mardi 27 juin 2017


19 décembre 2009
Histoire et Identité : Les Arabes ont-ils conquis l’Algérie?
Le débat secouant la société algérienne sur la question cruciale de l’identité arabe ou berbère
de l’Algérie nécessite un retour à la source de ce clivage. L’origine en est, bien entendu,
l’expansion arabe en Afrique du nord. Certains affirment que les Arabes n’ont jamais conquis
l’Algérie, d’autres se revendiquent une origine arabe justifiant ainsi l’identité arabe de
l’Algérie. Qu’en est-il en réalité? Afin de répondre à cette question, deux périodes, marquées
par deux mouvements d’expansion majeurs,
doivent être prises en considération
: La
période
de la première
expansion et celle
ayant
trait à la seconde, celle
les Béni-hillals
Première vague: Période 700-973
Les Arabes, après avoir imposé leur dominations sur La Tripolitaine (Libye) et l’Ifrikiya
(Tunisie) s’imposeront face aux
Berbères (698) dirigés par Tarik Ibn-Ziad, les intègrent
à
leur armée et continuent leur expansion vers l’Ouest en suivant l’axe Biskra-Tlemcen et
Tanger pour finalement conquérir l’Andalousie (711). Dans
le cadre algérien, seul le
Constantinois fera l’objet, de leur part d’une présence de type militaire, caractérisée, par
ailleurs,
par une forte méfiance vis-à-vis des populations locales. En effet, la région
voit
l’installation, sur son sol, de forteresses dans le Hodna et le Mzab qui montaient la garde
face
à l’Aurès et d’autres dans la région de Annaba
contre
la Kabylie, renforçant par là même
l’enracinement des populations berbères dans les montagnes. Les Arabes établiront avec les
Berbères des relations distantes, marquées surtout par le désir de soumettre les habitants au
payement de l’impôt (villes) ou du tribut (campagnes). Cette politique déclenchera de la part
des communautés Berbères de nombreuses insurrections qui s’étaleront durant tout le 8ème
siècle et créeront un contexte approprié à la naissance d’un mouvement d’opposition non-
arabe: il s’agit du kharidjisme (700-799),
qui est le premier mouvement de remise en cause
de
la présence ethno-arabe en Afrique du nord. Les révoltés berbères adhèrent, en effet, à ce
mouvement, de type islamique, et l’utilisent comme idéologie de contestation et de
mobilisation face au pouvoir arabe. Il se localisera
dans le Mzab, et
mènera, sous la direction
de Ibn Rustum, émir de Tahart, la
guerre contre les troupes arabes mais il ne réussira pas à
s’étendre en dehors des régions sahariennes. Les troupes arabes, dirigées par le gouverneur du
Mzab, Aghlab vaincront
les Kharidjites, et les obligeront à s’engager à vivre dans leurs cités
du Mzab. Les Aghlab bénéficient, pour cette victoire du pouvoir
au Maghreb. En effet en 800,
le premier Aghlab obtient
le titre Émir et il le lèguera à ses héritiers. La dynastie aghlabide
règnera sur le Maghreb pendant tout le 9ème siècle (800-900). Elle
concentra ses actions sur
la Tunisie et le Maroc, régions riches et prospères et sources d’impôts et de tribut. Les
Aghalabides ne s’intéressèrent pas au territoire proprement algérien car celui-ci n’offrait
aucun intérêt économique. Même le Constantinois, proche du centre du pouvoir (Kairouan)
est ignoré, car il brille, comparativement à la Tunisie, par sa pauvreté. Pauvre, la région est
délaissée à elle-même, de sorte que les Aghlabides n’entreprirent aucune campagne pouvant
aboutir à l’installation d’une population arabe dans cette contrée. Plus encore, ils établirent
avec les populations un rapport basé sur la force et la distance, rapport symbolisé
par les
forteresses, comme mentionnées ci-haut. Cette marginalisation, dont étaient victimes les
Berbères, en fera un terrain fertile pour les ennemis des Aghlabides, à savoir, Les Fatimides.
Alliés du mouvement abbaside, les aghlabides vont, en effet, être la cible d’un deuxième
mouvement de remise en cause de leur présence en Afrique du nord, entre 900 et 976. Il s’agit
du chiisme.
