961. Après 1962 il s'installe à Constantine. Il collabore à l’hebdomadaire Atlas et à la revue Novembre et dirige, de 1965 à 1968 la page culturelle d’An Nasr qui paraissait alors en langue française. Il va fonder la fameuse revue Promesses quand il sera chargé de la direction de la Culture au ministère de l’Information (1968 à 1972). En 1974, il est nommé secrétaire de la Nouvelle Union des écrivains algériens.
Malek Haddad décède des suites
d'un cancer le 2 juin 1978 à Alger.
Le Palais de la Culture
de Constantine porte aujourd'hui le nom de Malek Haddad.
Texte
extrait d'un article de Abdelaziz Yessad.
•
"Si
Constantine m'était contée ..."
Une série d'articles écrits par Malek Haddad, parus dans le journal Annasr entre le 4 et le 14 janvier 1966. Format .pdf (603 Ko)
Bibliographie :
- Le malheur en danger (poèmes)
La Nef de Paris (1956)
- La dernière impression (roman) Julliard, 1958 - Je t’offrirai une gazelle (roman) Julliard 1959, réédition 10/18 - L’élève et la leçon (roman) Julliard, 1960, réédition 10/18 - Le Quai aux Fleurs ne répond plus (roman) Julliard 1961, réédition 10/18 - Les zéros tournent en rond (essai), Maspéro 1961 - Écoute et je t’appelle (poèmes) Maspéro 1961 - Algériennes, (album de photographies), ministère de l’Information , 1967.
Malek Haddad laissera
donc également des inédits et des manuscrits inachevés :
- Les premiers froids (poèmes) - La Fin des Majuscules (essai) - Un Wagon sur une île (roman inachevé) - Les Propos de la quarantaine (chronique)
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Kateb Yacine, un résistant.
Romancier, poète, dramaturge, Kateb
Yacine fut encore un inlassable chroniqueur : on le découvre dans
Minuit passé de douze heures. Depuis les textes légèrement grandiloquents
de la jeunesse - le premier d'entre eux, consacré à l'émir Abdelkader,
est écrit par un adolescent de dix-sept ans - jusqu'à ceux, pleins de
colère et de tristesse contenues, d'après la répression de la jeunesse
d'Alger en octobre 1988, on peut suivre tout l'itinéraire d'un grand intellectuel
dont le premier souci fut toujours de rester proche de son peuple. « Aucune
langue n'est étrangère, à condition de pratiquer d'abord sa propre langue,
écrivait-il en 1975. Je m'exprime aujourd'hui en arabe dialectal, dans
la langue du peuple algérien. J'apprends aussi à balbutier en langue dite
berbère, la langue des ancêtres. C'est un double saut périlleux. Il faut
le faire ou se résigner à l'aliénation. »
Loin de se reposer sur les lauriers
obtenus pour Nedjma, Kateb Yacine, lui aussi, forma une compagnie
théâtrale, subventionnée par le ministère du travail ! Car il se
méfiait de la culture comme instrument de reproduction des inégalités
sociales. Il choisit le théâtre parce que son peuple était encore majoritairement
analphabète, et que c'était à lui qu'il voulait s'adresser. Mais qui voudra
faire l'expérience d'une lecture croisée, aujourd'hui rendue possible
par ces diverses publications, des articles journalistiques, des poèmes,
du théâtre et de Nedjma, comprendra immédiatement l'extraordinaire
unité de l'œuvre, qui se déploie dans une impressionnante variété
de manières.
Le fil rouge en est la résistance :
résistance au colonialisme, puis à la constitution d'une culture nationaliste
pour et par une élite fermée, enfin à la sacralisation de l'écrit. C'est
ainsi, sans jamais prendre la pose de l'intellectuel éclairé ou du poète
inspiré, que Kateb Yacine est devenu, comme le dit justement l'éditeur
de Minuit passé de douze heures, l' « un
des plus grands écrivains de ce siècle ».
Texte extrait d'un article
de François Bouchardeau : http://www.monde-diplomatique.fr/1999/12/BOUCHARDEAU/12775.html
et de http://www.radio-france.fr/parvis/yacine.htm
Bibliographie :
- Minuit passé de douze heures (écrits journalistiques
1947-1989), Édition du Seuil, 1999.- Nedjma, Édition du Seuil, Paris, 1956, Points roman, 1981. - Le cercle des représailles, Édition du Seuil, Paris, 1959. - Le Polygone étoilé, Édition du Seuil, Paris, 1966 - L'homme aux sandales de caoutchouc, Édition du Seuil, Paris, 1970. - L'œuvre en fragments, Édition Sindbad, 1986. Théâtre en arabe dialectal algérien : - Mohammed prends ta valise, 1971. - Saout Ennisa, 1972. - La guerre de 2000 ans, 1974. - La Palestine trahie, 1972-1982.
• • •
Né en 1944 à Constantine, neveu de Malek
Haddad. Etudes dans cette ville. Ecrits des poèmes et des nouvelles
depuis l'age de 15 ans. Il publie des nouvelles dans des périodiques,
puis rédige son premier roman de 1971 à 1974.
Professeur à l'Institut des Langues Vivantes Etrangères de l'Université de Constantine.
Petite note personnelle. J'ai eu le plaisir de rencontrer
Jamel Ali Khodja tout simplement puisqu'il habite le faubourg Lamy
dans l'ancienne maison des Haddad qui est mitoyenne de celle
que nous habitions. Il m'a fait l'immense plaisir de m'offrir et me
dédicacer son roman "La Mante Religieuse". SG
Bibliographie :
La mante religieuse, Alger,SNED, 1976
réédité sous le titre Constantine L'Ensorceleuse, Paris, Le Panthéon, 2009 Le Temps suspendu, Paris, Le Panthéon, 2009 L'Itinéraire de Malek Haddad, Ces: 3e cycle: Langue et littérature Maghrébines: Aix-Marseille 1: 1981. L'itineraire de Malek Haddad: temoinage et la proposition, thèse (3e cycle) - Université de Provence (Aix-Marseille 1), Centre d'Aix, 1981. |
mardi 27 juin 2017
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