vendredi 20 mai 2016

Algérie : le coût de la guerre contre le terrorisme

16:56  jeudi 19 mai 2016 | Par Yacine Babouche | Actualité 
(© Sidali / New Press)
(© Sidali / New Press)
La guerre que mène l’Algérie contre le terrorisme n’est pas terminée. Pas une semaine ne passe sans que le ministère de la Défense n’annonce la capture ou l’élimination de terroristes, ainsi que la saisie de nombreuses armes de guerre. La menace est à la fois intérieure et extérieure, au niveau des frontières partagées avec la Tunisie et la Libye notamment, où la présence des groupes terroristes est de plus en plus intense.
Pour prévenir contre les menaces de débordement à l’intérieur des frontières, l’armée algérienne a déployé 60.000 soldats dès mai 2013 le long de ses frontières-est, qu’elle partage avec la Tunisie et la Libye. Le nombre conséquent de soldats mobilisés est révélateur de l’importance qu’accorde l’armée à la menace potentielle pouvant provenir d’une Libye en plein chaos et d’une Tunisie confrontée à un grave problème terroriste. L’armée s’est également pourvue des équipements et appareils les plus sophistiqués, comme en témoignent les informations régulières en provenance de Russie sur les contrats d’armement.
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Pour faire face à la menace, l’Algérie n’a en effet pas lésiné dans ses dépenses militaires. La guerre contre le terrorisme a pourtant un coût. Le budget de la Défense nationale inscrit dans la Loi de finances a de ce fait connu une croissance exponentielle, passant de 516 milliards de dinars en 2011 (dernière année avant le début du « Printemps Arabe ») à 723 milliards de dinars l’année suivante. Il n’a depuis eu de cesse de progresser jusqu’à atteindre et dépasser la barre des 1000 milliards de dinars ces trois dernières années. Il a donc doublé en seulement cinq ans.
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L’Algérie est au passage devenue le premier pays africain à dépenser plus de dix milliards de dollars pour son armée. Le prix à payer pour combattre le terrorisme est clairement élevé, et l’Algérie n’a jusqu’à présent jamais failli à équiper son armée et la mettre dans les meilleures conditions pour mener ce combat.
Néanmoins, l’Algérie se retrouve aujourd’hui confrontée à un dilemme à priori inextricable. Tandis que la menace terroriste ne cesse de croître, l’Algérie doit également faire face à une grave crise économique à la suite de l’effondrement des cours des hydrocarbures. Inexorablement, les réserves de l’Algérie sont en train de se vider et le déficit continue de se creuser. Sauf retournement économique spectaculaire et inattendu, l’Algérie sera très bientôt dans l’obligation de prendre des décisions très difficiles pour éviter l’effondrement économique du pays. Des coupes budgétaires violentes devront s’opérer pour tenter de rééquilibrer les comptes du pays.
Le choix est donc cornélien. En décidant à l’avenir de maintenir le rythme des dépenses de Défense actuel, à priori nécessaire pour assurer la sécurité du pays contre le terrorisme, l’État pourrait se retrouver dans l’obligation de faire l’impasse sur d’autres postes de dépenses cruciaux comme l’Éducation ou la Santé, créant ainsi potentiellement une pression insoutenable aux couches sociales les plus défavorisées et offrant ainsi un terreau fertile pour l’extrémisme.
Dans l’hypothèse inverse, en réduisant le rythme des dépenses de Défense, l’État pourrait fragiliser les capacités de l’armée dans son combat contre le terrorisme dans un contexte régional extrêmement volatile. Dans un cas comme dans l’autre, les décisions que prendra l’État à cet égard pourraient dessiner dans les années à venir une Algérie bien différente de l’Algérie actuelle.

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