mardi 30 janvier 2018

.
.

Information historique et socioculturelle sur l'Algérie

.

Traduire l'article :

Con la tecnología de Google Traductor de GoogleTraductor de Google

Cela s’est passé un 13 octobre 1837, la chute de Constantine


chuteDans une lettre du 13 octobre 1837, adressée aux Ministres de la guerre et des affaires étrangères, le général Valée écrit : « Le drapeau tricolore flotte sur Constantine ; l’armée est arrivée devant ses murs le 6 ; la brèche a été ouverte le 11, praticable le 12, et on a donné l’assaut ce matin avec la plus grande bravoure et un succès complet… »
                             
Alors qu’une première tentative des troupes du général Clauzel se solda par un échec retentissant, en 1936, le roi français Charles X, cherchant à offrir au pays un peu de gloire militaire et une revanche, l’ordre est donné pour une seconde expédition sur la ville des rochers.
Ainsi, le 1er octobre 1937, l’armée française sort du camp de Merdjez-Hammar pour marcher sur Constantine avec environ 7 000 hommes.
Après six jours de marche, l’armée arrive aux portes de Constantine. Le 10 octobre, toutes les pièces d’artillerie sont placées sur la colline, et le 11 les forces françaises commencent à lancer leurs boulets contre les murs de la ville.
Le soir même, le commandant en chef, Comte de Damrément, envoie un message aux habitants de Constantine : « Mes canons sont au pied de vos murs ; ils vont être renversés, et mes troupes entreront dans votre ville. Si vous voulez éviter de grands malheurs, soumettez-vous pendant qu’il en est temps encore. Je vous garantis par serment que vos femmes, vos enfants et vos biens seront respectés, et que vous pourrez continuer à vivre paisiblement dans vos maisons. Envoyez des gens de bien pour me parler et pour convenir de toutes choses, avant que j’entre dans la ville ; je leur donnerai mon cachet, et ce que j’ai promis, je le tiendrai avec exactitude ».
Ces promesses ne seront plus respectées que celles faites aux gens d’Alger, au début de l’occupation, sept ans plus tôt.
Suite à ce message, le bey de Constantine, envoie une réponse pour tenter de signer un accord de paix, mais pour les français, la condition est que les portes leur soient ouvertes. S’ils ont à les forcer, aucune paix ne peut être signée. Les dès sont jetés.
Le 12, la brèche est élargie. Les contingents de musulmans stationnés à l’extérieur de la ville et qui tentent plusieurs attaques considèrent la partie comme perdue. On les voit, en effet, cavaliers et fantassins, lever successivement leur camp et reprendre le chemin de la montagne.
Et le soir même, « à six heures du soir, le général fit connaître à l’armée que l’assaut serait donné le lendemain matin, et cette nouvelle fut accueillie par des acclamations générales. Chacun y vit, non seulement la revanche de l’échec de 1836, le couronnement des efforts et de l’abnégation déployés, mais aussi la fin de souffrances intolérables ; car on manquait de tout devant Constantine. Bien que la pluie eût cessé, la situation de ces malheureux, couchant depuis tant de jours dans la boue, portant les vêtements qu’ils avaient pris à Medjez-Ammar, à peine nourris d’aliments détestables, était des plus tristes. Les chevaux, auxquels nulle ration n’avait été donnée depuis trois jours, tombaient d’épuisement ou se jetaient sur tout ce qu’ils pouvaient atteindre. Enfin les munitions d’artillerie étaient presque épuisées Qu’aurait été une retraite dans ces conditions ? Il fallait, à tout prix, prendre la ville qu’on savait remplie de vivres. » (Ernest Mercier)
Le 13 au matin, trois colonnes fortes d’un millier d’hommes donnent l’assaut. La première colonne d’attaque française fut formée par un bataillon de Zouaves, deux compagnies du 2 léger, la compagnie franche et une partie du génie sous le commandement du colonel léger et du 47 de ligne, des tirailleurs d’Afrique et de la légion étrangère. Le colonel Combe, qui la commandait, arriva devant la brèche au moment où les Zouaves demandaient des échelles. » (Ernest Mercier)
Au moment de l’assaut, la ville compte 6000 défenseurs. Mais ils ne résistent pas longtemps, ils sont forcés battre en retraite pour assurer leur retraite vers la Casbah et une issue en dehors de la ville.