Adeptes de l’imam Ali, les chiites ou Fatimides, se posèrent en adversaires des
Abbassides
au pouvoir en Orient et au Maghreb. La contreverse portait sur la succession du
prophète de l’Islam. Une guerre entre les deux camps s’en suivit et le conflit se transposa au
Maghreb. Les dirigeants arabes du mouvement, réussirent à convaincre
certaines tribus
berbères du Sud-constantinois de se joindre à leur lutte. Ces Berbères vont constituer la force
de frappe de l’armée fatimide et participer aux assauts contre le pouvoir arabe en Afrique du
nord.
La guerre entre les
deux tendances (Abbassides et Fatimides)
s’est étalée
de 902 à 946
pour finalement se conclure par la victoire des fatimides. Ce mouvement, dirigé par des
Arabes avec des groupes berbères, comme supports, qui a eu comme champs d’action
l’axe
Tunisie-Sahara-Maroc mais
non pas l’Algérie-nord (constantinois, Kabylie, Algérois,
Oranie), n’eût pratiquement aucun impact
sur la composition ethno-berbère de la population
algérienne. Bien plus encore, sa victoire sur les Aghlabides donna lieu à un événement majeur
qui allait faire chuter la présence arabe en Algérie au point zéro. Il s’agit de la décision du
calife fatimide Al-Mu’izz, dernier suzerain arabe au Maghreb (Tunisie), de conquérir
l’Égypte. Cette action entreprise, avec l’aide d’une armée composée de 100
000 cavaliers
Berbères (Kotamas,Sanhadjas), originaires en majorité du sud-constantinois, vit le départ des
populations arabes d’Afrique du nord et la transmission du pouvoir à des Berbères
islamisés(Zirides). Cette évolution aboutit à une disparition totale de l’élément arabe en
Algérie de sorte qu’on peut dire que la première vague arabe ayant établi sa domination sur
l’Afrique du nord, ne fut pas, dans l’espace algérien, une colonisation de peuplement. La
présence arabe se localisa, en effet, en Tunisie, au Maroc et en Andalousie, en raison de leur
potentiel dans les domaines agricole et abricole. L’Algérie fut essentiellement une zone de
passage suivant l’axe Sud-constantinois-Biskra-Tahert-Tlemcen. Qu’en sera-t-il avec la
deuxième vague, celle des Béni-hillal (1051) ? Sera-t-elle une colonisation de peuplement, ou
bien un mouvement passager sans aucun effet sur le caractère berbère de l’Algérie ?
Seconde Vague
: Les Béni-hillals
(1051-1163)
Ces tribus
arabes, ont
migré en Afrique du nord en 1051. Leurs mouvements se sont
inscrits
par rapport à trois axes. En premier la Tunisie. Les tribus arabes renversent le pouvoir
central des Zirides et imposent leur domination. Chaque chef de tribu accapare une
principauté, impose son autorité, soumet les habitants des villes à payer une redevance et
les
cultivateurs et arboriculteurs à donner une partie de leurs récoltes de blé, de dattes, et d’olive
(un tribut), se charge du commerce ou bien le contrôle. En deuxième, le Maroc. Leur avancée,
dans un premier temps vers l’Ouest est stoppée nette par des tribus berbères (Zénètes), fidèles
au pouvoir marocain, de sorte qu’ils ne conquérront pas le Maroc. Ils rebrousseront chemin
vers la Tunisie, ou bien s’adonneront à la razzia, soit des villes limitrophes des hauts plateaux,
provoquant ainsi la ruine de Tahert, soit à l’encontre des caravanes commerciales allant de
l’Est à l’ouest entraînant ainsi
un déplacement des routes commerciales traditionnelles vers
l’intérieur du Sahara. En troisième
lieu, le Sahara:Une partie des tribus se retrouvent intégrées
avec le temps dans le commerce transaharien sillonnant les régions sahariennes. Un
commerce surtout autour de
Sidjilmassa, zone ou les nomades allaient échanger la poudre
d’or contre le sel, pour passer ensuite par vingt quatre oasis-escales, lieu de chargement des
dattes et finalement pour se diriger vers l’Orient, l’Andalousie ou bien, le Maroc ou la
Tunisie, une région qui par ailleurs a reçu le plus grand nombre de nomades arabes. Qu’en
est-il, sur ce point de l’Algérie, en d’autres mots, les nomades arabes se sont-ils établis dans

19 décembre 2009
Histoire et Identité : Les Arabes ont-ils conquis l’Algérie?
