vendredi 19 août 2016

Au Yémen, un an de conflit et une crise humanitaire sans précédent

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Partisans de l’ancien président Ali Abdallah Saleh et des milices chiites, le 1er août à Sanaa.
Partisans de l’ancien président Ali Abdallah Saleh et des milices chiites, le 1er août à Sanaa. MOHAMMED HUWAIS / AFP

Un conflit « très largement négligé par nos diplomates » ; une crise humanitaire « beaucoup plus grave qu’on veut bien le dire ». C’est dans ces termes alarmants que le politologue Laurent Bonnefoy, chercheur au CNRS, évaluait la situation au Yémen, mardi 16 août sur France Info.

Le conflit dure en effet depuis plus d’un an dans ce pays du Moyen-Orient qui se trouve dans une impasse, au grand dam d’une population confrontée à une grave crise humanitaire.

Une situation politique bloquée

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Les forces de sécurité yéménites devant un poster du président Abd Rabbo Mansour Hadi lors d'une manifestation progouvernement le 26 août 2014 à Sanaa, capitale du Yémen.
Les forces de sécurité yéménites devant un poster du président Abd Rabbo Mansour Hadi lors d'une manifestation progouvernement le 26 août 2014 à Sanaa, capitale du Yémen.AFP/MOHAMMED HUWAIS
Un président élu contraint de s’exiler en Arabie saoudite. Des rebelles qui contrôlent une partie du pays. La situation politique au Yémen est aujourd’hui bloquée. Deux camps s’opposent : les forces alliées au chef de l’Etat, Abd Rabbo Mansour Hadi, élu en 2012, et les milices chiites houthistes, qui soutiennent son prédécesseur, Ali Abdallah Saleh.
Ce dernier avait pris la tête du Yémen du Nord dès 1978 avant de devenir président d’un Yémen réunifié en 1990. Mais après ses trente-trois années de pouvoir, dans la foulée du « printemps arabe », Ali Abdallah Saleh est chassé de son poste en novembre 2011, sous la pression d’une partie du peuple et de la communauté internationale. En échange, il obtient l’immunité pour lui et ses proches, aux termes de l’accord pour une transition politique signé à Riyad, en Arabie saoudite.
Son successeur, Abd Rabbo Mansour Hadi, reconnu par la communauté internationale après sa victoire à l’élection présidentielle de 2012, pour une période de transition de deux ans, a rapidement subi la pression des rebelles chiites. Le président est accusé de n’avoir jamais réussi à stabiliser le pays, ni à redresser son économie. Les rebelles houthistes, qui se présentent comme un mouvement des déshérités, mobilisent leurs sympathisants dans la capitale, Sanaa, au nom de la lutte contre la corruption.
En mars 2015, le président Hadi est contraint de quitter Sanaa face à l’offensive des milices houthistes et l’échec d’un accord pour le partage du pouvoir. Il gagne le grand port d’Aden, dans le sud, d’où il s’exile chez son allié saoudien, à Riyad.
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Le président Abd Rabbo Mansour Hadi, le 24 mars.
Le président Abd Rabbo Mansour Hadi, le 24 mars. AFP/-
Les rebelles ont en effet réussi à prendre le contrôle de la capitale en septembre 2014. Ennemis du président Ali Saleh lorsqu’il était au pouvoir, ils sont, depuis, devenus alliés et combattent avec les forces restées fidèles à l’ancien autocrate, qui n’a pas abandonné tout espoir de revenir aux affaires.

L’Arabie saoudite, acteur principal du conflit yéménite

Les milices houthistes ont également conquis l’essentiel de la moitié nord du pays, où les chiites zaïdites (30 % de la population yéménite) sont majoritaires. Mais cette offensive, soutenue discrètement et relativement par l’Iran chiite, a fait craindre à l’Arabie saoudite, monarchie sunnite, que son grand rival régional ne prenne le contrôle d’un pan de territoire et d’un groupe armé à sa frontière sud.
Le roi Salmane, arrivé au trône en 2014, a réagi puissamment, en emmenant en guerre une coalition militaire de pays sunnites, en mars 2015, en soutien aux forces gouvernementales. Les Emirats arabes unis, la Jordanie et le Soudan, notamment, s’engagent dans cette campagne aérienne, complétée par l’envoi de troupes au sol.
L’objectif est de reprendre Sanaa et les territoires conquis par les rebelles houthistes. Mais cette coalition menée par Riyad s’enlise. Le grand port du sud, Aden, a bien été repris. Mais depuis un an, malgré des combats intenses, les lignes de front sont figées. Aucun des deux camps ne semble avoir la capacité de prendre le dessus militairement.
En parallèle, des négociations politiques ont débuté et sont actuellement dans une impasse.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/08/18/au-yemen-un-conflit-qui-s-enlise-depuis-plus-d-un-an_4984307_4355770.html#UgeWQBL5u5YRbrpv.99

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