Pour occuper Constantine, l’ennemi doit prendre rue par rue, maison par maison. On se bat au corps à corps, au sabre, à la baïonnette, au couteau. Les cadavres jonchent les rues
Pendant l’assaut, écrit Galibert, « une partie de la population avait tenté de fuir par les côtés de la ville non exposés à nos coups ; mais un grand nombre de ces malheureux se brisèrent sur les rochers escarpés qui ceignent Constantine, et d’où ils ne pouvaient descendre qu’au moyen de longues cordes que leur poids faisait rompre. Nos soldats furent saisis d’horreur lorsque plongeant leurs regards dans le fond de ces abîmes, ils virent cette multitude d’hommes, de femmes et d’enfants écrasés, mutilés, entassés les uns sur les autres, et se débattant encore dans les angoisses d’une douloureuse agonie. »
« On enfonce la porte, on se précipite dans les cours, dans les escaliers, sur les terrasses, dans les chambres… Quelle scène, frère, quel carnage, le sang faisait nappe sur les marches… Pas un cri de plainte n’échappait aux mourants ; on donnait la mort ou on la recevait avec cette rage du désespoir qui serre les dents et renvoie les cris au fond de l’âme… Les Turcs cherchaient peu à se sauver, et ceux qui se retiraient profitaient de tous les accidents de murs pour faire feu sur nous… J’ai vu là bien des morts, j’ai fixé bien de ces terribles et poétiques figures de mourants qui me rappelaient le beau tableau de la bataille d’Austerlitz. » (Saint Arnaud)
Vers Neuf heures, le drapeau français est hissé sur le rocher, remplaçant le drapeau rouge.
Alors que le Bey Ahmed s’enfuit pour se réfugier dans les tribus du Sud, l’ennemi pille la ville durant trois jours.
« A la Casbah, un autre spectacle m’attendait… Les détachements armés des différentes colonnes commençaient à y arriver… Mais le pillage aussi avait commencé et expliquait comment si peu de soldats se trouvaient à la Casbah. Le général Rulhières y arriva vers midi ; il criait beaucoup après les pillards, menaçait de prendre les mesures les plus sévères, mais rien n’arrêtait le soldat ; il était victorieux, il avait beaucoup souffert, il avait acheté sa conquête au prix de son sang, il y aurait eu folie à vouloir l’arrêter. Le pillage, exercé d’abord par les soldats, s’étendit ensuite aux officiers, et quand on évacua Constantine, il s’est trouvé, comme toujours, que la part la plus riche et la plus abondante était échue à la tête de l’armée et aux officiers de l’état-major… Je ne m’appesantirai pas davantage sur ces scènes le pillage et de désordre ; elles ont duré trois jours. Jetons un voile épais et ne ternissons pas notre gloire et nos souvenirs.» (Saint Arnaud)
Zineb Merzouk
Sources :
  1. « L’Algérie Ancienne et Moderne depuis les premiers établissements des Carthaginois jusqu’à l’expédition du général Randon en 1853 » M. Léon Galibert, pp. 490 et 491. Furne et Cie, libraires-Editeurs (1861)
  2. « Les deux sièges de Constantine (1836-1837) » Ernest Mercier, imp. Poulet (Constantine), 1896
  3. « Recueils de documents sur l’expédition et la prise de Constantine par les français en 1837 » J. Corréard, éditeur d’ouvrages militaires (1838)
  4. « Les deux sièges de Constantine. Deuxième siège-1837. » (Lettre décrivant l’assaut du 13 octobre 1837) Narration du Maréchal de Saint Arnaud (In algerie-ancienne.com)
  5. Illustration : « Combat dans la Grande rue de Constantine le 13 octobre 1837« , Denis-Auguste-Marie RAFFET


Commentaires Facebook

7 commentaires


L’équipe Babzman est composée de spécialistes, amoureux de la culture Algérienne sous toutes ses formes. Qu’ils soient passionnés d’art, d’histoire ou encore de patrimoine, ces contributeurs de tout horizon, vous offrent un voyage dans le temps, à la découverte de l’Algérie millénaire.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *
To Top

Nejd

Nejd superposé sur les divisions politiques modernes de l'Arabie saoudite
Coupe transversale Nejd et du Hedjaz
Le Nejd ou Nedjed (نجد) est une région du centre de l'Arabie saoudite.
Étymologiquement, najd signifie « haut plateau » en arabe.