Le débat secouant la société algérienne sur la question cruciale de l’identité arabe ou berbère
de l’Algérie nécessite un retour à la source de ce clivage. L’origine en est, bien entendu,
l’expansion arabe en Afrique du nord. Certains affirment que les Arabes n’ont jamais conquis
l’Algérie, d’autres se revendiquent une origine arabe justifiant ainsi l’identité arabe de
l’Algérie. Qu’en est-il en réalité? Afin de répondre à cette question, deux périodes, marquées
par deux mouvements d’expansion majeurs,
doivent être prises en considération
: La
période
de la première
expansion et celle
ayant
trait à la seconde, celle
les Béni-hillals
Première vague: Période 700-973
Les Arabes, après avoir imposé leur dominations sur La Tripolitaine (Libye) et l’Ifrikiya
(Tunisie) s’imposeront face aux
Berbères (698) dirigés par Tarik Ibn-Ziad, les intègrent
à
leur armée et continuent leur expansion vers l’Ouest en suivant l’axe Biskra-Tlemcen et
Tanger pour finalement conquérir l’Andalousie (711). Dans
le cadre algérien, seul le
Constantinois fera l’objet, de leur part d’une présence de type militaire, caractérisée, par
ailleurs,
par une forte méfiance vis-à-vis des populations locales. En effet, la région
voit
l’installation, sur son sol, de forteresses dans le Hodna et le Mzab qui montaient la garde
face
à l’Aurès et d’autres dans la région de Annaba
contre
la Kabylie, renforçant par là même
l’enracinement des populations berbères dans les montagnes. Les Arabes établiront avec les
Berbères des relations distantes, marquées surtout par le désir de soumettre les habitants au
payement de l’impôt (villes) ou du tribut (campagnes). Cette politique déclenchera de la part
des communautés Berbères de nombreuses insurrections qui s’étaleront durant tout le 8ème
siècle et créeront un contexte approprié à la naissance d’un mouvement d’opposition non-
arabe: il s’agit du kharidjisme (700-799),
qui est le premier mouvement de remise en cause
de
la présence ethno-arabe en Afrique du nord. Les révoltés berbères adhèrent, en effet, à ce
mouvement, de type islamique, et l’utilisent comme idéologie de contestation et de
mobilisation face au pouvoir arabe. Il se localisera
dans le Mzab, et
mènera, sous la direction
de Ibn Rustum, émir de Tahart, la
guerre contre les troupes arabes mais il ne réussira pas à
s’étendre en dehors des régions sahariennes. Les troupes arabes, dirigées par le gouverneur du
Mzab, Aghlab vaincront
les Kharidjites, et les obligeront à s’engager à vivre dans leurs cités
du Mzab. Les Aghlab bénéficient, pour cette victoire du pouvoir
au Maghreb. En effet en 800,
le premier Aghlab obtient
le titre Émir et il le lèguera à ses héritiers. La dynastie aghlabide
règnera sur le Maghreb pendant tout le 9ème siècle (800-900). Elle
concentra ses actions sur
la Tunisie et le Maroc, régions riches et prospères et sources d’impôts et de tribut. Les
Aghalabides ne s’intéressèrent pas au territoire proprement algérien car celui-ci n’offrait
aucun intérêt économique. Même le Constantinois, proche du centre du pouvoir (Kairouan)
est ignoré, car il brille, comparativement à la Tunisie, par sa pauvreté. Pauvre, la région est
délaissée à elle-même, de sorte que les Aghlabides n’entreprirent aucune campagne pouvant
aboutir à l’installation d’une population arabe dans cette contrée. Plus encore, ils établirent
avec les populations un rapport basé sur la force et la distance, rapport symbolisé
par les
forteresses, comme mentionnées ci-haut. Cette marginalisation, dont étaient victimes les
Berbères, en fera un terrain fertile pour les ennemis des Aghlabides, à savoir, Les Fatimides.
Alliés du mouvement abbaside, les aghlabides vont, en effet, être la cible d’un deuxième
mouvement de remise en cause de leur présence en Afrique du nord, entre 900 et 976. Il s’agit
du chiisme.
