Ammar ibn Yasir
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Islammedia 2011 |
mardi 20 mars 2018
« Le statut des dhimmis ne peut être jugé à l’aune des droits de l’homme ! »
Dominique
Avon est historien, spécialiste de l’islam. « Le Monde des livres » lui
a demandé quel crédit accorder à l’œuvre de Bat Ye’or.
LE MONDE DES LIVRES
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Propos recueillis par Jean Birnbaum
En tant qu’historien qui étudie le temps long des
religions tout en gardant toujours un œil sur l’actualité, que
pensez-vous des textes de Bat Ye’or ?
Depuis Eurabia, Bat Ye’or verse dans un registre outrancier
en présentant le schéma d’une incompatibilité de nature entre islam et
monde judéo-chrétien, au lieu d’historiciser la montée en puissance d’un
courant intégral au sein des milieux musulmans depuis les années 1960.
Au Moyen Age, aucun régime politico-religieux ne traitait de manière
égalitaire les « minorités » juridiques, pas plus au sud qu’au nord de
la Méditerranée.Envisager le passé à la lumière des droits élaborés entre le XVIIIe et le XIXe siècle, c’est un non-sens : le statut des dhimmis ne peut être jugé à l’aune des droits de l’homme ! En revanche, constater que des savants musulmans œuvrent depuis deux générations à l’intégration de principes religieux qui ont un millénaire, c’est une vraie question : la loi qu’ils attribuent à Dieu est censée avoir fixé l’idéal d’une relation de tolérance fondée sur la protection-domination.
Cette attitude fait le succès de l’interpellation de Bat Ye’or dans certains milieux, puisqu’elle dit en substance : « Voilà le vrai visage de l’islam. » Elle ignore les débats internes aux milieux musulmans.
Houari Bouissa : « L’islam, une histoire française à enseigner à l’école »
L’enseignement
du fait religieux doit être revu pour mieux intégrer l’apport de
l’islam à l’histoire de France, estime Houari Bouissa, professeur
d’histoire, dans une tribune au « Monde ».
LE MONDE
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• Mis à jour le
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Par Houari Bouissa (Professeur d'histoire, formateur d’enseignants sur les questions liées au fait musulman)
Tribune. Le président de la République a récemment ouvert le débat autour de la formation d’un islam de France en appelant de ses vœux l’édification d’un islam franco-français. Dans son récent ouvrage, L’Islam, une religion française, Hakim El Karoui propose même de rompre avec la tutelle des pays étrangers afin de faire accepter l’idée que l’islam est devenu une religion française.
Ces réflexions renvoient aussi à la question scolaire. Les lois Jules Ferry de 1881-1882 voulaient, à travers l’enseignement, refonder une école publique excluant les références religieuses pour affirmer une nouvelle foi autour des principes de la République. La IIIe République avait comme dessein de construire une France composée d’individus rassemblés autour d’une histoire et d’une langue communes.
Analphabétisme religieux Aujourd’hui, alors que se pose la question du rôle de l’enseignement du fait religieux à l’école, quels sont les moyens d’action qui permettraient à nos élèves de se sentir français, républicains et finalement à l’aise dans des institutions laïques ?
Le savoir des élèves concernant le fait religieux en général et l’historiographie musulmane en particulier reste très lacunaire. Faute de connaissances historiques, on peut même parler d’analphabétisme religieux dans une grande partie de notre jeunesse. Beaucoup de musulmans, certes, mais aussi de chrétiens et de juifs, n’ont que des connaissances approximatives du fait religieux justement parce que l’histoire du fait religieux reste le parent pauvre de notre historiographie.
« Beaucoup de musulmans, certes, mais aussi de chrétiens et de juifs, n’ont que des connaissances approximatives du fait religieux » Les raisons sont multiples, d’abord parce que notre construction historiographique s’est réalisée autour d’une déchirure méditerranéenne, où l’islam est vite apparu comme intrus, ce qui a sans doute amené à le considérer comme en dehors de la science...