Géographie

Le Nejd est un plateau situé entre 762 et 1 525 mètres d'altitude. La partie orientale comprend plusieurs villages établis sur des oasis, tandis que le reste du plateau est occupé par des Bédouins nomades.

Histoire

Mohammed Ibn Saoud éclipse définitivement le clan rival Al Watban en 1727 et, grâce à son alliance avec le prédicateur Mohammed ben Abdelwahhab, fait du Nejd le centre du premier État saoudien en 1744.
L'Empire ottoman reprend le contrôle de la région en 1818, qui est finalement reprise par Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud entre 1899 et 1912. En 1932, le Nejd devient une province du nouveau royaume saoudien.

Articles connexes


  • Portail de l’Arabie saoudite

Ibn Ziad

Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Ibn Ziad (homonymie).
Ibn Ziad
Noms
Nom arabe ابن زياد
Administration
Pays Drapeau de l'Algérie Algérie
Wilaya Constantine
Daïra Ibn Ziad
Code postal 25240
Code ONS 2512
Démographie
Population 18 861 hab. (20081)
Densité 125 hab./km2
Géographie
Coordonnées 36° 22′ 45″ nord, 6° 28′ 19″ est
Altitude Min. 468 m
Max. 468 m
Superficie 150,77 km2
Localisation
Localisation de la commune dans la wilaya de Constantine.
Localisation de la commune dans la wilaya de Constantine.
Géolocalisation sur la carte : Algérie
Voir la carte topographique d'Algérie
City locator 14.svg
Ibn Ziad
Ibn-Ziad (Anciennement Rouffach pendant la colonisation française) est une commune de la wilaya de Constantine en Algérie. Elle est une daïra (sous-préfecture) de la wilaya (préfecture) de Constantine.

Sommaire


Géographie

La ville est située au nord-ouest de Constantine, elle est construite sur pente et abreuvée par une source naturelle « al manbouê ». Elle se trouve à quelques centaines de mètres du pied du mont Cheikh Zouaoui, berceau de culture de blé dur et de plantes maraîchères (melon, pastèque, tomate, aubergine, pomme, poire, etc.).

Histoire

Rouffach avait été construit par des colons alsaciens originaires de Rouffach en Alsace.

Patrimoine

La montagne Djebel Zouaoui est situé à 1266 mètres d'altitude renferme des sites qui ont fait le bonheur des spéléologues, un temps où des grottes étaient visitées par le club de spéléologie de Constantine et des spécialiste allemands et français, telle Ghar Adhbar qui fait près de 11 km et débouche sur Ouled-Rahmoun où seule une équipe allemande a réussi à la traverser de part en part. La région garde des vestiges romains.


CONSTRUIRE LA PAIX. Étienne Huc a attendu d’avoir 77 ans pour raconter dans Lettre à Bendjebel (1) le traumatisme de ses vingt-huit mois de jeune appelé pendant la guerre d’Algérie.

Étienne Huc
Ancien instituteur, auteur
Étienne Huc a fait parti des jeunes appelés pendant la guerre d’Algérie./M. Verdier
Étienne Huc a fait parti des jeunes appelés pendant la guerre d’Algérie. / M. Verdier
Ce qui s’était vraiment passé en Algérie de 1954 à 1962 ? « Je n’aimais pas en parler. Je ne voulais pas en parler. Et d’ailleurs personne n’avait envie d’écouter. Cela ne suscitait que des airs gênés. » En 1960, lorsque Étienne Huc revient, à 23 ans, dans son Lot-et-Garonne après six mois de classes et 22 mois passés en Algérie au beau milieu de la guerre, le mur du silence s’installe.
« Nous, les appelés, nous partions du principe qu’on ne nous comprenait pas, que nous venions d’une autre planète. » Pendant que dans son voisinage chacun continuait à ramasser des champignons et à participer aux fêtes votives, lui avait risqué sa vie de longues nuits sur une draisine – ce matériel roulant sur lequel il surveillait les rails de chemin de fer entre Constantine et Skikda (à l’époque Philippeville) pour empêcher le FLN d’y déposer des mines. Il pouvait à tout moment sauter sur un explosif ou tomber dans une embuscade tout aussi fatale. « Jamais je n’ai eu peur comme sur la draisine. »