Adeptes de l’imam Ali, les chiites ou Fatimides, se posèrent en adversaires des
Abbassides
au pouvoir en Orient et au Maghreb. La contreverse portait sur la succession du
prophète de l’Islam. Une guerre entre les deux camps s’en suivit et le conflit se transposa au
Maghreb. Les dirigeants arabes du mouvement, réussirent à convaincre
certaines tribus
berbères du Sud-constantinois de se joindre à leur lutte. Ces Berbères vont constituer la force
de frappe de l’armée fatimide et participer aux assauts contre le pouvoir arabe en Afrique du
nord.
La guerre entre les
deux tendances (Abbassides et Fatimides)
s’est étalée
de 902 à 946
pour finalement se conclure par la victoire des fatimides. Ce mouvement, dirigé par des
Arabes avec des groupes berbères, comme supports, qui a eu comme champs d’action
l’axe
Tunisie-Sahara-Maroc mais
non pas l’Algérie-nord (constantinois, Kabylie, Algérois,
Oranie), n’eût pratiquement aucun impact
sur la composition ethno-berbère de la population
algérienne. Bien plus encore, sa victoire sur les Aghlabides donna lieu à un événement majeur
qui allait faire chuter la présence arabe en Algérie au point zéro. Il s’agit de la décision du
calife fatimide Al-Mu’izz, dernier suzerain arabe au Maghreb (Tunisie), de conquérir
l’Égypte. Cette action entreprise, avec l’aide d’une armée composée de 100
000 cavaliers
Berbères (Kotamas,Sanhadjas), originaires en majorité du sud-constantinois, vit le départ des
populations arabes d’Afrique du nord et la transmission du pouvoir à des Berbères
islamisés(Zirides). Cette évolution aboutit à une disparition totale de l’élément arabe en
Algérie de sorte qu’on peut dire que la première vague arabe ayant établi sa domination sur
l’Afrique du nord, ne fut pas, dans l’espace algérien, une colonisation de peuplement. La
présence arabe se localisa, en effet, en Tunisie, au Maroc et en Andalousie, en raison de leur
potentiel dans les domaines agricole et abricole. L’Algérie fut essentiellement une zone de
passage suivant l’axe Sud-constantinois-Biskra-Tahert-Tlemcen. Qu’en sera-t-il avec la
deuxième vague, celle des Béni-hillal (1051) ? Sera-t-elle une colonisation de peuplement, ou
bien un mouvement passager sans aucun effet sur le caractère berbère de l’Algérie ?
Seconde Vague
: Les Béni-hillals
(1051-1163)
Ces tribus
arabes, ont
migré en Afrique du nord en 1051. Leurs mouvements se sont
inscrits
par rapport à trois axes. En premier la Tunisie. Les tribus arabes renversent le pouvoir
central des Zirides et imposent leur domination. Chaque chef de tribu accapare une
principauté, impose son autorité, soumet les habitants des villes à payer une redevance et
les
cultivateurs et arboriculteurs à donner une partie de leurs récoltes de blé, de dattes, et d’olive
(un tribut), se charge du commerce ou bien le contrôle. En deuxième, le Maroc. Leur avancée,
dans un premier temps vers l’Ouest est stoppée nette par des tribus berbères (Zénètes), fidèles
au pouvoir marocain, de sorte qu’ils ne conquérront pas le Maroc. Ils rebrousseront chemin
vers la Tunisie, ou bien s’adonneront à la razzia, soit des villes limitrophes des hauts plateaux,
provoquant ainsi la ruine de Tahert, soit à l’encontre des caravanes commerciales allant de
l’Est à l’ouest entraînant ainsi
un déplacement des routes commerciales traditionnelles vers
l’intérieur du Sahara. En troisième
lieu, le Sahara:Une partie des tribus se retrouvent intégrées
avec le temps dans le commerce transaharien sillonnant les régions sahariennes. Un
commerce surtout autour de
Sidjilmassa, zone ou les nomades allaient échanger la poudre
d’or contre le sel, pour passer ensuite par vingt quatre oasis-escales, lieu de chargement des
dattes et finalement pour se diriger vers l’Orient, l’Andalousie ou bien, le Maroc ou la
Tunisie, une région qui par ailleurs a reçu le plus grand nombre de nomades arabes. Qu’en
est-il, sur ce point de l’Algérie, en d’autres mots, les nomades arabes se sont-ils établis dans

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