Tarik Yildiz : « L’enjeu n’est pas la structuration de l’islam, mais la lutte contre une idéologie »
Pour
combattre le terrorisme, l’Etat devrait se montrer intransigeant dans
le combat contre la petite délinquance plutôt que de tenter de
structurer l’islam de France, estime le sociologue Tarik Yildiz, dans
une tribune au « Monde ».
LE MONDE
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Par Tarik Yildiz (Sociologue,)
Une question revient sans cesse dans certains milieux associatifs et militants : pourquoi l’exécutif ne cible-t-il que l’islam ? Pourquoi ce chantier ne concerne-t-il pas l’ensemble des religions ? La dénonciation sous-jacente d’un deux poids deux mesures se développe avec l’objectif, plus ou moins conscient, d’installer l’idée d’une discrimination injuste de l’Etat.
L’exécutif doit répondre à la question posée sans complexe : les réflexions ne concernent que l’islam, car les terroristes qui ont récemment frappé notre pays étaient tous issus de la même mouvance, l’islam sunnite takfiriste [adepte d’une idéologie ultra-violente]. Evidemment, il s’agit d’une infime minorité au regard de l’ensemble des croyants, mais l’Etat peut légitimement mener une politique particulière pour déconstruire certains mécanismes dévastateurs sur son propre sol.
Le véritable enjeu ne doit pas être la structuration de l’islam, mais plutôt la lutte contre une idéologie particulière en son sein, propice au développement d’une contre-société et de la violence.
Tentation de nombreux intellectuels et de responsables politiques, la participation à des débats théologiques n’est pas une solution pour répondre à l’enjeu précité. Le rôle de l’Etat, de surcroît laïque, ne peut être d’interpréter des textes religieux, de favoriser officiellement une certaine exégèse du Coran, de créer un « islam à la française ». Investir le champ de l’interprétation religieuse serait inefficace et même contre-productif, les plus radicaux vivant à la marge de la société et refusant toute institution, particulièrement...
Rachid Benzine : « Islam de France : gare aux fausses “bonnes idées” »
Les
pistes que semble privilégier le gouvernement pour organiser l’islam de
France sont peu réalistes, tant juridiquement que sociologiquement,
juge l’islamologue dans une tribune au « Monde ».
LE MONDE
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• Mis à jour le
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Par Rachid Benzine (Islamologue, chercheur associé au fonds Ricoeur)
Tribune. Le président Emmanuel Macron a décidé de prendre à bras-le-corps le dossier de l’organisation de l’islam de France, et on ne peut que s’en féliciter. Pourra-t-il réussir là où ses prédécesseurs ne sont parvenus à rien de satisfaisant depuis presque quarante ans, malgré des efforts respectables ? Un des avantages du jeune président est de ne pas se considérer lié par des pesanteurs héritées du passé, et de privilégier l’efficacité pragmatique sur les politesses hypocrites.
Mais jusqu’où pourra-t-il faire fi de ces héritages ? La situation est loin d’être simple, non seulement en raison du principe français de séparation qui interdit – normalement ! – à l’Etat de s’immiscer dans l’organisation des cultes ; mais plus encore du fait d’un islam des musulmans de France extrêmement pluriel, traversé de conflits et d’intérêts contradictoires.
Surtout, on peut avoir légitimement le sentiment que l’immense majorité des fidèles du Coran en France se montre peu intéressée par la mise en place de structures censées la représenter. Un signe de « privatisation » et d’individualisation de la foi des gens ? Ou bien un abandon dans les mains de ceux – souvent les plus zélés et les moins ouverts aux valeurs des sociétés démocratiques – qui ont la réputation d’être « meilleurs religieux » et « plus savants » qu’eux ? Les deux phénomènes sont probablement à l’œuvre ensemble.