« La guerre n’était pas une vraie guerre »

Sur sa fiche de vœux pour le service militaire, Étienne Huc avait coché la case « Outre-mer, Tahiti ». Il s’imaginait instituteur – il venait juste d’avoir son diplôme. Il fut affecté à l’infanterie coloniale, « un régiment semi-disciplinaire », en Algérie. Certes, en jeune appelé, on ne lui impose pas de participer aux « corvées de bois ». Mais c’est à l’étage au-dessus de sa tête que sont menés les interrogatoires des fellaghas arrêtés, pendant que lui assemble les photographies aériennes à l’office des renseignements (OR).
À lire aussi

« En France, la torture, les gens n’y croyaient pas, se souvient-il. On parlait des événements d’Algérie, la guerre n’était pas une vraie guerre. On était partis pour pacifier le pays. Un inspecteur de l’éducation nationale a lancé à un appelé instituteur de retour d’Algérie : Il est temps de te remettre au travail après tes deux ans de vacances. Mais 25 000 Français morts pendant la guerre, dix par jour, et combien d’Algériens (2), c’est pas une guerre ça ?  »
Lui qui se rêvait maquisard enfant a le sentiment de se retrouver du mauvais côté de la juste cause. « J’avais honte d’avoir participé à cette guerre. Et dire qu’elle aurait pu ne pas avoir lieu si on avait su écouter ceux qui savaient l’indépendance inéluctable. C’est si magnifique l’Algérie, si seulement j’avais pu m’y promener sans fusil. »

Le « cauchemar » d’une vie

De retour en France, longtemps il garde le réflexe de s’asseoir toujours face à la rue avec un angle de vue à 180° pour voir venir le danger. Il essaie de tirer le rideau sur « le cauchemar » de sa vie. Ne revoit aucun des appelés. Et ne parle pas. Pas même avec son frère aîné, pourtant un « rappelé » avant lui. Ni à son plus jeune frère, à l’époque adolescent, qui n’a rien su. Encore moins à sa mère – son père, lui, décède pendant qu’il est en Algérie.
À lire aussi

« Il n’était pas question qu’elle sache. Elle aurait tellement culpabilisé. Elle se serait accusée de m’avoir envoyé en Algérie.» Il est vrai qu’un voisin malveillant l’avait dénoncé comme « un mauvais fils » à la gendarmerie après que sa mère eut déploré qu’il s’était éloigné de la religion – ce qui lui valut d’être enrôlé dans la coloniale.

Un récit publié cinquante-cinq ans après son retour d’Algérie

Jamais non plus il n’a soufflé mot à ses enfants. « Mais j’avais quand même envie qu’ils sachent ce qu’était la guerre d’Algérie. » Céline, Michel et leurs enfants découvriront, émus, le récit de leur père et grand-père dans Lettre à Bendjebel paru en 2015, cinquante-cinq ans après son retour d’Algérie, grâce à un éditeur régional qui le pousse à prendre la plume. Bendjebel, « fils de la montagne », est un petit garçon, dont il ignore même le prénom, survivant d’une fusillade dans une grotte de fellaghas. Son père a été tué. Nul ne sait si sa mère a survécu à ses blessures ou à son interrogatoire.
Aujourd’hui encore, Étienne Huc rechigne à s’exprimer et craint ceux qui, tant d’années après, « continuent à camper sur leurs positions et n’admettent pas qu’ils se sont trompés ».

