« Le statut des dhimmis ne peut être jugé à l’aune des droits de l’homme ! »
Dominique
Avon est historien, spécialiste de l’islam. « Le Monde des livres » lui
a demandé quel crédit accorder à l’œuvre de Bat Ye’or.
LE MONDE DES LIVRES
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• Mis à jour le
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Propos recueillis par Jean Birnbaum
En tant qu’historien qui étudie le temps long des
religions tout en gardant toujours un œil sur l’actualité, que
pensez-vous des textes de Bat Ye’or ?
Depuis Eurabia, Bat Ye’or verse dans un registre outrancier
en présentant le schéma d’une incompatibilité de nature entre islam et
monde judéo-chrétien, au lieu d’historiciser la montée en puissance d’un
courant intégral au sein des milieux musulmans depuis les années 1960.
Au Moyen Age, aucun régime politico-religieux ne traitait de manière
égalitaire les « minorités » juridiques, pas plus au sud qu’au nord de
la Méditerranée.Envisager le passé à la lumière des droits élaborés entre le XVIIIe et le XIXe siècle, c’est un non-sens : le statut des dhimmis ne peut être jugé à l’aune des droits de l’homme ! En revanche, constater que des savants musulmans œuvrent depuis deux générations à l’intégration de principes religieux qui ont un millénaire, c’est une vraie question : la loi qu’ils attribuent à Dieu est censée avoir fixé l’idéal d’une relation de tolérance fondée sur la protection-domination.
Cette attitude fait le succès de l’interpellation de Bat Ye’or dans certains milieux, puisqu’elle dit en substance : « Voilà le vrai visage de l’islam. » Elle ignore les débats internes aux milieux musulmans.
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