Même si le président Macron s’est, jusqu’ici, peu exprimé sur le sujet, on connaît les thèses et propositions qui lui sont présentées. L’une des premières est la rupture avec les influences dites « étrangères » au profit d’un islam « des musulmans de France ». La proposition est séduisante. Mais peut-on extraire de « toute influence étrangère » – ou de tout « attachement étranger » – les musulmans de France ? Est-ce possible et souhaitable ?
Déjà conviendrait-il de mieux définir quelles sont les influences étrangères, et en quoi celles-ci...
Il faut « structurer de véritables institutions musulmanes au niveau départemental »
Une
initiative lancée avec les pouvoirs publics dans les Yvelines offre
quelques pistes qui pourraient être étendues au reste de la France
estime, dans une tribune au « Monde », Abdelaziz El Jaouhari, le
responsable du Conseil des institutions musulmanes des Yvelines.
LE MONDE
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Par Abdelaziz El Jaouhari (Secrétaire général du Conseil des institutions musulmanes des Yvelines)
Tribune. Le président de la République a récemment déclaré son intention de « poser les jalons de toute l’organisation de l’islam de France ». Ce projet est attendu. Il est nécessaire. Et il aboutira s’il s’appuie notamment sur l’expérience des acteurs de terrain. Posons donc le problème dans ses termes actuels.
Devant nous s’avance un fondamentalisme contraire aux principes républicains qui encourage le repli identitaire et parfois la violence, tandis que l’islam majoritaire peine à trouver sa place dans la République. La réponse doit passer par deux objectifs : faire concrètement reculer l’extrémisme religieux, et intégrer définitivement l’islam à la société française, dans les conditions posées par la laïcité. Ces deux objectifs sont indissociables, tant le développement de l’intégrisme peut aussi être vu comme un symptôme de l’échec à organiser l’islam de France.
Les musulmans ordinaires ne se sentent pas appartenir à une communauté religieuse structurée, et comme partout ailleurs, l’engagement collectif y est en recul. De cette faiblesse organisationnelle, les milieux salafistes ont tiré profit par une stratégie d’activisme local. Ils connaissent les failles de la loi républicaine, mettant la pression sur l’Etat en le menaçant de désordre, et sur les élus locaux en leur promettant des voix. C’est ainsi que les ouvertures sauvages de lieux de culte se sont multipliées.
S’appuyer sur des acteurs de terrain L’expérience yvelinoise est riche d’enseignements en la matière. Plusieurs fois, il a fallu expulser par la force les groupes radicaux des grandes mosquées où ils ont tenté de s’installer. Mais leur échec n’est pas définitif. Les mêmes ont conçu une stratégie périphérique redoutable, consistant à créer des lieux de culte dans les communes intermédiaires, afin d’occuper le terrain social et de mener une guerre d’usure aux mosquées traditionnelles.
Devant cet état de fait, services de l’Etat, collectivités...
Comment un spectacle de danse a provoqué la démission du maire de Téhéran
LE MONDE | 15.03.2018 à 18h47
Durée : 01:59 |
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La chorégraphie de quelques jeunes filles a peut être mis fin à la carrière de Mohammad Ali Najafi, le maire de Téhéran. Le maire de la capitale iranienne a remis sa démission mercredi 14 mars. Quelques jours auparavant, il avait assisté à une cérémonie au cours de laquelle des jeunes filles avaient dansé, selon des médias iraniens. Donnée en l’honneur de la journée iranienne des femmes, la célébration avait été très critiquée par une partie de la société iranienne et par ses représentants religieux.
En Iran, les filles de plus de 9 ans n’ont pas le droit de danser en public. Finalement convoqué par le procureur de Téhéran, Mohammad Ali Najafi a ensuite démissionné, officiellement pour « raisons médicales ». Devenu maire de Téhéran en août 2017, il était le premier réformateur à occuper ce poste depuis 2005.
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