Marie Verdier                 

Ammar ibn Yasir



Un jour, Yasir b. Amer sortit de son Yémen natal pour aller à la recherche d'un frère disparu. Dans son voyage, il passa par la Mecque. Trouvant la cité accueillante, il s'installa puis il devint le client d'Abou Houdhayfa b. al-Moughira. Par la suite, il épousa Soumaya bint Khayat, une esclave appartenant à son protecteur mecquois. Et de ce mariage, les deux modestes époux eurent Ammar. Mais, dès que le message divin fut proclamé, le père, la mère et le fils se convertirent.
Etant donné qu'ils avaient été des musulmans de la première heure, ils durent tous les trois subir les pires sévices de la part des Qouraychites, en particulier les Banou Makhzoum. On les faisait sortir chaque jour au soleil brûlant pour les tortures sur le sable également brûlant. Le Messager , qui était impuissant à l'époque, allait chaque jour leur rendre visite et les encourager à résister. Une fois, Ammar l'appela : « Ô Messager de Dieu! les tortures nous sont Insupportables. » Le Messager lui dit alors : « Patience, Abou al-Yaqdhan ! patience, Ô famille de Yasir ! vous avez rendez-vous avec le Jardin. »
En outre, les compagnons de Qasir ont laissé des témoignages accablants sur ces tortures-là. Amrou b. al-Hakam : « On torturait Ammar à tel point qu'il n'avait pas conscience de ce qu'il disait. » Amrou b. Maymoun : « Les polythéistes torturaient Ammar avec le feu. Quand le Messager passait près de lui, il disait : « Ô feu, sois fraîcheur et salut sur Ammar comme tu l'as été sur Abraham. » Ses tortionnaires s'ingéniaient à lui faire goûter à tous les sévices. Ils le brûlaient avec le feu, le ligotaient solidement à un poteau tout exposé au soleil d'Arabie, l'étendaient sur les pierres chauffées, lui maintenaient la tête sous l'eau jusqu'à la limite de l'asphixie ou l'évanouissement.
Une fois, ils s'occupèrent de lui de la manière la plus odieuse, à tel point qu'il répéta malgré lui ce qu'eux ordonnèrent. Ils l'avaient obligé de dire du bien de leurs déités. Ammar en fut très affecté, après le départ de ses bourreaux. Que lui serait-il arrivé s'il n'avait pas vu le Prophète arriver ? Celui-ci se rapprocha de lui, lui essuya ses larmes et lui dit : « Les polythéistes t'ont tellement mis la tête sous l'eau que tu as dit telle chose et telle chose ? »
Ammar répondit, en pleurant : « Oui, ô Messager de Dieu. » Le Messager lui dit alors : « S'ils récidivent, dis-leur la même chose. » Puis, il lui récita à l'exception de qui est forcé et de qui le coeur resta imperturbable dans sa foi (s. 16, v. 106). Alors, Ammar se calma et gagna son âme ainsi que sa foi. Sa résistance se renforça ensuite, si bien que ses bourreaux s'avouèrent enfin vaincus.
* * *
Par la suite, les musulmans s'exilèrent à Médine. Là, Ammar occupa un haut rang dans la communauté musulmane. Le Messager qui l'aimait beaucoup, le vantait pour sa foi et ses sacrifices : « Ammar est plein de foi jusqu'à la moelle ! » Quand il y eut un malentendu entre Khalid b. al-Walid, le Messager dit : « Celui qui est hostile à Ammar, eh bien! Dieu lui est hostile ; et celui qui haït Ammar, eh bien! Dieu le haït. »
En une autre occasion, le Messager avait aussi dit : « Ammar est la peau qui se situe entre mes yeux et mon nez! » Ammar b. Yasir participa en outre à toutes les expéditions menées par le Messager (Badr, Ouhoud, le Siège, Tabouk...), ainsi qu'à toutes les autres. Après la disparition du Messager , il fut toujours au premier rang de l'armée musulmane, contre les rénégats, les Perses, les Byzantins. C'était un soldat courageux et fidèle, ainsi qu'un croyant craignant toujours Dieu. Quand le khalife Omar voulut désigner un gouverneur pour al-Koufa, il choisit Ammar b. Yasir. Dans une lettre envoyée aux habitants d'al-Koufa, Omar dit : « Je vous envoie Ammar b. Yasir en tant qu'émir et Ibn Masaoud en tant qu'enseignant et vizir. Ce sont parmi les excellents, ce sont des compagnons de Mohammad, des Badrites. »
A son poste de gouverneur, Ammar ne changea pas. Il ne fut pas attiré par les biens matériels ou par le poste qu'il occupait. Il était resté toujours le même. Ibn Abou al-Houdhayl dit de lui : « J'ai vu Ammar b. Yasir pendant qu'il était émir d'al-Koufa. Il achetait la citrouille, la prenait sur son épaule et rentrait chez lui. » En outre, un habitant d'al-Koufa l'appela avec moquerie, en lui disant : « Toi qui as l'oreille coupée! » Ammar lui répondit en tant que citoyen, et non en tant que gouverneur : « Tu viens d'insulter la meilleure de mes oreilles. Elle a été touchée sur le chemin de Dieu. »
Oui, Ammar avait eu l'oreille mutilée lors de la bataille d'al-Yamama qui avait opposé les musulmans à l'armée de l'imposteur Mousaylima.
* * *
Sur son lit de mort, Houdhayfa b. al-Yaman eut cette question de la part de ses compagnons : « Qui nous recommandes-tu, si les gens se divisent ? » Il leur dit : « Je vous recommande Ibn Soumaya. Il ne se séparera jamais du Vrai. » Ibn Soumaya est évidemment Ammar. Mais, bien avant ce témoignage de Houdhayfa, le Messager avait dit cette prophétie : « Ammar sera tué par le groupe injuste. » Ce groupe était le parti de Mouâwiya.
Ce dernier refusa de donner allégence à Ali b. Abou Talib, après l'assassinat de Othman, tant que ce dernier n'aura pas vengé le Calife martyr. Ammar b. Yasir, qui ne se séparait jamais du Vrai, se rangea aux côtés de l'Emir Ali. Ali en fut sûrement content, et raffermi davantage qu'il était dans le Vrai, puisqu'il reçut le soutien de Ammar, le compagnon inséparable du Vrai. Puis, le jour redouté de la bataille de Siflin arriva.
Le Calife Ali devait faire face à la scission dangereuse menée par Mouâwiya b. Abou Soufyan. Ammar, alors âgé de 93 ans, sortit dans l'armée d'Ali. Avant la bataille, il s'adressa aux combattants : « Marchons contre ces gens-là qui prétendent venger Othman. Je jure par Dieu que leur but n'est pas de le venger. Au contraire, ils ont goûté à l'ici-bas qu'ils voient désormais inégalable et ils ont bien su que le Vrai est une barrière entre eux et les passions où ils se vautrent... Ces gens-là n'ont pas quelque antécédance en Islam pour qu'ils méritent l'obéissance de la part des musulmans ou la direction de leurs affaires communes. Encore que leurs coeurs n'ont pas connu la crainte de Dieu pour qu'ils suivent le Vrai. Ils trompent les gens en prétendant qu'ils veulent venger le sang de Othman, alors qu'il veulent devenir des tyrans et des monarques. »
Puis il prit l'étendard si haut au-dessus des têtes et dit à l'adresse des gens : « Par celui qui détient mon âme! j'ai combattu avec le Messager de Dieu sous cet étendard et sous ce même étendard je combattrai aujourd'hui. Par celui qui détient mon âme! même s'ils nous battent je sais toujours que nous sommes dans le Vrai et eux dans le faux. »
Puis, il s'engagea dans le champ de bataille, allant à son destin. Peut-être qu'à ce moment il se rappela la prophétie du Messager : « Ammar sera tué par le groupement oppresseur. » C'est pourquoi il disait à voix haute, sur le champ de bataille : « Aujourd'hui je rencontrerai les bien-aimés Mohammad et ses compagnons! »
En allant à l'assaut de l'endroit occupé par Mouâwiya et sa garde, il disait à voix haute, en parlant du message divin : Hier pour sa descente Nous vous avons combattu, Aujourd'hui pour son interprétation Nous vous combattons aussi. » Les partisans de Mouâwiya essayèrent d'éviter Ammar pour ne pas le tuer afin de ne pas confirmer la prophétie du Messager . Mais Ammar ne leur laissa pas le choix... Ainsi Ammar b. Yasir mourut sur le chemin de Dieu.
Après son enterrement par Ali, les compagnons de la première heure se rappelèrent cette parole du Messager : « Le Jardin a tant envie d'accueillir Ammar. »